CHAPITRE CINQ : BELLONE ADVENIT

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Gabrielle

Mardi 03 Janvier

L'euphorie du moment est vite remplacée par l'agacement quand je sens que mon chemin ne se fera pas seul.

La présence de Mendoza est plus qu'étouffante. Et j'en veux à l'école d'être aussi vaste pour accueillir des enfants de la maternelle au lycée. J'en veux à mon père d'avoir inscrit Raphaël dans cette école. J'en veux aux Mendoza d'avoir inscrit Rita dans cette école. J'en veux à mon père de ne pas laisser mon frère aller à l'école seul. J'en veux à Mendoza d'avoir accompagné sa sœur ce jour-là. J'en veux à la terre entière finalement.

Je n'avais aucune envie, mais vraiment aucune. De me retrouver à faire le chemin, Mendoza me suivant à la trace. Ne cherchant aucunement à paraître invisible. Ou encore à se désintégrer dans une nuée de liquide noirâtre que pourrait représenter son âme.

Non, au lieu de ça, il marche à ma droite. Les mains dans les poches. Sifflotant nonchalamment comme si cette situation était voulue, comme si c'était normal. Or, rien de ceci n'est normal. Marcher sur le même trottoir que lui n'est pas normal. Respirer le même oxygène que lui non plus.

Ma rage est si intense que mon pas se fait raide, je marche rapidement. Et malheureusement, Mendoza n'a aucun mal à me suivre avec ses grandes jambes.

Une vibration me sort de ma frénésie. Je sors mon téléphone et soudain ma rage atteint un paroxysme nouveau. Je me souviens des messages de ce matin. Et de la volonté de nuire de mon assaillant. J'ai envie de le pousser sur la route au moment où un bus passe. Heureusement pour lui, je ne suis pas une meurtrière.

J'ouvre le message de mon frère. Me demandant si je vais bien. Et si j'ai besoin qu'il m'accompagne au travail. Je soupire devant sa manie à jouer au grand frère. Je n'ai aucunement besoin d'un chaperon et lui darde bien. Je l'invite également à aller en cours après avoir éteint son téléphone. En lui assurant que je lui enverrai un message durant sa pose. Lui prouvant que sa grande sœur si fragile n'est pas totalement sans défense.

Je me concentre ensuite sur la notification qui a fait vibrer mon téléphone pour la première fois. Un nouveau message de Bellone_Advenit. 

De Bellone_Advenit : Ton silence en dit bien plus que tu ne peux le penser petit ange.  Peut-être que tu devrais questionner ton nouveau coéquipier au sujet de cette vidéo.

Je relis le message plusieurs fois. Il me perturbe et remet en question bon nombre de mes suppositions concernant son expéditeur. Le surnom employé aurait pu m'orienter davantage sur la piste Mendoza. Cependant, ayant le nom d'un ange, on ne peut pas dire si ce surnom a réellement le même sens dans la bouche de Mendoza et de Bellone_Advenit. Si tenter qu'il ait eu un autre sens que de rappeler la position de mon homonyme pour l'un ou l'autre. Si tenté qu'ils soient deux personnes différentes. Bien que l'invitation de Bellone_Advenit enraye cette supposition. Pourquoi me demanderait-t-il de questionner Mendoza si c'était lui ?

Je n'ai qu'un moyen de le savoir. La confrontation. J'endigue toutes les tentatives d'annihilation de mon cerveau et stoppe mon pas. Mendoza ne tarde pas à faire de même. Il se tourne vers moi, le visage empreint d'impatience. Souhaitant sûrement que je continue mon chemin, cessant de lui faire perdre son temps précieux. Comme si faire ce chemin avec lui était anodin, courant. Comme si on faisait ça depuis toujours. Alors qu'il n'en est rien.

Prise d'un élan de rage, j'oublie la peur qui feint mon estomac face au garçon qui m'a causé tant de préjudices. Et tend mon téléphone devant ses yeux, dévoilant la conversation avec Bellone_Advenit.

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