CHAPITRE VINGT-DEUX : PASSÉ SOMBRE

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Gabrielle

Lundi 09 Janvier

En ce premier jour de la semaine, le jour le plus déprimant. Je  m'évertue à éviter mon coéquipier. Je ne l'ai pas croisé de la matinée  alors que je m'en vais déjeuner. Et j'en suis ravie, si je peux l'éviter  toute la journée, ce serait encore mieux.

Cependant, une chose  que je ne pourrais pas éviter, c'est bien l'interrogatoire des filles.  Et comme je ne suis pas une personne chanceuse, il se trouve qu'elles  sont toutes les deux attablées avec Hedda. Je sais que je ne pourrais  pas échapper à leur question. C'est avec un minimum d'aplomb pour  affronter la suite que je m'installe à table.

- Tiens, tiens, madame la cachotière, m'accueille Yuri avec espièglerie.

- De quoi tu parles ? Je demande avec détachement en soufflant sur la soupe chaude.

- Tu ne nous avais pas dit que tu étais proche de ton partenaire.

Sa  voix part dans des aiguë exagérée et elle glousse comme une adolescente  prépubère. Son excitation face à ce qu'elle pense savoir est  affligeante.

- Parce que je ne le suis pas.

- Menteuse, j'ai tout vu, intervient Zohra avec détermination.

-  Et qu'est-ce que tu as vu au juste ? Demande Yuri alors qu'elle connaît  déjà la réponse, c'est juste pour faire tourner le couteau dans la  plais.

- J'ai vu, un homme et une femme. Très très très proche.  Dans une chambre. Qui sait ce qui aurait pu se passer si je n'étais pas  entrée ?

Son regard lubrique me met mal à l'aise. Et je crève  d'envie de lui dire que ce n'est pas ce qu'elle pense. J'ai envie de lui  avouer qu'il ne faisait qu'asseoir son pouvoir sur moi. Comme à son  habitude. Que nous n'étions pas du tout dans un moment charnel. Bien au  contraire, il me torturait.

Mais je ne peux définitivement pas dire ça.

- Vraiment ? Qui ça ?

Jouer l'imbécile, ce que je fais le mieux.

Zohra  et Yuri roulent des yeux à l'unisson. Hedda quant à elle est toujours  concentrée dans le livre qu'elle lit depuis le début.

- Arrête de faire l'idiote, s'impatiente Yuri en me secouant légèrement le bras. Raconte-nous !

Je soupire, elles ne vont jamais me laisser tranquille.

- Il n'y a absolument rien à raconter les filles. C'est juste mon coéquipier.

-  Ton coéquipier dans quoi exactement ? Parce que vous aviez l'air  vachement impliqué dans ce que vous faisiez, intervient Zohra.

- Tu ne sais pas ce que tu as vu, je tente.

- Je ne bois pas d'alcool. Je sais ce que j'ai vu.

- Il faisait sombre.

- Pas assez.

- Il n'y a vraiment rien, je soupire.

Les filles se lancent un regard. Elles semblent se renfrogner en même temps et recommencent à manger leur plat.

J'ai gagné une bataille. Mais sûrement pas la guerre.

-  Y a un abruti qui nous a offert des sous-vêtements accordés, raconte  Yuri en énumérant les cadeaux qu'elle et son frère ont reçus. Faut être  tordu pour faire ça.

- C'est sûrement Jacob, commente Zohra.

- De quoi ?

Je  sursaute, je ne m'attendais pas à entendre la voix grave de Jacob  derrière moi. C'est une habitude chez eux d'apparaître comme par magie ?

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