19 juin 1979
« Les sirèèèèèèèènes du port d'Aleeeeeeeeexandrie...Chaaaaaantent encooore la mêêêêmeuh méééééélodie wowowo...»
Je me levai en sursaut. Cinq heures sept du matin. Les lumières du dortoir étaient encore éteintes, et pourtant la voix de Claude François, émanant sans doute d'un radiocassette résonnait dans toute la pièce, réveillant tout le monde. Emilie sauta de son lit dans un bruit fracassant à tel point que je me demandais comment elle faisait pour ne pas se rompre les os des pieds, et rouspéta à voix basse :
« Pour une fois que Violette ne parle pas, il faut qu'on se fasse réveiller à cinq heures du matin par cette musique de l'enfer ! Mais où est donc le radiocassette pour qu'on l'éteigne !
– Il est cinq heures du matin ? s'étonna Berthilde, les yeux mi-clos.
– Oui, confirmai-je en jetant un coup d'œil à ma montre.
– Je suis dans ta vie, je suis dans tes draps...
– Je ne me rappelais plus que les paroles étaient comme ça, murmura Emilie. Un petit coquinou, le Claude François...Bon, c'est l'heure pour moi d'aller où le roi va seul, si vous voyez ce que je veux dire...»
Les néons du plafond s'allumèrent, et le pas lourd de Mme d'Azenova, la surveillante du jeudi soir se fit entendre, réveillant pour de bon les élèves les plus proches de sa chambre, et faisant baisser le volume des discussions surexcitées aux pieds des lits superposés. Et après le bruit des pas, celui de sa voix tonitruante :
« Mesdemoiselles, SILENCE ! je donne cinq secondes à celle qui a fait ça pour éteindre cette musique infernale !...Sinon, sinon...
– Je te mangerai crue si tu ne me retiens pas ! Leeees sirèèènes du poooort d'Aleeeeeexandrie...
– Sinon, elle nous lèvera à cinq heures du matin, mais il est déjà cinq heures du matin...marmonnai-je à Nanthilde à côté de moi.
– MADEMOISELLE ARVOR ! Je vous ai entendue ! C'est vous qui avez fait ça ? »
Tous les regards se tournèrent vers moi. Je mis plusieurs secondes à comprendre que Mme d'Azenova me soupçonnait, moi, d'avoir réussi à diffuser à plein volume un des ultimes tubes de Claude François. Et il était vrai que les paroles de la chanson n'aidaient pas à me disculper.
« Alexandrie...ouh...Alexandra, Alexandrie ce soir je danse dans tes draps !
– Ce n'est pas moi madame ! protestai-je d'une voix pas encore réveillée.
– Vous avez parlé alors que je vous avais dit de vous taire ! C'est suffisant pour que je vous colle un avertissement ! »
La surveillante se dressait maintenant devant moi, me fusillant du regard du haut de ses un mètre soixante-dix-neuf, et postillonnant plus ou moins volontairement sa colère à mon visage :
« Je sais qui vous êtes, mademoiselle, et croyez-moi, cela ne me donne pas envie d'être plus clémente avec vous ! Vous n'avez pas honte de troubler le sommeil de vos camarades ?
– Je n'ai rien fait, madame ! répétai-je.
– Ba-ra-cu-daaaa !
– Madame, je suis Visuelle et je peux vous dire qu'elle ne ment pas ! souffla Nanthilde suffisamment bas pour qu'Amélie encore Ignare ne l'entende pas.
– Et vous êtes sa complice, surtout ! Ne croyez pas que je ne vois pas clair dans votre petit jeu, mademoiselle Pellent ! C'était vous, les crapauds dans ma chambre, hein ? »
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De mes cendres je renais -- Tome II
Paranormal!!! Ceci est un tome 2 !!! Tome 1 sur mon profil Combien de secrets sur votre identité votre famille vous cache-t-elle ? Deux cousins sur le point de se marier, une troisième rentrée des classes au collège Sainte Catherine...