Espoir °Tome 2°

Chapitre 28 - Sirius

Mes pieds traînaient au sol, tout aussi lourds de fatigue que de douleur intérieure. Mon esprit torturé par le fantôme de Zelda m'empêchait de fermer l'œil, me refusait même le moindre instant de répit. Je me rendais ce matin-là en cours de potions, accompagné de Lily et Remus. James était sorti tôt de son lit pour se rendre à l'entraînement de Quidditch, talonné par un Peter admiratif.

-Je me demande quelle potion Slughorn va nous faire faire préparer aujourd'hui, questionna Lily, songeuse.

Mais seul le silence lui répondit. Remus ne semblait pas avoir le coeur de répondre à une telle question, et moi n'avait pas ouvert la bouche depuis le soir de la pleine lune.

-C'est sûr que depuis que Severus n'est plus là, il manque vraiment d'entrain à enseigner... soupira ensuite la rouquine.

Je me raidis, les poings serrés ; je n'avais pas oublié que Zelda était probablement en compagnie de Sevrilus à cet instant, pleurant sur son épaule et se blottissant dans ses bras. Je serrais les dents en chassant vivement cette image de mon esprit. Inutile de le torturer davantage.

-Il t'a toujours toi, tenta Lunard d'un faible sourire qui se voulait encourageant.

Lui avait probablement plus de compassion que moi. Lily avait pris la bonne décision en s'écartant de ce Serpentard aux idées sombres. Mais Remus semblait plus enclin à comprendre ses doutes, ce dont je n'arrivais pas à cerner la logique.

Lily lui rendit son sourire :

-Merci, Lunard.

Puis, elle reporta son regard sur ses pieds, prenant garde à ne pas louper une marche qui menait vers les sous-sols du château, où Slughorn enseignait.

-J'espère que James ne sera pas en retard cette fois-ci.

-Il le sera, maugréai-je, les yeux levés au ciel.

Je me renfrognai lorsque je sentis le regard inquiet de Remus posé sur moi ; j'accélérai le pas et les devançai de quelques mètres, agacé.

Nous pénétrâmes dans la salle de potion en silence, accompagnés des autres élèves tout aussi blafards que leur professeur qui leur tenait amicalement la porte. Personne ne s'était réellement rétabli de l'attaque qu'il y avait eu. Le deuil n'était toujours pas terminé pour la plupart, dont les amis et la famille avaient été tués au cours du bal de fin d'année il y a maintenant quelques mois. J'eus un frisson : pour ma part, Zelda s'en était retrouvée prisonnière du plus grand Mage Noir du siècle.

-Assoyez vous, assoyez vous... lâcha Slughorn nonchalamment. Aujourd'hui nous allons préparer l'antidote au puissant filtre d'amour que j'ai devant moi.

Il montra du doigt une petite marmite, d'où s'échappait une délicate fumée rose bonbon. Je levai les yeux au ciel, avachi sur ma paillasse : je n'avais même pas la force de feuilleter mon manuel.

D'un coup sec de baguette, le maître de potions afficha la liste des ingrédients sur son tableau à craie. Il disposa ensuite ces derniers sur une table au fond de la salle et nous invita à commencer la préparation. Lily s'activa aussitôt, exaspérée de voir que James n'était toujours pas arrivé. Remus et moi la suivîmes plus lentement ; notre motivation à réussir cette potion manquait certainement à l'appel.

Je rassemblai les ingrédients sur ma table et ouvris le manuel à la page demandée, cette fois-ci agacé. Alors qu'un être surpuissant grandissait dehors, préparant probablement sa prochaine offensive, nous étions là, à préparer l'antidote d'un philtre d'amour. J'étais d'avis de me battre, de lever une armée contre le Seigneur des Ténèbres. Mais comme toujours, personne ne semblait enclin à m'écouter...

Soudain, la porte de la salle s'ouvrit à la volée, délivrant un professeur hors d'haleine sur le seuil de la classe. Tous les yeux se levèrent vers McGonagall, brusquement inquiets. Slughorn cessa tout mouvements, tétanisé. Qu'était-il arrivé ?!

-Monsieur Black, souffla McGonagall, la mine dévastée. Rangez vite vos affaires et venez avec moi.

Mon coeur manqua un battement, et mon sang se glaça. Tremblant, je fourrai vivement mes affaires dans mon sac avant de me précipiter à la suite de mon professeur de métamorphose, jetant un regard inquiet par dessus mon épaule. La porte se referma sur les visages livides de mes amis et de Slughorn, ce qui acheva de m'horrifier plus encore.