Chapitre 26 - Zelda

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Je laissai les flammes vertes de la cheminée m'aspirer, pour finalement me déposer non sans brusqueries au creux de l'âtre d'une nouvelle.

Je lâchai une toux amère, et l'on me tira rudement vers l'arrière. Je mis un certain temps à comprendre où est-ce que nous nous trouvions ; des dalles de marbre noir, les murs tapissés d'un sombre papier peint. D'élégantes colonnes striaient les murs, laissant paraître entre elles de longues fenêtres d'un effrayant style gothique. Le grand hall était disposé d'une immense table aux chaises de bois ocre verni, ainsi que de quelques commodes alignées sur les côtés, face à d'imposants miroirs.

Le malaise ne tarda pas à oppresser mes poumons ; une dizaine de Mangemorts occupaient la quasi-totalité des places autour de la longue table. Une silhouette blanchâtre, qui rependait autour d'elle une aura terrifiante, régnait en Maître à son extrémité.

Voldemort, songeai-je, prise d'un frisson. Il releva les yeux pour les fixer sur les miens, et je me raidis : d'un rouge sang, tels ceux d'un serpent maladif, ils étaient bien plus effrayants que tout ce qu'il m'était donné de voir durant mes dix-sept années de vie.

-Walburga, susurra-t-il d'une voix à peine audible, alors que mes geôliers déboulaient derrière moi sous un bruissement de flammes.

-Maître, siffla-t-elle en s'inclinant légèrement.

Le Seigneur des Ténèbres tira ses traits pour arquer un semblant de sourcil :

-Où est Orion ?

-Il arrive, Maître, répondit-elle d'une voix où perçait l'agacement.

Il était clair que tout comme Voldemort, celle-ci s'impatientait de voir arriver son mari. Cependant, celui-ci ne se fit pas plus attendre et débarqua dans la pièce quelques secondes plus tard :

-Pardonnez pour le retard, s'excusa-t-il d'une voix noble.

-Garde ta salive pour ta prière, répliqua Voldemort, et ses yeux perçants scrutèrent l'assemblée comme pour énoncer une menace.

Je sentis le père de Sirius déglutir dans mon dos, mais je n'en fis rien et demeurai de marbre. Autant me faire la plus petite possible, tant que les questions et analysent m'étaient épargnées...

Mais cela fut un court répit, car à l'instant où Voldemort se leva, tout aussi méprisant qu'imposant, je sus que mon tour était venu.

-Bien... siffla-t-il, les dent serrées. Voyons jusqu'où vous avez failli...

Il s'avança à pas menus dans ma direction, et un nouveau frisson me prit lorsque mon esprit fit la comparaison avec un fantôme : il se déplaçait tel un esprit sombre, ténébreux, au masque aussi horrifiant que laid. Ses pieds nus étouffaient le moindre son à ses pas, ne laissant dans la pièce que l'écho de mon coeur qui battait la chamade et les respirations coupées des fidèles du Mage Noir.

Il ne se stoppa qu'à quelques centimètres de moi seulement, et ses doigts squelettiques me relevèrent sèchement le menton. Glacés, je crus bien avoir en face de moi un revenu des enfers plutôt qu'un homme. S'il en était toujours un.

-Pourquoi ses yeux sont bleus ?! cracha-t-il soudainement envers les parents de Sirius.

Ces derniers restèrent septiques, comme hébétés. Même de dos, je percevais leur perplexité, et je ne pus m'empêcher d'arquer un sourcil, presque amusée par l'ironie de la situation. Ne savaient-ils pas que mes yeux changeaient de couleur au rythme des saisons ?

-Pourtant c'est bien elle, c'est bien Shaara, risqua Walburga, indignée.

-Non, rétorquai-je, sous la surprise générale.

Je réprimai mes tremblements soudains et fis face au regard menaçant de Voldemort :

-Je ne suis pas Shaara.

Espoir °Tome 2°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant