Chapitre 30 : Zachary

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«L'instant du désespoir est unique, pur, sûr de lui-même, sans pitié dans ses conséquences, son pouvoir est sans merci.» - Albert Camus

J'ai passé le reste de la journée ainsi que de la nuit dans cette pièce que l'on appelle une chambre, j'ignore pourquoi, sans boire ni manger. Je n'avais envie d'aucun des deux de toute manière.

Les pleurs ont cessé au bout de quatre heures quand mes glandes lacrymales fut entièrement vidées. Dos contre le mur, mon regard est encré dans l'abyme qu'à creuser mon âme. Je ne sens plus l'air qui entre et sort de mes lèvres ou bien les battements de mon cœur. Ceux-ci se sont arrêtés dès l'instant où mes yeux se sont posés sur le visage livide d'Arthur.

J'ai si mal quand je pense à lui, mais je ne peux y échapper. Les stigmates sont encore trop récents. Mes pensées sont dirigées vers lui et j'en oublie presque la présence de son héritage qui habite dans mon ventre. Lui et moi en avons déjà discuté. Le moment n'était pas adéquate pour envisager un bébé alors que nous le voulions tous les deux. Dieu sait à quel point je le désirais. Il a été très probablement conçu lors de mes chaleurs, ce qui explique notre manque de précaution.

Avoir le fruit de cet amour qui surpasse l'infini et au delà du possible dans mon ventre est le plus beau cadeau qu'il puisse me faire, mais... Mais ces circonstances font de cette surprise un cadeau empoisonné.

Je ne le veux pas. Ce n'est pas de l'égoïsme, c'est pour son bien. Je ne peux me résoudre à le mettre au monde, sinon il ne connaître que souffrance et manipulation, tout comme moi et cela m'est insoutenable. Il ne connaîtra pas l'homme formidable, aimant et attentionné qu'était son père. À vrai dire, il ne me connaîtra pas non plus au vu des intentions d'Owen.

C'est peut-être cruel de ma part d'avouer que le meilleur scénario serait que je fasse une fausse couche et que je meurs avec lui. Il ne souffrira pas. Moi, oui, mais cette souffrance ne pourrait égaler celle que je ressens actuellement.

J'inspire une grande bolée d'air par le nez pour remplir mes pauvres poumons et surtout pour vérifier si je ne suis pas mort. En le faisant, mon odorat capte quelques notes de senteur boisée, dissimulées par celle de la transpiration. J'empoigne le col de mon chemisier, plonge ma tête en fermant les yeux et hume. Son odeur est encore très présente. Privé de la vue, mon esprit s'amuse à me torturer en envoyant des images de lui en train de me sourire. Il était capable de me plier à toutes ses volontés rien qu'en le faisant. Il illuminait ma vie et réchauffait ce cœur devenu glacial par son absence.

Maman, si tu m'entends, s'il te plaît, dit-lui que je l'aime. Je n'ai pas eu l'occasion de le lui dire avant qu'il ne parte. Et prends soin de lui, comme tu as pris soin de moi.

Je ne dois visiblement pas avoir assez pleurer, puisqu'une larme solitaire dévale ma joue.

Je sursaute en ouvrant les yeux quand la porte s'ouvre et qu'un homme se tient devant moi. Ayant du mal à m'accorder à la lumière présente dans le couloir, il me faut un temps pour reconnaître cette silhouette. Un élan d'espoir naît en voyant Dawyne, habillé dans une tenue inhabituelle, car peu formelle, comme si l'était chez lui en privé. Owen ne se sépare donc jamais de lui, préférant emmener son personnel avec lui partout où il va.

Son regard aussi n'est pas comme d'habitude. Il a l'air beaucoup moins sérieux dans son rôle de serviteur. Je l'aperçois par ses paupières tombantes et ses sourcils qui partent vers le bas.

— Tu dois te laver avant de petit déjeuner dans le salon.

Sa voix me confirme ma première impression. Je me souviens l'avoir entendu quand il a été en charge de ma protection lorsque Owen était en voyage d'affaire un peu avant... qu'il m'emmène dans cet hôtel.

Libère-moi de cette prison (omegaverse MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant