CHAPITRE DIX-NEUF : UN DINER OU UNE CONFRONTATION ?

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Gabrielle

Dimanche 08 Janvier

Après m'être confondu en excuse, je me permets d'observer la femme qui se trouve devant moi, elle est jeune, la trentaine peut-être. Des cheveux chocolat lui tombant sur ses épaules, vêtues d'un simple débardeur, dévoilant sa poitrine plus que généreuse, et visiblement fausse, la gravité a plus d'effet que ça sur l'homme. Ses jambes étonnamment longues sont vêtues d'un short en cuir très sexy, que jamais, je ne me risquerais à porter. Et elle a toujours ses cuissardes à talon aux pieds. Alors que je suis sûr que tous les Mendozas retirent leurs chaussures pour entrer dans la maison. Je tombe enfin sur son visage, un visage fatigué et usé, cerné par la fatigue, et abimée par le maquillage qui a sûrement dû être oublié d'enlever plusieurs fois. Ses lèvres sont pulpeuses, et sûrement sous injections. Elle a les pommettes saillantes et les sourcils liftés.

- Je croyais t'avoir demandé de pas ramener tes salopes à la maison, braille- t-elle avant de prendre une cigarette et de l'allumer en poursuivant, maudit gamin.

Enfin, je tombe sur ses yeux, ses énormes yeux qui prennent presque la moitié de son visage, surmonté de cils étonnamment longs, les mêmes que Rita, à la différence seule de la couleur. Ses pupilles rencontrent les miennes, d'un brun profond et remplis des ténèbres, bien p  ou us similaire à ceux d'Eden que ceux de sa fille. D'abord j'aperçois l'indifférence, puis la surprise, elle écarquille son regard une demi seconde et se reprend.

- Oh ! Je l'entends dire en ne sachant pas si je l'ai inventé.

Cette dame m'observe, ne me quitte pas des yeux, déviant du gauche au droit, sans jamais ciller. Bientôt, je sens la présence de Mendoza derrière moi, et je ne saurai dire si je suis ravie ou horrifiée d'être rassuré.

- Désolé Yelena, c'est la nounou, elle voulait...

- C'est elle, n'est-ce-pas ? Le coupe la dénommée Yelena.

J'entends Eden déglutir dans mon dos, et je ne parviens pas à savoir comment interpréter ce qu'il se passe devant moi.

Je n'ai pas le temps de laisser mon cerveau digérer, que rapidement Mendoza m'empoigne le bras et me tire loin de ce que je pense être sa belle-mère.

- Les yeux d'un ange, je l'entends murmurer sans être sûr, avant qu'Eden me fasse entrer dans une pièce que je reconnais immédiatement par l'odeur, et ferme la porte.

Je reste tétanisée, impossible de bouger, impossible de cligner des yeux, quand je découvre, ou redécouvre, sa chambre. Si jadis, elle était en bazar, avec un lit mezzanine où siégeait son bureau en dessous. Si avant il y avait des centaines de partitions, affiches de concert de groupe de rock ou de rappeur, accompagner de photo de violon décortiqué et des photos de lui et ses amis, de nous. Aujourd'hui, sa chambre est beaucoup plus impersonnelle. Un grand lit siège au milieu de la pièce, étonnement, il est fait, deux tables de nuit de chaque côté avec une lumière de chevet chacune. Son bureau, à l'inverse du reste de sa chambre, est envahi de papier et autres bouquins. Ses murs, autrefois bariolés, sont vides, plus aucune affiche, plus aucune photo, rien. Je remarque seulement une photo de Rita sur sa commode, où se trouve également ses montres et parfums. Je reconnais la bouteille de celui qu'il portait avant, celui qui m'a enivré toute la journée. J'aperçois la porte de sa salle de bain ouverte, et enfin, je comprends pourquoi il m'a ramené ici.

- Va s'y, m'encourage-t-il.

Il semble à bout de souffle, mais en même temps totalement maître de ses émotions. Je ne sais absolument pas comment prendre cet homme. Il a été si normal aujourd'hui, zéro remarque acerbe, zéro coup bas, rien. Juste des rires et de la bonne humeur. En la présence de Rita, il rehausse un masque totalement différent, agréable, marrant, touchant. C'est si décevant de savoir que ce n'est pas son vrai visage.

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