Chapitre 29 - Sirius

31 4 3
                                    

Sans même voir le visage crispé du professeur McGonagall, je pouvais sentir la peur qui courait sur son sillage, tel un nuage compacte et pesant au dessus de nos têtes. Le sac sur l'épaule, je la laissai m'entraîner à travers les couloirs sans lâcher le moindre mot. Ce qui m'inquiétai, c'était que depuis la capture de Zelda, je n'avais trouvé la force de faire la moindre farce, la moindre bêtise à Poudlard. Alors, pourquoi me convoquer ? Pourquoi se montrer si épouvanté ?

Je déglutis, pris de vertiges ; peut être même s'agissait-il de Zelda. Lui était-il arrivé quelque chose ?

-Alors, balbutia McGonagall, qui se stoppa maladroitement devant les deux imposants griffons dorés du bureau du directeur. Le professeur Dumbledore vous attend dans son bureau.

Une pierre chuta au fond de mon estomac, et le choc m'arracha de fébriles tremblements. Jamais je n'avais vu mon professeur de métamorphose dans cet état. Il y avait véritablement quelque chose qui clochait.

Je m'avançai entre les statues d'or, la gorge nouée, et McGonagall lâcha le mot de passe d'une voix nerveuse. Alors que je m'apprêtai à prendre les escaliers, elle plaça une main sur mon épaule et plongea un regard compatissant dans le mien :

-Bonne chance, Monsieur Black.

Je me dégageai d'un coup d'épaule, horrifié désormais. Nul doute ; pour que mon professeur se montre aussi amical envers moi, il faudrait qu'il y ait la fin du monde. Et encore.

Les poumons comprimés et les muscles raidis, j'entamai une lente ascension vers le bureau du directeur. Lorsque la porte de chêne apparut dans mon champ de vision, je ralentis davantage le pas. Je ne voulais pas la franchir. Je ne voulais pas affronter ce qu'il y avait derrière.

Je me stoppai sur le seuil, le souffle coupé, et pris mon courage à deux mains. Je frappai fermement, désormais décidé à affronter la vérité qui se cachait dans la pièce. Le courage nait avec la peur, disait-on. Pour la première fois de ma vie, j'aurais voulu ne pas être courageux. J'aurais voulu n'avoir aucune raison d'avoir peur pour ne pas être courageux. Mais comment ne pas l'être, sachant que mes parents étaient parmi les plus fidèles du plus grand Mage Noir de tous les temps ?

Je poussai doucement la porte, les dents serrées, et vis le directeur, appuyé nerveusement sur son bureau. Lorsque je m'avançai dans la pièce, il se redressa et me toisa par dessus ses lunettes en demi-lune ; lui non plus ne semblait pas en très bon état. Plus que jamais, il ressemblait à un vieil homme, rongé par les remords et l'inquiétude.

-Sirius, entre, m'invita-t-il d'une voix faussement douce.

Je refermai la porte dans un silence pesant et fis quelques pas dans sa direction, lorgnant Dumbledore d'un regard méfiant.

-Tu dois te demander pourquoi je t'ai fait venir aussi précipitamment, poursuivit-il.

Il semblait partagé entre l'impatience, l'inquiétude, la colère et la peur.

-Non, pas vraiment, ironisai-je, exaspéré, d'une voix cependant tremblante.

Le directeur lâcha un soupire et s'agita légèrement, avant de finalement relever la tête dans ma direction pour déclarer d'un ton plus haut :

-Comme tu le sais, Zelda est prisonnière de Voldemort.

Je déglutis ; ça commençait mal.

-D'après mes renseignements, elle a été placée chez ta famille, Sirius, pour que tes parents lui enseignent la magie noire et la compromettent aux idées de leur maître.

J'écarquillai les yeux, horrifié ; elle était chez mes parents. Avec Kreatur. Avec ma mère. Evidemment. C'était bien plus drôle ainsi.

-Hier soir, ils se sont rendus au manoir des Malefoy afin de présenter Zelda à Voldemort. Mais ça ne s'est pas vraiment passé comme prévu.

-Que lui est-il arrivé ? sifflai-je entre mes dents, les mains serrées sur les lanières de mon sac.

Mais, à ma plus grande surprise, il secoua négativement le menton avant de soupirer :

-Elle, rien. Mais elle s'est emportée contre Voldemort et, de rage, il a tué le premier venu. Il a tué ton père, Sirius.

Espoir °Tome 2°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant