Secrets and Masks

33. Pierres et promesses

16 mai

"La peur te détruira si tu la laisses faire, Draco. Mais n'oublie pas, si elle est administrée correctement, la peur peut aussi être l'arme la plus dangereuse sur terre."

Son père lui avait dit ça une fois, l'avait mentionné brièvement pendant le dîner alors que Draco regardait son assiette intacte, juste avant que le Seigneur des Ténèbres n'entre dans leur maison et ne marque Draco de la Marque des Ténèbres.

À l'époque, Draco supposait que c'était la façon de son père de l'humilier pour le soumettre. De le mettre en colère pour le rendre obéissant. Le pousser à relever son menton avec défiance, à rencontrer le regard de son maître tout en lui offrant son bras. C'était censé être un avertissement, des paroles utiles teintées de menace, mais cela s'est avéré être le putain de meilleur conseil que son père lui aurait jamais donné.

Car Lucius avait raison. La peur était puissante, destructrice au-delà de toute mesure. Au cours des années depuis la marque, Draco avait lui-même été témoin de cela. Il avait vu de près ce que la peur pouvait faire, même à l'homme le plus courageux.

La peur était du poison, une morsure de serpent qui commençait dans l'esprit et se glissait le long des veines et des muscles comme un cadavre sur un sol jusqu'à ce qu'elle dévore sa victime entièrement. Il avait vu la peur obscurcir l'esprit des généraux les plus impitoyables, les avait vus saisir leurs muscles et les rendre inutiles comme un cerf pris dans les phares d'une voiture. Paralysés par la peur.

Merde, la peur était un outil que Malfoy utilisait souvent lui-même lors d'interrogatoires. Il laissait ça devant les otages comme un pistolet chargé. Il observait sa croissance dans leurs yeux jusqu'à ce qu'ils divulguent des secrets dont ils n'auraient jamais rêvé de parler s'ils n'étaient pas si terrifiés par lui, par ce qu'il pourrait leur faire.
Et si la peur était un poison, alors l'occlumancie était l'antidote.

Malfoy supposait que cela convenait ; un parent lui donnait un pistolet chargé tandis que l'autre lui montrait comment utiliser un bouclier.

Les murs de l'occlumancie engourdissaient tout. Ils permettaient à Malfoy de plonger dans sa propre poitrine et d'extraire les émotions qui l'auraient autrement paralysé. La peur. La compassion. La culpabilité. Ce sont des choses dont il n'avait pas besoin quand il portait son masque à cornes. Des choses qui ne le feraient que reculer sur le champ de bataille. Les sons ne rebondissaient pas sur les murs glacés de la même manière qu'en plein air. Les cris étaient étouffés. Les appels à l'aide glissaient à la surface.

L'occlumancie lui permettait de se déconnecter. D'étouffer sa culpabilité et son empathie et de lui permettre de se concentrer sur la hache dans sa main et le sang à ses pieds.

Malfoy savait déjà qu'il devait son Masque de Démon à ce type de magie. Sans elle, il n'aurait pas pu gagner sa place aux côtés du Seigneur des Ténèbres, n'aurait jamais été assez impitoyable, sans peur et sans compassion, pour être jamais considéré comme le "démon préféré" de Voldemort.
L'occlumancie était la raison pour laquelle il pouvait laisser de côté la peur - la putain de désespération - qu'il avait ressentie quand il avait appris l'accident d'Astoria, et se concentrer plutôt sur la tâche que le Seigneur des Ténèbres lui avait confiée.

L'occlumancie était la raison pour laquelle Malfoy pouvait être assez impitoyable pour trancher les orteils du prêtre un par un, et être étrangement calme alors que le prêtre criait, sans que la crainte qu'Astoria meure ne le paralyse.

Malheureusement, cette peur avait déjà envahi Theo. L'idée qu'ils pourraient être trop tard pour la sauver, qu'elle était déjà morte, l'étouffait. Et Malfoy ne pouvait rien faire d'autre que de continuer sa tâche et laisser le poison se propager dans son système.
Ainsi, tandis que Draco torturait le prêtre au-delà de toute mesure, Nott était assis dans un coin de la pièce, totalement inutile.