CHAPITRE VINGT-QUATRE: PASTA ALLA BOLOGNESE

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Gabrielle

Mardi 10 Janvier

Il est pratiquement dix-neuf heures quand j'arrive chez moi. Il me reste une heure pour me préparer, ce qui est largement suffisant. Sauf si mon petit frère se décide à venir me retarder. Ce qu'évidemment, il fait.

- Pourquoi tu te prépares ? Me demande-t-il alors qu'il est adossé au chambranle de ma porte.

- Je ne mange pas ici ce soir.

- Et cette robe, c'est pour aller au McDo du coin bien sûr.

Je roule des yeux et observe son reflet à travers mon miroir.

- Tu peux pas faire le grand frère protecteur avec moi.

- Vraiment ? Il soulève un sourcil et croise ses bras sur son torse. Quand j'aurai fini de muer, qu'on m'aura enlevé ce chemin de fer et que j'aurai des poils au menton, on en reparlera.

J'essaie d'imaginer Raphaël avec quelques années de plus. Et je ne peux réfuter qu'il pourra se faire aisément passer pour le plus vieux d'ici peu. Il me dépasse déjà d'une tête, mais son visage encore poupin laisse deviner son jeune âge. Heureusement pour moi.

- Tu seras toujours un petit bébé pour moi.

Il fait une grimace de dégoût qui me fait franchement rire.

- Me dis pas que tu te fais belle comme ça pour ton prof de violon ?

- Tu me trouves belle ? Demandais-je en me tournant vers lui, plus dans l'optique de changer de discussion.

Il roule des yeux et entre franchement dans ma chambre avant de s'installer sur mon lit.

- Met le dans ton lit une bonne fois pour toutes qu'on en parle plus.

J'ouvre la bouche, outrée par ce qu'il vient de dire. Je lui jette un tee-shirt qui traîne sur ma coiffeuse. Il rit à gorge déployée.

- Je rigole. Si je le trouve ici demain matin, je lui coupe la bite.

Je lui lance un deuxième objet pour lui réprimander sa façon de parler. Et il évite ma brosse hilare.

- Tu me prends pour qui ?

- Pour une fille de vingt-et-un an normale à vrai dire. Dans les séries, elles sont moins sages que toi.

- Papa avait raison d'interdire la télé. Tu es complètement abruti par ces programmes.

- Non, je pense que c'est vraiment toi qui n'es pas normale.

Je lève les yeux et continuant de me maquiller en l'écoutant m'étaler à quel point je ne m'amuse pas assez pour mon âge. Il me dit que quand il aura vingt ans, il sortira tout le temps et qu'il compte bien profiter de sa jeunesse. Je m'ajoute en rappel mental de bien mentionner à mon père de le garder sous clef jusqu'à ses dix-huit ans minimums. Il a une vision bien débauchée de la jeunesse qui ne présage rien de bon.

- Bon sors, je dois m'habiller.

Je le tire de mon lit alors qui n'a pas encore terminé de me raconter ce qu'il prévoit de faire pour ses quinze ans. Une énorme fête dans la maison, regroupant tous ses amis. Bien sûr, il peut toujours rêver. Mon père n'autorisera jamais ça.

Après cinq bonnes minutes de débat. Je réussis enfin à le faire sortir de ma chambre. Et je n'ai pas le temps d'enfiler ma robe que déjà, j'entends un moteur ronronner dehors. Je jette un rapide coup d'œil par la fenêtre et reconnais la voiture de mon professeur. Je me presse alors. J'enfile ma robe, retouche rapidement mon maquillage et mes cheveux, et je n'oublie pas d'appliquer du rouge à lèvre. Parce que même si je veux jouer à la séduction. Laisser mes lèvres nues serait un appel au baiser. Or, je veux le faire languir un peu.

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