De mes cendres je renais -- Tome II

A l'attention des élèves de troisième

Résumé extrêmement bref de l'Histoire du Don, des Doués, et de l'Ordre à l'attention des élèves de troisième aux Institutions

Vous êtes vous jamais demandés d'où venait le Don ? Cette chose, cette force qui fait de nous des hommes et des femmes à part, mais dont personne, ni même les scientifiques du centre de recherche internationale de l'Adjuvance, n'a réussi à prouver l'origine. Ce résumé se veut seulement le récit le plus exhaustif et le plus synthétique possible de l'expression, de l'histoire du Don depuis qu'on en a trouvé la première trace sur les peintures rupestres des grottes d'Afrique Orientale.

Si l'on trouve déjà des ébauches d'eschatologie du Don dans les écrits des civilisations summériennes et égyptiennes, c'est dans les récits bibliques qu'elle est la plus complète. Inutile de préciser que cette version n'est pas trouvable dans les Bibles de l'extérieur : Dieu créa l'Homme et la Femme à son image, et leur laissa la garde et la responsabilité de toute la Création à condition qu'ils ne touchent pas le fruit de l'arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. Eve, tentée par le serpent, mangea du fruit en en donna à Adam. Tous deux prirent conscience qu'ils étaient nus, et de leur capacités particulières. Elles ne sont pas précisées dans le texte original, mais la conscience de leur nudité entraîna un rapprochement entre l'homme et la femme. Quand Dieu revint et trouva Adam et Eve, qui leur avouèrent leur faute, il sombra dans une grande tristesse. Car le fruit de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal n'est pas seulement celui qui leur donnera une plus grande intelligence, mais pouvait permettre à l'Homme et la Femme de devenir les égaux de Dieu. Mais les créatures ne peuvent égaliser leur créateur et manger du fruit entraîna leur finitude. Dieu ne put chasser toute la trace du fruit de l'Homme et de la Femme, nocive pour eux, et chaque parcelle du fruit qu'il retirait entraînait des sacrifices immenses : la douleur dans l'enfantement, le travail, la vieillesse. Dieu fut obligé de chasser Adam et Eve du jardin d'Eden pour ne plus qu'ils soient à nouveau tentés de manger du fruit de l'Arbre. Dans chacun d'eux il resta une parcelle de ce fruit, qu'il transmirent à l'enfant qu'ils avaient conçu dans le Jardin. Lui-même la transmit à ses descendants et ainsi de suite. Le Don est un parcelle de la divinité de Dieu, mais la désobéissance de l'Homme et de la Femme l'a perverti. C'est pourquoi nous nous affaiblissons quand nous l'utilisons trop, et que celui-ci n'est pas toujours bénéfique.

Ainsi les civilisations judéo-chrétiennes expliquent l'apparition du Don. Les Grecs et les Romains voient ça comme un présent de Prométhée ravi à Zeus qui le lui reprit, mais qui le restitua aux deux humains les plus vertueux, Pyrrha et Deucalion, qui le transmirent à leur descendance. Au XIX° siècle, certains scientifiques tentèrent d'expliquer cette apparition en se fondant sur les travaux de Darwin, et émirent l'hypothèse que le Don était un attribut qui ne s'exprimait que rarement en raison du principe de sélection naturelle. En effet, bien que le Don confère à son détenteur une capacité surnaturelle, son usage nuit au long terme à la santé, et consume son énergie vitale. Les femmes Douées par exemple ressentent généralement de bien plus grandes douleurs au cours de leurs menstruations que les femmes Indouées. De nos jours, les scientifiques du Centre de recherche International sur les Doués de l'Adjuvance (CRIDA) associent le Don davantage à une mutation génétique encore inexpliquée qu'à un présent de Dieu.

Au cours de l'histoire de l'humanité, les Doués furent considérés de différentes manières. Après leur exil forcé à Babylone pour servir le roi Nabuchodonosor avec les Juifs, ceux-ci choisirent de garder le secret sur leur existence pour se protéger. C'est pourquoi les rares témoignages d'auteurs antiques sur le Don assimilent les Doués à des sorciers, voire des dissidents. Il y a fort à parier que l'Asinaria d'Apulée parlait d'un Métamorphe. La majorité d'entre eux se mirent à fuir l'Empire Romain, et se regroupèrent en peuplades barbares. Nous sommes à peu prêt sûrs que Clovis était un Doué, sans doute doué d'une force extraordinaire. Lorsque celui-ci devint roi des Francs, les Doués retrouvèrent leurs lettres de noblesse et occupèrent des postes de plus en plus importants avant de constituer la plus grande partie de l'aristocratie, système qui perdura jusqu'à la Révolution française et la chute de l'Ancien Régime en France.