Chapitre 10 - Sirius

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Je battis des paupières lentement, le dos endoloris et plus épuisé que jamais. Pourtant, il me semblait avoir dormi longtemps...

Je me frottai les yeux comme pour en chasser la fatigue, en vain. Les lumières aveuglantes de la pièces me brûlaient les yeux, n'améliorant pas la situation.

Zelda, blottie contre moi, m'étais la seule chaleur réconfortante de l'endroit. Cependant, elle ne semblait pas somnoler comme je venais de le faire. Je soufflai d'une faible voix encore endormie :

-Quelle heure il est ?

Elle se tourna dans ma direction, l'expression toujours aussi vide d'émotions que de coutume :

-J'en ai absolument aucune idée.

-Je dors depuis longtemps ?

-Une ou deux heures.

Je lâchai un long soupir. Et Dumbledore n'était toujours pas là ?! Je me redressai et m'étirai, une grimace au visage sous le claquement sec de mes articulations douloureuses.
Zelda fit de même et nous finîmes par nous lever.

Traîner mes pieds, tels de lourds poids derrière moi fut une rude épreuve. Cependant, celle d'affronter les cadavres puants étendus un peu partout dans la grande salle fut pire encore : tant d'élèves, tant d'enfants qui ne rentreraient jamais chez eux. Voldemort se montrait plus cruel encore que la dernière menace du monde des sorciers, Grindelwald. Il assassinait des enfants sans aucun scrupule, brisait des familles en gardant ce sourire machiavélique aux lèvres.

Je serrai les poings sous cette pensée, mais fut interrompu par un bruit sonore ; Zelda et moi fîmes volte-face, tombant nez à nez avec le directeur de l'école.

Il se stoppa net devant nous :

-Le Ministère envoi des gens pour nettoyer et rebâtir l'école.

-Et les Mangemorts ?! s'indigna Zelda, l'expression outrée. Et Voldemort ?! Personne ne va nous aider à les combattre ?

Dumbledore afficha un sourire exaspéré :

-Les combats sont fini Zelda, il faut rétablir l'ordre pour...

-Tu ne comprends pas ! s'emporta-t-elle brusquement, et je clignai des yeux, hébété qu'elle tutoye le directeur. Severus a été enlevé ! Et McGonagall a réussi à transplaner avec lui et les Mangemorts, mais ça fait déjà des heures qu'ils y sont ! Si tout allait bien ils seraient déjà revenus !

Dumbledore passa sa main sur sa longue barbe blanche et lâcha un soupir :

-Voilà qui est fâcheux.

Je levai les yeux au ciel : sans blague.

-Il vaut cependant mieux attendre, renchérit-il, sûr de sa décision. Aller leur porter secours ne mettrait que ta vie en danger, en plus. Et je refuse que tu tombes entre les mains de Voldemort.

J'arquai un sourcil ; visiblement, cette conversation ne me concernait plus. Je coulai un regard vers Zelda, mais celle-ci semblait trop en colère contre le directeur pour me prêter attention. Je fis quelques pas en arrière et m'éclipsai discrètement ; je m'en allais rejoindre James et Lily qui se réveillaient peu à peu.

-Dumbledore est là ? me questionna la rouquine, surprise.

Je hochai la tête, et elle sauta sur ses pieds pour s'en aller participer à la conversation mouvementée qui faisait rage derrière moi. James resta quant à lui assis là, ses yeux bruns amusés fixés sur les miens.

-Elle te fait perdre la tête, hein, me taquina-t-il.

Je levai les yeux au ciel :

-Tu n'as même pas idée.

-Pourquoi tu ne m'as rien dit ? poursuivit James en lâchant mon regard. Pour vous.

Aucune réponse. Mon meilleur ami disait vrai ; nous qui nous étions toujours tout dit, voilà que les choses changeaient. Je lâchai une grimace : je n'avais aucune envie que les choses changent.

-Je sais pas, James.

Il arqua un sourcil et afficha un sourire offusqué :

-C'était trop compliqué pour toi de me faire confiance, même après tout ce qu'on s'est dit ?

Je soupirai à nouveau. Je ne voulais pas de ça maintenant.

-Je suis désolé, ok ? m'excusai-je, quoique légèrement durement. J'assumai pas mes sentiments.

Il abaissa le regard. Je le sentais comme vexé : mais que pouvais-je bien faire d'autre que m'excuser.

-Allez Potter, l'encourageai-je en m'approchant. J'suis désolé, je te jure.

Je lui tendis la main pour serrer la sienne en signe de paix, et même s'il gardait une expression fermée il finit par céder et afficher un sourire amusé :

-Les Maraudeurs sont immortels, hein ?

Il m'attrapa la main et me donna l'accolade chaleureusement. Voilà qui me rassurait.

-Alors, où ça en est ? demanda-t-il, mesquin. Elle est pas trop chiante ?

-C'est Zelda quoi, ris-je, le coeur battant. 

Il pouffa :

-Je savais que t'allais dire ça. Et pour Roguy... ça t'emmerde pas qu'elle soit pote avec lui ?

J'arquai un sourcil et levai les yeux au ciel :

-A peu près comme elle ça l'emmerde qu'on soit potes. 

Nous nous esclaffâmes. Voilà une situation qui n'étais pas des plus simple.

-Vous avez... ? souffla James, moqueur.

J'affichai une mine malicieuse :

-Elle dit qu'y a un dortoir de libre à Serpentard, mais chaque fois qu'on veut y aller on est coupé.

Mon meilleur ami afficha un sourire :

-T'inquiète, tu vas pouvoir te faire plaisir Black. Faut juste attendre que tout ça se tasse...

Je relevai les yeux dans sa direction, et mon sourire fondu aussi vite qu'il était apparu. Pourquoi jouions-nous aux gamins dans une situation telle que celle-ci ? Combattre le plus grand mage noir de tous les temps n'était pas une partie de plaisir. 

-Allez viens, les autres décident de ce qu'on va faire avec Dumbledore, appelai-je en me relevant, et James me suivit en sautant sur ses pieds.

Que ferais-je si il venait à mourir au cours de cette guerre qui s'entamait ? A présent, je comprenais la douleur de Zelda à l'enlèvement de Severus ; je me sentirai moi-même détruit si James se retrouvait comme ce dernier. 

Je n'avais qu'eux. Et j'étais prêt à tout pour qu'ils vivent.

Espoir °Tome 2°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant