Chapitre 14 - Sirius

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-J'en ai ma claque de rester là à rien foutre ! hurlai-je, un doigt menaçant pointé vers mon ami.

-Par Merlin Sirius, calme toi ! pouffa James, comme s'il s'agissait là d'une vulgaire plaisanterie, un théâtre pour l'amuser.

Je fis volte face dans sa direction, lâchant Remus du regard pour le virer sur le jeune homme à lunettes.

-Je n'ai pas envie de me calmer ! Zelda et Dumbledore sont partis se battre et nous, pendant ce temps là, on fout quoi ?! Rien ! Je refuse de rester là les bras croisés !

-Alors vas-y, et fous ta vie en l'air, s'emporta Remus, que jusqu'ici je n'avais pas vu perdre son sang froid. C'est totalement stupide, ce que Zelda a fait ! Elle se croit en mesure de faire face à Vous-Savez-Qui, elle se croit aussi forte que Dumbledore ! Alors qu'elle n'a que seize ans, par Merlin ! Et ça me fait chier que tu lui cours après tout le temps, comme un petit chien ! Enfin mais rends toi compte ! Elle se croit tellement supérieure, elle te prévient même pas avant de se casser !

Il fit un pas en avant et je reculai, le coeur serré de douleur. Remus disait-il vrai ? Etais-je donc devenu si prévisible, si naïf qu'il le prétendait ? Je fis soudain volte-face, incapable de supporter davantage leur regards de pitié, leurs yeux rivés sur les traits de mon visage crispés de douleur intérieure. Pouvaient-ils seulement comprendre ?

Je bousculai sans réfléchir, écartant de mon chemin tous ceux qui s'y trouvaient d'un coup d'épaule. Je finis par débouler hors du château, et l'air frais sécha brusquement mes larmes. Une nausée me prit : mais que m'arrivait-il ?! J'étais là comme éparpillé en morceau, cherchant mes membres et ma raison d'être par la même occasion. J'étais comme au centre d'un labyrinthe éternel, sombre, auquel on aurait oublié d'ajouter une sortie. Seule l'obscurité demeurait. Elle m'oppressait, m'interdisait tout mouvement. Comme je détestais ce sentiment ! Pourquoi tout devait être si compliqué ?! Pourquoi me retrouvai-je obligé à souffrir tant pour une jeune femme que je connaissais à peine ?! N'y avait-il pas mes amis, là, mes meilleurs amis, qui étaient prêts à me soutenir quoi qu'il advienne ? Pourquoi m'acharnai-je donc à les repousser, encore et encore ?!

Je tombai à genoux dans l'herbe grise, et au choc, un nuage de cendre s'éleva dans les airs. Je laissai un instant mon regard porté sur les petites particules ocres, si légères dans l'air encore nauséabond de fumée. 

Je ne comprenai plus. A vrai dire, je n'avais même plus envie de comprendre. J'étais épuisé de cette course sans ligne d'arrivée, ce chemin dont le terme, tant attendu, n'était qu'une illusion. Un mirage pour davantage me faire souffrir.

Je levai les yeux vers le ciel, et les nuages de l'aube orangés passèrent leur chemin tranquillement. Le dégradé de couleurs chaudes qui s'offrait à moi me semblait pourtant si froid. 

Si triste.

Espoir °Tome 2°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant