CHAPITRE VINGT-SIX : GLADIATRICE EN ROBE ROUGE

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Gabrielle

Mercredi 11 Janvier 

Comme ce matin, je rentre chez moi à pied. Lorsque j'arrive devant mon palier. J'ai décidé de laisser tous mes soucis derrière moi. Je ne penserais pas à Cesare, ni à cette soirée qui s'annonce chaotique. Ni au comportement plus que déplacé de Mendoza. Non, j'ai décidé de laisser tout ça dehors et de juste profiter d'une soirée de répit.

Je grimpe directement dans ma salle de bain. Et avale un comprimé pour endiguer la migraine qui tend doucement mes cervicales. Puis je m'installe dans mon lit et continu ma lecture du moment.

Je me laisse emporter par le récit dystopique. Les héros de cette histoire doivent combattre à l'aide de pouvoirs obtenus par la modification génétique. Le gouvernement contrôle tout le monde. Dans cette société, aucun droit n'est autorisé. Et la vie de chacun et régis par les maîtres des états.

Étrangement, la similitude avec ma situation. Le fait d'être obligé de répondre à un contrat. Celui-ci qui est complètement injuste. Géré par celui qui s'autoproclame au plein pouvoir. Qu'est-ce que j'aimerais moi aussi avoir le don d'arrêter ça. D'arrêter cette éternelle oppression.

Seulement, le seul pouvoir que je possède est celui d'oublier pendant un temps.

Et c'est ce que je fais. Je continue de lire, en omettant mon cerveau qui ne cesse de faire des rapprochements.

Pris en haleine dans le récit, je ne vois pas le temps passer. Et je sursaute quand j'entends la voix de mon frère qui hurle mon nom depuis la cuisine.

Il m'a appelé durant un moment chargé de tension. C'est donc en soupirant que je ferme le livre et descend dîner.

Mon frère et mon père sont déjà installés quand j'arrive. Le repas se déroule dans un premier temps dans le silence. Seuls les bruits des couverts sur les assiettes viennent perturber la quiétude de l'instant. Jusqu'à ce que mon frère amorce une bombe.

- J'ai vu Rita aujourd'hui, j'arrête de lâcher ma nourrice et tend l'oreille, je le sens mal. Elle m'a dit pourquoi elle pleurait hier quand on est arrivés devant l'école.

Sa voix est teintée de jugement. Et je vois mon père tiquer à la mention de Rita. Il n'est pas sans connaître la relation que j'entretiens avec Mendoza. Il ne sait pas tout. Loin de là.

Mais il sait qu'il était mon ami, qu'il m'a ensuite harcelé. Qu'il est la cause de ma descente aux enfers. Et enfin, il est au courant qu'il est mon partenaire.

Je dois dire que sa réaction quand je lui ai annoncé m'a paru plutôt calme :

- Papa, j'ai besoin de te parler.

Il posa son journal avant de tapoter la place sur le canapé à côté de lui.

Je me suis assise, stressée. Je ne savais pas comment aller prendre mon père le fait que je travaille avec Eden Mendoza. Bien qu'il ne le montrait pas, je savais qu'il éprouvait une haine pour ce garçon. Il ne me l'a jamais dit. Mais j'ai vu ses yeux quand je lui ai tout expliqué avant d'aller en désintoxication. Des yeux sombres, terrifiants. On venait de toucher sa petite fille. Et ça, il ne le laisserait plus passer.

Depuis, il n'en parle jamais. Quand Raphaël a parlé de Rita Mendoza pour la première fois, il a tiqué au nom de famille. J'ai été la première à demander à mon frère ce que ça voulait dire. Il a récupéré l'information et s'est reconcentré sur son livre. Jamais il ne l'évoque. Jamais. Et l'ignorance est définitivement le meilleur des mépris.

- J'ai commencé mon stage aujourd'hui, il acquiesça tout en me souriant. J'ai donc rencontré l'équipe. Et mon partenaire.

Il avait remarqué mon air, il savait que quelque chose me tracassait. Il retira ses lunettes.

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