Une véritable gêne. J'eus l'habitude que des personnes me prennent pour leur amie, mais Aika avait quelque chose de plus... irritant. Même Ryoba, que je venais de retrouver en ce début de semaine, fut surprise.
Après avoir justifié une conversation privée, la fille finit par partir. Dès qu'elle quitta le toit, je ne pus m'empêcher de pousser un soupir de soulagement.
"Pitié Ryoba-chan," prononçai-je d'un ton désespéré, "dis-moi que tu as des informations sur cette fille pour que je m'en débarrasse le plus vite possible. Elle est super bizarre !"
La novice avait écarquillé les yeux face à ma réaction. Mais ensuite, elle gloussa d'un ton amusé avant de sortir de son sac son petit calepin. Elle feuilleta les pages silencieusement, puis me répondit d'un ton calme :
"Itohouë Aika... Elle est dans la classe 1-1, et... Ah oui, je m'en souviens. C'est une fille à problème. Elle avait la réputation de draguer tous les garçons de l'école et d'être une vraie faiseuse d'histoires."
-Comment ça ?
-Il y a une rumeur comme quoi elle aurait soudoyé de manière spécifique le principal Shuyona pour s'inscrire à Akademi. Et c'est quelqu'un qui commère beaucoup. En réalité, elle n'avait aucun ami ici.
Donc la fille que j'avais aidée le week-end précédent était une personne à problème. Rien que d'imaginer qu'elle me suivrait partout me mettait mal à l'aise.
Cependant, lorsque je regardai à nouveau Ryoba, je vis un sourire se dessiner sur son visage alors qu'elle relisait ses notes. Quand je lui demandai ce qu'elle avait à l'esprit, la novice rangea son bloc-notes avant de s'approcher et de prononcer d'un petit ton bas :
"J'ai des nouvelles. Une nouvelle fille s'intéresse à mon senpai. Et ta nouvelle amie peut nous aider à nous en débarrasser."
-Ah bon ? Explique ton idée, novice.
Par la suite, Ryoba m'invita à revenir au rez-de-chaussée et me montra le nouvel article du journal d'Akademi qui venait tout juste d'être accroché. Je m'en approchai pour le lire, parmi des élèves déjà positionnés devant la grande fiche.
L'article principal parlait du retour d'une élève. Pour résumer le passage, il est dit que la fille s'appelait Funakoshi Komako, et qu'elle était la coqueluche de l'école. Elle représentait la future miko parfaite : belle, intelligente, culturelle, traditionnelle. Bref, le concept de "Yamato Nadeshiko".
Une miko est une femme traditionnelle qui se met au service d'un temple shintoïste. Et Yamato Nadeshiko est un terme désignant la femme japonaise idéale avec tous les critères cités précédemment.
"Je vois... Une véritable représentation de la femme traditionnelle."
À la fin des années 80, les femmes traditionnelles existaient de moins en moins. Donc ce type de fille gardant toutes ces qualités et restant dans les vieilles traditions devenait très rare.
Cet article me débloqua un souvenir. Quand j'étais petite, je rêvais de devenir une miko. Je rêvais de me vouer à la tradition du shintoïsme, de m'habiller avec des tenues traditionnelles et d'être au service de la culture japonaise. Cependant, ma couleur de cheveux a toujours dérangé mes aînées. Et ma mère refusait de me teindre les cheveux en une couleur plus terne.
Les années ont passé, puis j'ai rencontré Yasuo.
Mais les paroles de la novice me sortirent de mes pensées :
"Regarde, elle est juste là."
Et dans l'élan, je me tournai sur ma droite, apercevant une scène étonnante.
Accompagnée d'une foule d'élèves qui la suivaient et parlaient, marchait lentement une personne que je n'avais jamais vue. Des longs cheveux noirs parfaitement coupés et une frange, dans lesquels se trouvait une fleur blanche violette, des yeux ronds et violets, une peau aussi blanche que la mienne, un uniforme parfaitement repassé et des collants blancs.
Oui, nul doute que c'était celle qui incarnait Yamato Nadeshiko.
Funakoshi Komako.
J'avais jalousé Teiko pour son intelligence... Mais ce n'était finalement pas elle, la miss parfaite. Non. C'était Komako qui réalisait mon rêve d'enfance à ma place.
J'en fis une fois de plus une affaire personnelle.
Quand elle passa près de nous, son regard se posa sur moi. Elle s'inclina légèrement en signe de respect en gardant un sourire bien trop chaleureux. Et puis, elle traversa avec les autres élèves. Je ne quittai pas mon regard d'elle. J'entendais autour de moi les élèves murmurer des louanges à propos de cette fille, disant qu'elle était belle, qu'elle était gentille...
Et quand elle fut assez loin, je ne pus m'empêcher de dire à Ryoba :
"Si tu ne fais pas quelque chose, Yudasei ne pourrait pas refuser ses sentiments."
Je sentis son regard vide sur moi avant que je détachasse mon regard pour finalement regarder ma kohai. Et je finis par acquiescer de la tête pour donner mon accord pour l'aider.
C'est pendant la pause repas que nous discutâmes d'un certain plan. Ryoba retint la leçon car elle donna une idée pour éliminer Komako d'Akademi pacifiquement.
Ruiner sa réputation. Ruiner sa vie.
C'était parfait. Cette idée me plaisait beaucoup. Mais le plus dur était : Comment arriver à ruiner sa réputation de fille parfaite ?
À l'époque, il n'y avait pas internet. C'était bien plus compliqué. Et la seule fois où j'avais tenté une méthode similaire, ça m'avait pris des semaines pour que la fille n'ait plus d'amis. Mais Ryoba n'avait pas mon temps. Elle voulait que Komako soit hors d'état de nuire avant vendredi.
"C'est dingue comment les filles d'ici veulent vite avouer leurs sentiments." prononçais-je entre deux bouchées de mon onigiri. "Contrairement à toi."
-Je n'aime pas ce ton, Tara-chan.
-Déjà tu as obligatoirement besoin de mon aide là-dessus. Mais si on commence à raconter n'importe quoi à n'importe qui, c'est notre réputation qui sera en jeu. Ok nous avions une bonne réputation chacune et des personnes qui nous considère comme leur amies. Mais sans quelque chose de concrets...
Ryoba savait que j'avais raison. Pour détruire une réputation aussi solide que celle de Komako, il nous fallait quelque chose de vrai mais d'horrible à son sujet.
"Si j'avais quelque chose, je peux me débrouiller pour en faire un article, vu que je suis membre du club de journalisme." ajouta Ryoba en se repositionnant sur le banc.
-D'accord, mais ça aussi c'est risqué. Même si tu t'entends bien avec les autres, je ne suis pas sûre qu'ils accepteraient que tu utilises le journal pour faire tourner une rumeur sur une fille aussi pure que Funakoshi. A moins... Que la rumeur en question circule déjà au moment où tu proposes.
Et en prononçant ces dernières paroles, une soudaine idée me venue. On avait besoin d'information sur Komako, quelque chose d'assez solide mais vrai à son sujet. Puis, il nous fallait dévoiler ce secret aux personnes les plus commères d'Akademi.
Et en voyant depuis notre place Aika s'approcher de la fontaine pour d'y installer, je me souvenais de ce que m'avait dit Ryoba plus tôt dans la matinée.
"... Ryoba-chan. Tu m'as bien dit que Itohouë était une commère, pas vrai ?"
-Je confirme.
-Tu accepterais une aide extérieure...? Essaie de trouver des informations. Moi, je me charge du talent de cette fille.
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{ YS } Le NEW Double Jeu : 1989
Fanfic1989. Quelques années qu'Akademi High School, une école crée par le fondateur de la SAIKOU Corporation, a ouvert ses portes en tant qu'école d'élite. Cette école a été totalement imaginée par l'héritière de l'entreprise mondialement connue. Alors qu...