CHAPITRE QUINZE : PERFECTION

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Gabrielle

Samedi 07 Janvier
8h30

Se faire réveiller à huit heures et demie par son réveil un samedi matin est une sensation affreuse. Sûrement pas la seule que j'aurai aujourd'hui.

La première pensée qui me vient en ouvrant les yeux ce matin. C'est l'idée de cette soirée. Pourquoi ai-je accepté ? Si facilement en plus. Zohra n'a même pas eu besoin de négocier tant que ça. Depuis quand suis-je si faible ?

Les mots de Mendoza résonnent en moi. Et j'ai terriblement envie de me rendormir. Je n'ai aucune envie d'affronter cette journée, enfin cette soirée. J'espère, je prie, j'implore que Mendoza ne soit pas présent.

Ken le déteste. Mais Yuri l'adore apparemment. Quelle fille du laboratoire ne l'aime pas ? Hedda vraisemblablement. On dirait qu'elle ne le porte pas spécialement dans son cœur. Enfin, disons qu'elle ne s'extasie pas devant sa présence. Ce qui est une piste à suivre. Peut-être que je lui demanderai ce soir.

Ça me donne une raison de sortir de mon lit et de commencer cette journée sur un objectif à atteindre. Demander à Hedda, pourquoi elle semble ne pas être au pied du maestro du laboratoire.

Ai-je déjà mentionné que je détestais ce surnom ?

Sauf quand Ken le dit. Parce que quand il l'utilise, c'est avec dégoût.

Le second objectif est de ne pas sauter sur Cesare Viretti. Je suis presque sûr d'avoir rêvé de lui cette nuit. De ses ondulations blondes, qui sont bouclées lorsqu'elles sont mouillées. De son sourire communicateur et ses yeux magnifiques.

Je sens que ce second objectif va être le plus compliqué à atteindre. Heureusement que nous nous voyons pour un cours, avec des enfants qui plus est. Rien n'arrivera, je connais trop son professionnalisme pour ça.

Penser à mon professeur m'a donné toute l'énergie dont j'avais besoin. Sans oublier la petite dose d'adrénaline qui va bien. Je me prépare rapidement. Je laisse mes cheveux voler à leur guise. Je les décoifferai avec le bonnet dans tous les cas.

Ce matin, je décide de me maquiller. Je cache un peu mes cernes et rehausses mes cils. Puis, orne mes joues de roses. Car on le remarquera moins si je rougis.

Face à mon armoire, je repense à ce que m'a dit Cesare pendant notre premier entrainement de boxe.

« C'est important d'être bien habillé pour jouer »

Puis, je décide de faire un effort.

Il fait trop froid pour une robe ou une jupe. J'opte donc pour mon ensemble blazer-pantalon noir oversize. Mon frère dit que je ressemble à un des pingouins de Madagascar quand je mets ça. Mais c'est la tenue la plus classe et la plus chaude que j'ai. J'enfile un pull simple de la même couleur en dessous. Et descend directement prendre mon petit déjeuner. Si je n'en prends pas la semaine. J'ai besoin de manger mes céréales le samedi matin. En dépend de l'appétit que je n'ai pas. Je me sers un bol et pars le déguster devant mon ordinateur, ouvert sur un dessin animé.

Bien que nous ne disposions pas de la télévision. J'ai pris l'habitude, à une époque, de regarder les dessins-animés le samedi matin. Et depuis, je n'ai plus dérogé à cette règle. Mon père refusant de se procurer une télévision. J'ai dû user de ruse. J'ai acheté un ordinateur. Et j'ai pu découvrir les joies du petit écran. Bien sûr, avant la télévision, j'avais vu des films. J'allais au cinéma. Ne pas avoir la télévision ne signifie pas, ne pas être cinéphile.

Mon père nous emmenait voir des films tous les dimanches. Si bien qu'on connaît tous les films culte et blockbuster niais. Même si nous n'avons pas le plaisir de revoir souvent des œuvres déjà vues et appréciées. Nous aimons toujours la magie de découvrir une histoire sur grand écran. Comme dit mon père : « Le cinéma est une passion qui se passe dans une salle obscure. » Cependant, la télévision est une mine de choses et d'émissions étrangement abrutissantes. Je ne parle pas des télécrochets de talent ou de cuisine. Mais bien des télé-réalités. Mettant en scène des jeunes adultes dans des endroits éloignés. Confinés dans une maison tous ensemble. C'est une étrange expérience sociale que d'enfermer des hommes et des femmes, plutôt gâtés par la nature et la chirurgie, dans un endroit. Et par les tortueux retors de l'émission, crée des situations cocasses, propices au rapprochement sexuellement explicite, ou aux embrouilles phénoménales, digne des marchés aux poissons.

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