Chapitre 24 - Zelda

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Le mois qui suivit fut d'une longueur insupportable : les jours se suivaient, plus lassant encore que le précédent, malgré les séances d'entraînement et de lecture quotidienne que me faisait subir Walburga. Si je ne parvenais pas à dénicher des nouvelles sur l'état de Severus ou bien les remises en ordre au château, je savais néanmoins que Sirius était vivant. Autrement, la famille serait en deuil. Du moins, son père et son frère le veilleraient sûrement un peu, mais sa mère ne se prêterait sûrement pas à la cérémonie.

Regulus Arcturus Black était un garçon à la belle allure, tantôt mature et tantôt noyé dans ses pensées naïves. Cadet de trois dans de Sirius, il ne lui ressemblait guère ; de petite taille, l'air noble qui accompagnait chacun de ses gestes faisait de lui une tête à claque. Néanmoins, il était le seul à ne pas témoigner une haine profonde envers moi, ainsi je me gardai de proférer des insultes sur lui chaque fois que la famille avait le dos tourné. Peu importe si c'était celle de Sirius.

Quant à Orion, il se révéla bien plus sage que je ne l'avais imaginé. Si, comme sa femme, il se gardait bien de masquer sa méprise à ma vue, il ne semblait pas porter de mauvaises volontés. Bien qu'il fut terriblement sévère avec Regulus et glacial avec les visites quotidiennes du reste de la famille, il semblait être un homme aux pensées bien masquées, en retraite sur les sujets de discussion pour mieux les écouter.

C'était lui qui avait découvert mon aptitude à la télékinésie, lorsque Regulus avait malencontreusement renversé son thé et que les gouttes du liquide brûlant étaient restées suspendues dans les air, face à mon air effrayé de voir les blessures que la boisson aurait pu lui infliger.

C'était ce dernier exercice que nous mettions en ce moment en œuvre, Walburga et moi installées au salon : cependant, le dégoût que j'éprouvai à pratiquer de la magie au service de Voldemort ralentissait ma progression.

-Concentre toi, sale monstre ! proféra la mère de Sirius.

Je levai un regard noir dans sa direction :

-Si vous ne cessez de m'insulter comme ça, je n'arriverai à rien. Et j'aimerai savoir : à quoi servirait donc la télékinésie à V...

-Ne pose pas de questions et obéit ! siffla-t-elle en me coupant sèchement, les yeux grands ouverts de colère sous l'entente du nom que j'avais failli prononcer. Autrement ton ami Rogue mourra !

Je me renfrognai : c'était là toujours la même menace, et j'étais persuadée qu'il s'agissait d'un piège.

Je reportai cependant mon attention sur le livre posé face à moi. J'observai ses contours, son relief qui portait sur la table une ombre silencieuse. Chaque particule de cet objet devait désormais être sous mon contrôle : je plissai les yeux, étudiai chacun des recoins du livre. Je serrai les poings, poussant sur un élastique invisible pour tendre la magie. Elle s'arqua jusqu'au livre, où elle s'accrocha férocement : je levai alors délicatement la main, et l'objet fut comme lourd sur ma paume qui ne soutenait pourtant rien.

Sous les yeux machiavéliques de Walburga s'éleva le livre, à une cinquantaine de centimètres de la table. Lentement, je baissai simultanément ma main et yeux. Aussitôt, l'objet ensorcelé obéit et revint se poser a sa place.

L'élastique se détendit soudainement et ma poitrine se décrispa : perplexe, je m'aperçus que j'avais retenu ma respiration tout le long.

Mais Walburga jura et m'ordonna de me relever :

-Pathétique. On ne peut rien faire avec un tour de passe-passe pareil.

Elle me lâcha un regard méprisant et tourna aussitôt les talons, me laissant retourner seule à ma chambre, aussi exaspérée que bouillonnante de rage.

Espoir °Tome 2°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant