16 avril
"Theo ... Je n'aime pas ça."
"Cela prendra une minute. Promis."
"Je me sens bête."
"Eh bien, c'est bizarre. Tu n'as pas l'air bête. Tu es magnifique."
"S'il te plaît, ne fais pas de blagues en ce moment. Je n'aime pas ça. Je ne vois rien !"
"C'est le but, Daph. C'est une surprise," Theo rigola derrière elle. Son souffle chatouillait l'arrière de son cou et faisait naître des frissons sur ses bras. "La première marche est juste devant toi, alors marche très prudemment -"
"Comment suis-je censée faire ça quand je ne peux pas foutrement voir où je vais ?!"
"Ne t'inquiète pas, je ne te laisserai pas marcher dans quoi que ce soit." Quand Daphné poussa un soupir irrité, il y eut une pause brève, puis Theo ajouta. "À moins que tu ne changes d'attitude, alors tu seras toute seule, femme."
Daphné savait qu'il ne parlait pas sérieusement, mais son cœur s'enfonça néanmoins. Ses paupières épaisses et artificielles papillonnèrent derrière les paumes de Theo. Elle détestait ça. Être dans le noir, ne pas pouvoir voir ce qui était devant elle... cela lui rappelait ...
Si quelqu'un d'autre que Theo lui avait demandé de faire cela, elle lui aurait dit d'aller se faire voir. Elle détestait être dans le noir de nos jours, même y penser la rendait un peu malade. Elle avait besoin de pouvoir voir tout autour d'elle en permanence, besoin de voir chaque recoin pour être sûre que personne ne pouvait l'attaquer furtivement.
Blaise disait qu'il n'y avait pas de honte à dormir avec une bougie allumée sur sa table de chevet, mais malgré tout, elle se sentait plus que légèrement idiote.
Daphné n'avait peur de rien avant. Mis à part la perte de sa famille, elle n'avait pas de phobies ou de peurs réelles. Elle n'avait pas peur des araignées, des hauteurs ou des bruits de la nuit.
Autrefois, elle pouvait massacrer une pièce pleine de gens sans même abîmer son maquillage. Autrefois, une armée de soldats moldus aurait pu pointer leurs fusils sur elle et son cœur n'aurait même pas manqué un battement, mais maintenant ? Les mains de son mari avaient couvert ses yeux pendant à peine trente secondes et la sueur perla sur ses tempes, ses genoux tremblaient de peur.
Daphné Nott, la plus redoutable Mangemorte femme ayant jamais existé, avait peur du foutu noir. Oh, Bellatrix aurait adoré ça.
Elle se haïssait de laisser cette peur irrationnelle se développer. Cela la faisait se sentir pathétique. Cela la faisait se sentir petite et impuissante et tout ce qu'elle n'était pas et ne voulait pas être, mais plus important encore, cela lui rappelait Crouch.
C'était le vrai problème. Cette peur du noir venait de lui. Ce qui avait été un jeu pour lui s'était transformé en un traumatisme paralysant pour elle.
Il le faisait tout le temps. Attendait jusqu'au milieu de la nuit, éteignait toutes les bougies dans son manoir et attendait qu'elle passe. Se cachait derrière les coins sombres et l'attaquait. Se barricadait dans une pièce avec elle puis la traquait. L'attrapait. Lui lançait des maléfices. La poignardait. La laissait en panique et terrifiée, incapable de voir d'où ou quand viendrait la prochaine attaque.
Ça avait duré des années, évolué et évolué jusqu'à ce que finalement, à chaque fois qu'elle se retrouvait dans une pièce sombre - chaque fois qu'elle ne pouvait pas voir - son adrénaline montait en flèche et son cœur lui battait la chamade, attendant qu'il la trouve, la capture, la...Cette nouvelle peur du noir n'était qu'une autre chose que Crouch avait laissée derrière lui et qu'elle devait désormais surmonter. Elle avait lu des parchemins sur le traumatisme et il était toujours décrit de deux façons ; soit le sujet avait l'impression qu'un monstre le traquait, l'empêchant d'oublier ce qui lui était arrivé, soit il avait l'impression qu'il y avait un énorme vide dans son corps, creusé par l'expérience traumatisante. La plupart des gens passaient leur guérison à lutter contre le monstre ou à essayer de reconstruire leur vie et de combler le vide, mais Daphne, elle ne ressentait aucune de ces choses.
Après ce qui lui était arrivé, elle se sentait... comblée, pas vide. Elle se sentait elle-même, mais pas elle-même.
Il y avait eu un vide autrefois, des douzaines d'entre eux, il y a des années et des années, mais Crouch les avait remplis. Il avait pris des morceaux d'elle, enlevé les choses qui lui étaient importantes, taillé ce qui la rendait elle-même et les avait ensuite remplacés par lui. Il avait comblé ces lacunes avec des parties de lui-même pour qu'elle ne puisse pas cesser de penser à lui.
Il avait pris son courage et lui avait laissé une peur du noir.
Il avait pris son esprit et sa passion et les avait remplacés par la peur d'être laissée seule.
Il lui avait volé des années d'avenir et les avait remplacées par des années de souvenirs de lui la torturant.
Il avait volé son amour, pris quelque chose qu'elle adorait putain - quelque chose qui la reliait à son mari - et l'avait transformé en une peur.
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Secrets and Masks
Fanfic(Traduction française de Secrets and Masks de Emerald_Slytherin, je ne fais que traduire cette fiction , elle ne m'appartient pas ) Neuf ans après la bataille de Poudlard, la guerre fait toujours rage et tout le monde a beaucoup changé depuis leurs...