J'ouvris lentement les yeux, exténué, et me pressai de vérifier l'heure : vingt-et-une heure. La lune ne tarderait pas à se lever, entraînant avec elle la transformation inévitable de Remus en Loup-Garou.
Je me redressai sur le fauteuil moelleux de la salle commune des Gryffondor, blottit face aux flammes qui dansaient dans l'âtre de la cheminée. Des pas précipités se firent entendre, et je fronçai les sourcils, vacillant de fatigue. Une silhouette se dessina dans l'ombre et, soudainement, se jeta face à nous.
Pris de panique, j'eus un sursaut violant et chavirai par l'arrière, passant par dessus l'accoudoir du fauteuil. Le coeur battant, je restai allongé au sol quelques secondes. Qu'elle était cette chose ?!
J'entendis subitement des rires faire écho dans la salle commune et, grommelant, me redressai pour faire face à mes amis. Remus et James se tordaient de rire face à un petit homme aux grands yeux à l'air idiot, comme tout heureux d'amuser son idole.
-Peter ?! m'étranglai-je, interloqué mais pourtant ravi. Tu n'es pas mort !
Il secoua négativement le menton :
-Non non ! Je me battais avec des élèves dans la forêt interdite et, et là, et là d'un cou y en a d'autres qui sont venus, et, et du coup...
-Tu t'es perdu, on s'en doutait, le coupa James, en levant les yeux au ciel, pouffant.
J'eus un sourire moqueur, et Remus retomba sur le canapé.
-Ta chute était magnifique, Patmol, se moqua-t-il, rieur.
Il eut un sourire taquin et je l'imitai, développant au creux de mon ventre une étrange chaleur qui s'infusa jusqu'à mon esprit heureux de cette complicité. Mais je fis un pas en arrière, horrifié. Que venais-je de ressentir, là, à l'instant ?! Non, ce n'était pas de l'amour. C'était une simple complicité avec l'un de mes meilleurs amis...
-Les Maraudeurs sont au complet ! déclara James, les yeux brillants.
-C'est-c'est la pleine Lune n-non ? s'extasia Peter en sautillant sur place.
-Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de bien là dedans, soupira Remus, un faible sourire aux lèvres.
James lui assona une tape amicale sur l'épaule :
-On s'amuse, Lunard.
L'intéressé arqua un sourcil mais ne put empêcher un sourire reconnaissant.
-Il va falloir y aller...
Il se releva, s'étira longuement et James tira sa cape d'invisibilité, qu'il avait camouflé sous le canapé. Je m'approchai et nous nous serrâmes pour que le tissu nous recouvre tous, tandis que Peter se roulai en boule, se fondant dans ses vêtements, pour laisser apparaître son petit museau de rat.
Nous quittâmes la salle commune dans le plus grand silence et dévalâmes rapidement les escaliers. Courbés et serrés les uns contre les autres, je pouvais sentir le souffle accéléré de Remus sur ma nuque. Les yeux écarquillés, terriblement embarrassé, j'accélérai le pas, entraînant les autres dans une véritable course folle vers le parc.
Je déboulai devant le passage secret, ouvris violemment le tableau et me précipitai dans le gouffre obscur. Je n'étais même plus sous la cape. Mais que m'arrivait-il donc ?! Pourquoi paniquai-je donc au moindre contact prolongé avec mon ami ?! Je n'étais d'ailleurs même pas sûr que ce dernier éprouve réellement des sentiments à mon égard. Simplement l'hypothèse me donnait des frissons, et je ne pouvais même pas supporter l'idée. Qu'arriverait-il aux Maraudeurs si je devais me retrouver à repousser ses avances ? Non, nous étions immortels. Nous survivions à une simple déclaration d'amour...
-C'est quand même une sacré friendzone... sifflai-je entre mes dents serrées, plié en deux pour serpenter dans les allées de bas-plafond.
-Tu as dit un truc ? m'interrogea James, sur mes talons.
Je me raidis et lâchai précipitamment une réponse, comme un objet brûlant entre mes mains :
-J'aperçois la sortie !
En effet, le rai de lumière qui coulait dans un étincelant reflet d'argent cascadait d'un cercle incandescent. Il semblait nous appeler à ouvrir les bras, se jeter en travers de cette faille qui nous ouvrirait au grand air. Chose que je désirai plus que tout actuellement : chasser de mes pensées la possible attirance de Remus envers moi, ou même le fantôme irrité de mon comportement de Zelda.
La lumière irrigua mon corps, et le sol se déroba sous mes pieds ; il revint brusquement à la charge et s'écrasa contre mon nez, avant de m'envoyer rouler. Sonné, je pris un certain temps à me redresser sur l'herbe humide : pourquoi n'avions nous jamais pensé à mettre des escaliers, ou une descente davantage praticable pour sauter du passage ?!
Le reste des Maraudeurs fut vomi par le tunnel, mais ceux-ci ne se jetèrent pas dans les bras du vide comme je venais de le faire : ils se contentèrent de rire de mon idiotie, que je balayai d'une moue agacée.
-Ce que tu peux être irrité, en ce moment, Patmol ! railla James en envoyant son poing frapper mon épaule, que je dégageai d'un geste sec.
-Vous passez votre temps à vous foutre de ma gueule ! m'emportai-je, la mâchoire crispée. Comment veux-tu qu'au bout d'un moment ça me gonfle pas ?!
Il recula d'un pas et haussa les sourcils : visiblement, je n'étais plus le seul à être agacé.
-On faisait la même chose avant, et ça ne t'avais jamais dérangé.
-Ouais bah il est temps de grandir un peu !
Cette fois-ci, même Remus et Peter relevèrent le menton, ahuris. Ils s'échangèrent un regard lourd de sens et l'atmosphère se détendit : quelque chose m'avait visiblement échappé. Mais, pour la première fois, l'envie de passer la pleine lune avec eux avait disparue. Qu'ils s'amusent entre enfants.
Je tournai furieusement les talons, dévalant la colline sous leurs appels hébétés, pourtant murmurés pour ne pas éveiller le château. Mais je les ignorai, les muscles tendus de frustration et de rage. Je me stoppai face au lac, et les ondes dansèrent à mes pieds lorsqu'ils dérapèrent sur la rive. Mon reflet les accompagna, ridé en cette nuit si bien éclairée. Ma mine se creusait de cernes violacés, et je portai encore les cicatrices de l'invasion des Mangemorts.
Zelda me manquait. Sans elle, j'étais perdu, et j'errai dans ce labyrinthe éternellement, tant frustré que souffrant de cette impuissance face à son absence.
Je l'aimais tant.
Et aujourd'hui, j'avais plus que jamais besoin d'elle.
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Espoir °Tome 2°
Fanfiction/ fanfic HP / 《 Non ; désormais, je serais Zelda Shaara Grindelwald. 》 La vérité est enfin tombée. Zelda, descendante directe de Gellert Grindelwald, filleule d'Albus Dumbledore. Voldemort est à sa recherche, désirant plus que tout mettre la main s...