Gabrielle
Mercredi 11 Janvier
Contrairement à la veille, ce matin, quand mon réveil sonne sur la musique all star, je rêve de jeter mon téléphone à travers ma chambre.
Je n'ai pas envie de me réveiller. Un jour de plus, signifie un de moins à passer avec Cesare.
Je suis véritablement heureuse, sa carrière atteint des sommets. Qui, pratiquant cet instrument, ne rêve pas d'être premier violon de l'orchestre philharmonique de Berlin ? C'est simple, si quelqu'un ne rêve pas de ça, c'est qu'il préfère celui de Vienne.
Mais malgré tout, j'ai ce sentiment égoïste de vouloir le garder auprès de moi.
Sa présence me rassure, me fait du bien. Il me fait rire, il m'apprend des choses, il a énormément de sujets de conversation. Il me fait évacuer ma colère, devait m'apprendre à me défendre.
Il me rend égoïste. Parce que j'aurai pu m'y tenter. J'aurai pu entamer une relation avec lui. Même si je sais que j'aurai fini par tout gâcher avec ma vie merdique. J'aurai pu, ça semble si simple de se laisser aller dans ses bras.
C'est le cœur hagard que je me lève. Je ne prends pas le temps de me maquiller. Je passe juste un coup d'eau sur mon visage et mets ma crème. Je m'habille d'un jean et d'un sweat à capuche noir. Comme mon humeur. J'attache mes cheveux lâchement et descends.
Je n'ai aucun appétit. Je n'en ai déjà pas habituellement le matin. Aujourd'hui, c'est pire. J'ai la nausée. Je suis épuisée. L'idée de devoir supporter Mendoza m'enlève toute envie de partir. Sans compter le froid polaire extérieur.
Mais j'ai besoin de sortir. De me faire frapper par l'air glacial. Me rappeler que ce n'est pas si grave. Depuis quand je me mets dans de tels états pour un garçon ? J'ai envie de me gifler.
- Tu pars déjà ? M'interpelle mon frère, depuis la cuisine.
- J'ai besoin de marcher.
J'enfile mon bonnet et ferme la porte derrière moi. Je n'entends même pas la chaise du bar s'écrouler par terre quand mon frère en saute pour me rejoindre, je n'entends pas la porte s'ouvrir à la volée, directement après que je l'ai fermé. Il attrape mon bras, je me tourne vers lui mollement. Je suis frappé par son œil bleu, si inquiet. Je revois ma mère à sa place et je manque de m'écrouler.
- Qu'est-ce que t'as, Gabrielle ?
Sa voix me rappelle qu'il n'est pas ma mère. Et j'observe son autre œil. Puis lui.
Il est en claquette dehors. Il ne semble pas avoir froid. Au contraire. L'inquiétude se fait remplacer par la colère. Sa mâchoire se contracte et ses yeux se plissent. Il paraît plus vieux, plus intimidant.
- Si ce connard t'a fait quelque chose, tu dois me le dire, sa voix se fait dure.
Et il serre le poing qui ne tient pas mon bras.
Je me tourne totalement vers lui. Retire doucement mon bras de mon emprise. Et pose mes deux mains sur ses épaules. Il est si grand.
- Raphaël, t'inquiètes pas pour moi. Il n'a rien fait, je te le promets. J'ai juste besoin de marcher.
Il semble croire ce que je lui dis, ses épaules s'affaissent et je le sers dans mes bras.
Les démonstrations d'affection sont assez rares entre nous. Mais à cette heure-ci on en avait besoin. Autant lui que moi.
Je finis par le lâcher et l'inviter à rentrer avant qu'il n'attrape froid.
Ça me fait du bien de marcher. J'avance rapidement. Je ne laisse pas l'angoisse dévorer mon estomac. J'oublie la peine que le futur départ de Cesare produit en moi.
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Storie d'amoreGabrielle a vécu des épreuves terribles. Eden a fait vivre des épreuves terribles. Tout est lié, tout a une raison. " - Ne pleure pas déjà mon ange, je t'ai promis que je ne te ferais pas pleurer. - J'ai espéré, vraiment, j'a...