CHAPITRE DEUX : NOSTALGIE ET RANCOEUR

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Gabrielle

Lundi 02 Janvier

La route est longue et silencieuse. La musique réussit à adoucir mon humeur, elle a toujours réussi. Je peux tout reprocher à Mendoza, mais certainement pas ses goûts musicaux qui sont extrêmement similaires aux miens. Il a opté pour une playlist violon, comme je les aime. Il savait qu'il ne pouvait pas mieux choisir. Et cela m'agace encore plus qu'il sache de telles choses sur moi. Cependant, j'oublie ses tactiques pour m'amadouer et apprécie juste la musique. Laissant la douceur du morceau m'emporter très loin de lui. Je ne tarde pas à sentir mon esprit sombrer et lentement, je m'en vais dans les bras de Morphée.

Je n'étais pourtant pas spécialement fatiguée. Mais le trop-plein d'émotions de la matinée a achevé mon esprit. J'ai tenté tellement fort de ne pas exploser de rage, je n'avais pas remarqué que toute mon énergie matinale avait été pompée de la sorte.

Fort heureusement, mon sommeil fut sans rêve, et je me réveille lorsque la voiture se stoppe enfin. Nous sommes arrivés. Il est 11h45, on a mis 2h30 sur la route. Que ce fut long, et le retour sera sans doute pareil, j'en trépigne d'impatience.

-        Bien dormis ? Me demande Mendoza en écrivant un message sur son téléphone.

Je ne réponds pas, il n'a pas besoin de savoir comment s'est passé ma sieste après tout.

-        J'imagine que oui, vu comment tu as ronflé.

-        Je ne ronfle pas ! répondis-je outrée.

Il rigole, dévoilant encore sa fossette. Visiblement il se moque de moi, me taquine, c'est tellement différent d'avant, je ne vois pas d'attaque, pas d'envie d'humiliation, juste une taquinerie anodine.

-        Ne te moque pas de moi, je sais que je ne ronfle pas.

-        Bien entendu, La belle au bois dormant.

Je l'observe incrédule, contrairement à toute la matinée, je ne ressens pas une haine viscérale. Je ne dirais pas que je ressens de la sympathie, bien loin de là. Simplement, ne pas être acculée par la rancœur à l'instant présent fait du bien, comme si les blessures du passé n'étaient plus aussi à vif. Bien qu'être dans un endroit si exigu avec lui soit dérangeant, je n'ai pas peur. Le sommeil m'a fait du bien.

-        Bon, tu viens, on a des échantillons à récupérer.

Mendoza me présente au personnel de l'hôpital, on rencontre le médecin de la patiente décédée. Je comprends rapidement que les travaux du professeur Sielb sont d'une importance primordiale pour eux. Plus qu'une avancée scientifique, cela pourrait changer totalement la manière de traiter le cancer. Je ne peux que trouver cela d'autant plus intéressant. Le docteur nous montre les scanners de la patiente, c'est sans appel, le traitement fonctionne. Bien que tout ne soit pas encore parfait, il y a de belles choses à prévoir. Je me sens surexcitée. Et je me déteste de me sentir aussi investie alors que je ne serais pas sur ce projet.

Je tente de réprimer mes interrogations, mais c'est impossible. Rapidement, j'assaille le médecin de question et je vois du coin de l'œil, Mendoza qui sourit. Il a l'air satisfait de me voir si engagée. J'en apprends plus sur le traitement qui cible les métastases. Celui-ci se concentre sur le matériel génétique des cellules et leurs complexités. C'est tout bonnement fascinant.

Après une heure de questions et d'approfondissement, nous repartons les cellules au frais dans une glacière. Je me sens particulièrement bien, dans mon élément. Ce projet est captivant et promet d'être palpitant. Je suis heureuse, je souris ravis.

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