Chapitre 6 : Arthur

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«La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent.» - Daniel Defoe

Après la rencontre.

En le regardant suivre cet enfoiré tel un petit chien au claquement de doigts de son maître, je ne les avais pas quitté des yeux jusqu'à ce qu'ils entrent dans une voiture noire aux vitres teintées. Elle les attendait devant le building, chauffeur et un garde du corps compris. Ce dernier avait une arme à l'intérieur de sa veste bien à la vue de tous. Un bon moyen de persuasion.

Owen Price n'est définitivement pas un homme ordinaire. Je ne peux pas l'approcher aussi facilement que je le croyais. Je paris qu'il doit avoir une baraque rempli de caméra de surveillances en plus de ses gorilles postés partout où il va.

Assis dans ma voiture, j'effectue quelques recherches sur mon téléphone. N'importe quoi qui peut me permettre de savoir qui est cette enflure. Dans la barre Google, je met son nom ainsi que son prénom. Il ne suffit que de ça pour les sites internet, des photos et des articles s'additionnent en un clin d'œil. Je passe bien quinze minutes penché sur mon téléphone. Ce n'est pas le nombre de réponses qui me surprend, mais le fait qu'il n'y a aucune photo et probablement aucune mention de l'omega.

Rien.

Comme s'il n'existait pas, qu'il vivait caché... ou pire encore.

Prisonier.

À cette sinistre idée, tous les muscles de mon corps se contractent. Ma mâchoire se serre de la même manière que mes poings. Des images défilent malgré mes paupières fermées. Des images de cet homme en train de violenter l'omega au corps tuméfié. Peut-être était-il blessé à ce moment-là. En tout cas je n'avais rien remarqué. Et le fait qu'il cache potentiellement sa douleur derrière ses vêtements me met en rage. Je ne maîtrise plus mes gestes et tape le volant. Par miracle, le klaxon ne s'enclenche pas.

Je sais que ça peut paraître absurde de se préoccuper d'un inconnu, mais le lien qui nous unit, ce que j'ai ressenti, est plus profond qu'il n'y parait. À vrai dire, même si ça n'avait pas était mon omega - mais je suis certain qu'il l'est - j'aurais tout de même réagit. Tout simplement parce que je suis un être humain plein de compassion qui a en horreur l'injustice et la violence. Le fait que ce soit mon compagnon destiné rend la chose plus insupportable.

Et je l'ai laissé partir avec lui.

Me sentant honteux, j'ouvre le yeux et essai de me calmer en mettant mon poing devant ma bouche, étouffant des insultes que mes mères ne seront pas ravis d'entendre si elles étaient là. Sans déconner, même à trente deux ans elles seraient capables de me sermonner. C'est pas comme si elles en disaient aussi... Mais bon, j'ai bien trop peur des répercussions pour leur faire la remarque.

Ma crâne posé contre l'appuie tête, j'observe les piétons qui traversent, les voitures qui s'arrêtent, le feu qui passe au rouge et les passants qui entrent dans les boutiques... Les battements de mon cœur se font plus régulier à mesure que ma respiration reprenne un rythme normal. J'inspire et expire par la bouche et tente de réfléchir. Hélas, je ne vois pas deux solutions, mais qu'une.

Je me redresse, clipse ma ceinture et ma main vient attraper ma clé. J'enclenche le moteur qui gronde dès l'instant où je tourne le poignet et quitte mon emplacement pour foncer tout droit vers le commissariat le plus proche à dix minutes. Pendant le chemin, mon esprit fourmille d'images de cet omega au regard terrorisé. Son visage ne quitte pas mes songes et je manque de brûler un feu rouge, ou deux.

Je gare ma voiture dans le parking des visiteurs du commissariat, sors hâtivement et monte le peu de marches qui me séparent de la porte d'entrée.

Cela fait si longtemps que je n'avais pas été aussi remonté. Impossible de me souvenir quand exactement. C'est tant mieux me dira-t-on. Cela prouve que mon existence, jusqu'à aujourd'hui, a été paisible.

Libère-moi de cette prison (omegaverse MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant