Chapitre 19 : Zachary

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«Le désir s'exprime par la caresse comme la pensée par le langage.» - Jean-Paul Sartre

Le lendemain matin.

Mais qu'est-ce qui m'a pris hier de m'endormir avec sa veste... C'était évident que ça allait se terminer comme ça.

Après avoir été aux toilettes - prétexte bidon, car je suis sûr que lui non plus ne l'a pas cru - j'ai dû le rejoindre pour le dîner. Il n'a rien dit par rapport à ça tout le long du repas, mais à en voir son sourire, il n'a fait que penser à ce qu'il avait vu. Il se retenait de rire, je le savais.

J'étais si embarrassé et je le suis toujours ce matin. À tel point que je descend les escaliers en mode furtif, comme si ça allait changer quoique ce soit.

Mes oreilles détectent du mouvement dans la cuisine et mon odorat, une senteur alléchante. J'ai beau la respirer plusieurs fois, je ne parviens pas à savoir ce que c'est. Alors j'avance jusqu'à l'apercevoir au fourneau, une poêle à la main, habillé d'un simple t-shirt blanc et d'un jean.

Même comme ça, il reste un homme magnifique.

Comme s'il avait entendu mes pensées, Arthur se retourne et me fixe, le sourire aux lèvres.

— Bonjour, dit-il avec entrain.

— Bonjour, je répond avec moins d'enthousiasme en sentant mes joues chauffer.

— Tu tombes très bien, le petit déjeuner est prêt. Tu peux t'installer.

Je vais m'asseoir et attend. En plus des couverts méticuleusement placés sur la table, il y a des fraises, du sirop d'érable ainsi que du beurre. Waouh, je ne sais pas ce qu'il a préparé, mais rien qu'à l'odeur, je me régale.

Il me rejoint quelques secondes plus tard avec une assiette bien remplie dans les mains qui n'est d'autre qu'une pile de...

— Pancakes. En as-tu déjà goûté ?

Je secoue la tête et je le laisse poursuivre sa présentation tandis qu'il s'assit en face de moi.

— Niveau texture et goût, ça ressemble à des crêpes. On en faisait souvent à la maison et tu verras, c'est délicieux. Enfin, pas pour tout le monde, mais la majorité. À vrai dire, je ne comprend pas comment on ne peut pas aimer ça.

Il me tend la grosse assiette et j'en prend deux.

— Ce qui est super avec les pancakes, c'est que tu peux mettre ce que tu veux dessus. Certains mettent du bacon, mais je n'ai pas pensé a en prendre.

Je sélectionne trois fraises et verse du sirop d'érable.

— Ce n'est pas grave. Je n'en avais pas envie de toute façon. Je préfère le sucré.

— J'ai remarqué, en effet, dit-il en se servant à son tour en emportant un peu tout de chaque.

Nos regards se croisent et je peux y lire de la tendresse. C'est vrai qu'être enfermé ensemble nous permet de mieux observer notre colocataire. Je ne sais pas si c'est un avantage ou un inconvénient. Ça dépend peut-être du contexte et de la relation qu'entretient les individus.

Je laisse de côté mes pensées, le temps de goûter ce merveilleux petit déjeuner préparé par un homme qu'il l'est tout autant.

Sérieusement, je ne comprend pas pourquoi on m'a lié avec quelqu'un d'aussi... différent que moi. Il mérite mieux. Mieux qu'une personne brisée tant elle a été utilisée. Mais cela ne veut pas dire que je méritais Owen. Depuis qu'Arthur m'a ouvert les yeux, je prend de plus en plus conscience de l'ampleur du traumatisme que j'ai eu durant ces dernières années. Je crois que tout à commencé quand ma mère m'a quitté. À sa mort, tous mes espoirs se sont envolés, y compris celui de vivre. Je n'étais qu'une coquille vide, dépourvu de joie. Auparavant, c'était celle-ci qui me portait. Ma maman m'appelait souvent « mon petit rayon de soleil ». À présent, son « petit rayon de soleil » s'est transformé en nuage noir, car il n'y a pas de lumière sans soleil. Tout simplement. La privation de lumière ne fait qu'accroître l'obscurité, jusqu'à ce que cette dernière devienne si dense qu'on peut la confondre avec les abysses.

Libère-moi de cette prison (omegaverse MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant