Chapitre 1 - Zelda

120 11 2
                                    

Une goutte.

Une perle translucide suffit à créer un déluge.

La boule douloureuse au creux de la gorge naquit, et les tremblements s'ajoutèrent à la scène. C'était là comme une rivière en crue, un verre qui déborda sans qu'on ait prévu d'essuyer autour. Une avalanche qui poussa les cordes vocales à se tendre, le corps à se torde dans tous les sens possibles pour tuer la douleur intérieure.

Des soubresauts impossibles à contrôler. Une épine, énorme, plantée au coeur, dont la faille provoqua une hémorragie de sang. Il s'écoula au travers des entrailles, bouillant, pour mieux détruire sa victime.

De lourds sanglots, sembables à une funeste mélodie, rythmaient le tout. De longs pleurs, interminables. Douloureux, brûlants au creux de la gorge.

Jamais je n'aurais imaginer que pleurer aurait pu être si douloureux. Je sanglotai amèrement, versant toutes les larmes que je n'avais jamais pu verser pendant seize ans.

Goeth, qui me recueilla. Ma tendre enfance à Arès, mon entrée en classe. Les eaux des toilettes dans lesquels on me plongeait, les affaires qu'on me volait, les cognard qu'on m'envoyait, les gifles et coup portés à mon visage, partout sur mon corps, et ces bleus que l'infirmière ne voulait jamais soigner. Ces insultes, ces moqueries, ces cris silencieux, comme terrifiés, à mon approche. Ce rejet social dont j'avais la victime, ce harcèlement quotidien qui m'avait suivi tant d'années. La douleur de ne voir jamais personne lever le petit doigt pour vous aider. L'indifférence totale de l'entourage, y comprit Goeth, qui fut d'ailleurs l'objet de notre querelle.

Puis, mon arrivée à Poudlard.
Un hurlement rauque m'échappa ; c'était si dur, d'encaisser tant. De retenir les larmes, les coups de poignards acahrnés à la poitrine.

Sirius, que j'aimais tant, et la seule pensée de son cadavre blafard à la grande salle me coupait le souffle. Severus, mon meilleur ami, à qui je devais mon bonheur actuel à Poudlard. Les deux hommes de ma vie, si je pouvais dire, étaient ceux qui se détestaient le plus au sein de l'école.

J'avais tellement de chance de les avoir. Car voilà qu'à présent, j'apprenai ma véritable identité.

Mes sanglots se poursuivirent, plus bruyants et plus douloureux qu'avant.

J'étais la fille d'une famille déchirée, qui n'avait même jamais existée. Je venais d'une autre époque et le sang d'un sorcier fou, avide de pouvoir coulait dans mes veines.

Les larmes, brûlantes, poursuivirent leur chemin sur mes joues ma robe, mes manches étaient trempées. Sur le sol perlaient de petites tâches noires. Bientôt, la pluie s'y mêla et je ne pus faire la différence.

Mes bras enroulaient mon ventre, comme si j'étais victime d'horribles crampes d'estomac. C'était pire encore, à mon goût.

Soudain, une agréable chaleur m'entoura ; je relevai les yeux et vis Dumbledore, qui passait un bras compatissant sur mes épaules. Je me blottis contre lui, reconnaissante, et versai le peu d'eau qu'il me restait sur sa robe bleu nuit. J'oubliai le directeur de l'école, qui s'était montré si gentil avec moi. L'idée qu'il soit mon parrain me faisait un drôle d'effet.

Il serra mon épaule, se voulant rassurant, et je reniflai bruyamment :

-Alors, vous ne m'avez pas fait venir parce que vous étiez intéressé par mes capacités.

Il pouffa :

-Non, bien deviné. Mais ça aurait pu.

-Si vous m'avez fait venir parce que je suis votre filleule, pourquoi ne pas l'avoir fait dès mon plus jeune âge ?

Il secoua négativement la tête :

-Je t'ai fait venir pour une autre raison. Comme je te l'ai dit un peu plus tôt, Voldemort te cherche. Il veut te savoir dans ses rangs, aussi puissante que tu es.

-Merci de me protéger, professeur Dumbledore, et d'être si gentil avec moi. Si Grindelwald a eu raison pour une chose, c'est de m'avoir confiée à vous.

Il me serra doucement l'épaule :

-Je crois qu'à présent que tu sais tout, il serait temps de m'appeler Albus et de me tutoyer.

Je clignai des yeux a plusieurs reprises, surprise. Qu'il serait étrange de tutoyer mon directeur et de l'appeler par son prénom !

-Je reprends, poursuivis-je, mes pleurs calmés, ne restant que la morve à mon nez. Merci d'être si gentil, si empatique avec, Albus. Merci de me protéger. Je n'aurais pas souhaité que Grindelwald me confie a quelqu'un d'autre que toi.

Il eut un sourire ému :

-Moi non plus.

Et, en silence, ma tête toujours posée sur son épaule, nous observâmes le soleil se lever sur la grande place macabre.

Espoir °Tome 2°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant