14 - El : Dancing till dawn

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Trois heures plus tôt...

L'intérieur est sombre, l'air tranché de lasers virevoltant dans toutes les directions. Le son bat dans nos oreilles, comme un tambour, comme un cœur amoureux. Immédiatement, la ferveur de l'endroit nous envahit : l'air chaud, la fumée, l'odeur de l'alcool et de corps remuant depuis déjà plusieurs heures... Une masse de danseurs et de danseuses, se déhanchant sur un même rythme dans un collé-serré endiablé et sensuel. La musique ensorcelle, nous projette dans une autre dimension.

Le groupe monte l'escalier devant nous, se faufilant entre les passants qui se raréfient au fur et à mesure. L'étage supérieur est bien moins fréquenté, ce qui me convient parfaitement. Je lis sur une pancarte, placardée contre le mur : VIP Area.

— Nous sommes dans l'Espace VIP ? crié-je à l'oreille d'Aspen, tentant de me faire entendre.

— Gabriel n'est pas un inconnu de la boîte. Il a travaillé plusieurs fois ici, m'explique-t-il.

— Travaillé ?

Il acquiesce, mais n'a pas le temps de m'en dire davantage que nous sommes traînés jusqu'au bar.

— Il est hors de question que je danse sobre ! avance Kaia, qui se laisse tomber sur l'un des tabourets. Noah, Aspen, vous êtes toujours nos conducteurs pour le retour ?

Les deux garçons acquiescent, et quelques secondes plus tard, la jeune fille commande des shots. Tout le monde s'installe au comptoir, et le barman se retrouve vite débordé de commandes. J'opte pour un whisky-coca bien corsé ; aujourd'hui, je n'irais pas doucement.

Les verres s'enchaînent. Je ne sais plus depuis combien de temps je me trouve ici ni où je suis, exactement. Ma tête tourne, je ne parviens plus qu'à me concentrer sur la musique. Mon corps heurte d'autres corps, des cheveux frôlent mes joues. Mes pieds heurtent le sol au rythme de la musique, qui semble prendre possession de chaque cellule de mon corps.

Je me sens bien. En fait, je n'ai jamais été aussi sereine depuis bien longtemps. Ici, maintenant, plus rien n'a d'importance. Il faut juste chanter, danser, jusqu'au bout de la nuit, sans s'arrêter. Qu'importe si ma gorge en est tout irritée, qu'importe si les ampoules envahissent mes pieds. Je ne veux pas m'arrêter : je ne pense à rien, et c'est très bien ainsi.

When the lights turned down, they dont know what they heard

Strike the match, play it loud, giving love to the world

We'll be raising our hands, shining up to the sky

Cause we got the fire, fire, fire, yeah we got the fire fire fire

Le tempo berce mes oreilles, guide les battements de mon cœur, m'emporte comme le ferait une vague. Je lève les bras, caresse mes cheveux — qui doivent être dans un sacré bordel, à force. Je remue mes hanches, tourne sur moi-même, tout en fermant les yeux. Les paroles de la chanson s'infiltrent en moi comme un flux chaud et électrique, et je ne veux qu'écouter qu'elles. Je n'entends qu'elles. J'oublie tout.

And we gonna let it burn burn burn burn

We gonna let it burn burn burn burn

Gonna let it burn burn burn burn

We gonna let it burn burn burn burn

Le rythme monte en puissance et la marée humaine qui m'entourent se met à sauter, les bras en l'air, hurlant les paroles comme s'ils en avaient besoin pour respirer. Les lumières installées au plafond parcourent l'espace et l'illuminent de bleu, de violet, de jaune... Un brouillard s'élève, émis de deux machines autour de la piste de danse.

Follow your fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant