Chapitre 19 - Sirius

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Mon rythme cardiaque s'accéléra, et mes yeux exorbités se joignirent à mon expression horrifiée. Où était Zelda ?! Que c'était-il passé ?! Elle ne pouvait pas être morte. Et Rogue ? Ils n'étaient donc pas parvenus à le sauver ?

Le silence choqué tassa tout autre bruit dans la salle : même nos souffles se taisaient, comprimés contre nos poumons crispés à la pensée de la mauvaise nouvelle qui s'annonçait.

-Professeur Dumbledore... murmura Alice, blottie contre Frank. Où sont Severus et Zelda... ?

Ce dernier n'était pas au mieux de sa forme. Le sang serpentait le long de sa tempe, et ses lunettes cassées pendaient sur son nez aquilin. Il claudiqua jusqu'à moi, où il s'appuya avec force sur mes épaules :

-Je suis désolé... souffla-t-il, la douleur autant intérieure que sur ses membres tremblants plus que palpable. Je n'aurais pas dû l'emmener avec moi...

Tant perplexe qu'horrifié, je ne sus que répondre : pourquoi me dire ça à moi ?! Il était désolé... Il n'aurait pas dû l'emmener avec elle... ?

Je fus soudain pris de vertiges, et je chancelai, entraînant le vieux directeur dans ma chute. Était-elle morte... ? L'image de son cadavre s'imprima dans mon esprit et une nausée me prit : mais seules les larmes me quittèrent, ruisselants sur mes joues terreuses.

Zelda est morte.

Non... J'étais prêt à tout affronter. Mais je n'étais pas prêt pour ça. Je regrettai dès à présent tout ce que j'avais pu penser de mal à son sujet. Je l'aimais tant ! Pourquoi me l'arrachait-on si tôt ?!

-Voldemort la retient prisonnière, déclara Dumbledore tout en se relevant, une grimace douloureuse au visage.

Je fermai alors les yeux, et l'immense poids qui pesait sur ma poitrine s'envola : elle n'était pas morte. Son coeur battait toujours, emportant le mien dans la foulée. Si sa respiration se coupait à jamais, que resterait-il de la mienne ? Aurais-je encore la force de vivre ? J'en doutais.

Comment était-ce possible d'aimer quelqu'un à ce point à seize ans, alors que nous ne nous connaissions que depuis quatre mois ?! A vrai dire, je n'en avais aucune idée, mais la réponse m'importait peu. Elle vivait toujours et c'était là le plus important.

Je m'accordai finalement un sourire : ainsi rien n'était perdu. Il suffirait simplement de...

-Seulement... soupira le directeur, passant sa main sur son front comme pour chasser un mal de tête. Seulement si on tente quoi que ce soit pour les aider, on ne rentrera qu'avec des cadavres.

-Ils les tueront si on va les sauver ?! répéta Remus, interloqué.

Je restai quant à moi étendu au sol, aveuglé par les lumières du plafond. Mon sourire s'était envolé, aussi vite qu'il était apparu. N'avais-je donc droit à aucun espoir ? Pourquoi tout devait être si compliqué ? Ne pouvait-on pas vivre en paix, s'aimer comme on le souhaitait ?

Les larmes revinrent à la charge, et je les laissai m'emporter. Je me laissai convulser sous la force de la douleur, sous mon coeur écrasé et brisé en mille morceaux. Je finis par m'asseoir, plonger ma tête au creux de mes genoux, tel un enfant chagriné. N'était-ce pas ce que j'étais ? Je voulais revoir son visage, l'embrasser, lui demander pardon. Comment pouvais-je être si stupide ?! Au lieu de profiter de chacune de nos secondes passées ensemble, comme si c'était la dernière, nous passions notre temps à nous quereller. Du temps, si précieux, gâché.

Pourquoi fallait-il attendre que le mal nous tombe dessus pour nous en rendre compte ?


Espoir °Tome 2°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant