Chapitre 32 - Sirius

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Mon genoux tressautait nerveusement, en rythme avec mes battements de cœur. Je détestai devoir attendre ainsi. Je gardai le regard fixé sur les vieilles dalles grisâtres du bureau du directeur, tandis que ce dernier faisait les cents pas face à moi, tant ne sachant pas où mettre ses bras qu'il gesticulait sans véritable but. Non loin, le professeur McGonagall était accoudée sur une étagère, les yeux dans le vide. Enfin, serrés sur le banc avec moi, James, Lily, Remus et Peter, qui avaient tenu à venir pour me soutenir.

 -Il prépare quelque chose, murmura Dumbledore, le regard rivé a sol. J'en suis certain...

Je gardai le silence, incapable de prononcer le moindre mot. Mon père était mort, et je n'étais même pas capable d'éprouver la moindre once de tristesse. Il était certain qu'il n'était pas ma mère, qu'à côté d'elle il était d'une gentillesse extrême, mais il ne l'avait jamais contredite. Peut-être avait-il peur d'elle, je ne l'avais jamais su. Et je ne saurais jamais. Je savais simplement qu'il me haïssait, tout autant que le reste de la famille Black.

-Albus, bredouilla McGonagall, Albus, Poudlard...

-Nous en avons déjà parlé, Minerva ! la coupa-t-il d'un ton sec.

Du coin de l'œil, je vis les autres redresser le menton, surpris. Voir le directeur s'emporter était une chose ; en revanche, être témoin d'une telle détresse de sa part n'était pas commun. Mais cela ne m'intéressait guère : seuls les mots du professeur de Métamorphose avaient piqué ma curiosité et serré ma gorge d'inquiétude. Qu'allait-il arriver à Poudlard ?

-Soyez un minimum raisonnable, je vous en prie ! insista-t-elle, les dents serrées.

Elle fit un pas vers Dumbledore et soutint durement son regard :

-Vous-Savez-Qui ne va pas s'arrêter là, Albus. Maintenant qu'il a Zelda, il va s'emparer du Ministère. Il pourrait attaquer n'importe quand. Laissez les élèves rentrer chez eux et leur donner une chance de se cacher.

-Poudlard est l'endroit le plus sûr pour eux. Tant que je serais là, ils ne craindront rien.

-Je me fiche d'être en danger ou non ! sifflai-je soudain entre mes dents en me redressant, le menton relevé. Je veux me battre !

Le silence tomba dans la petite pièce, traînant avec lui les regards désespérés de mes deux professeurs. Je me contentai de les fixer, les muscles bandés. Je ne souhaitai qu'une seule chose ; que ce jeu cesse enfin. Que l'on se rende à l'évidence que mener nos cours à Poudlard comme s'il ne se passait rien dehors n'avançait à rien, ne nous protégerait pas le moins du monde.

-Ne soyez pas stupide, Black, me réprimanda finalement McGonagall. Vous seriez prêt à débarquer au repaire du Seigneur des Ténèbres et jeter des sorts à tous ceux qui croiseront votre route ? Ne risquez pas votre vie aussi bêtement, voyons. Que voulez-vous faire ? Nous sommes impuissants, ainsi à discuter dans l'école. Si d'ores et déjà le professeur Dumbledore consentait à laisser les élèves partir, nous aurions au moins...

-Vous savez mieux que moi pourquoi est-ce que je ne peux pas laisser faire ça, l'interrompit l'intéressé, les traits soudain tirés par la fatigue.

-Alors agissons ici même, avança soudain Remus, à la surprise générale. Montons une armée.

-Une armée d'élèves ? pouffa McGonagall, sidérée. Vous perdez la tête !

-Laissez le finir, objecta cependant Dumbledore, sous le regard davantage consterné de sa collègue.

Mon ami se leva, quelque peu nerveux, et précisa son idée :

-Vous dites que Poudlard est l'endroit le plus sûr de l'Angleterre -enfin, tant que vous êtes en vie. Alors, pourquoi ne pas monter une sorte d'ordre, ou de rébellion, ici ? On pourrait réfléchir aux plans de Vous-Savez-Qui et essayer de les déjouer... Comme ça, pas de batailles sanglantes avec plein de morts, on l'empêche d'accéder au Ministère et on freine sa montée au pouvoir jusqu'à libérer Zelda et trouver un moyen de le vaincre.

Il se dandina d'un pied à l'autre, hasardeux mais pourtant sûr de lui. Il me jeta un bref coup d'œil et, pour la première fois depuis ce qui me sembla être une éternité, j'esquissai un sourire. Nos bras croisés se dénouaient enfin ; l'heure était venue de se lever et de se battre.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 13 ⏰

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Espoir °Tome 2°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant