15 - Phoebe : Talk to me

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Tu es le genre de femme qu'on garde et qu'on épouse, Phœbe.

Je souris bêtement, en ramenant mon verre à mes lèvres. Voilà bien une heure que Connor et moi sommes sortis dehors, et ma vie n'a jamais été meilleure. Je lui glisse un regard : il discute à côté de moi, avec Fallen et Kaia. Il rayonne. Quand il me surprend en train de l'observer, il me fait un clin d'œil. Sa main frôle mon dos. J'ai presque la sensation d'avoir retrouvé mon meilleur ami, celui que j'ai quitté, il y a deux ans. Presque, parce que... quelque chose a changé, c'est indéniable.

Mes joues sont brûlantes. Je secoue la tête, perchée sur le tabouret du bar. Je n'ai plus de pieds. Nous sommes bien restés quarante minutes sur cette piste — le maximum que j'ai pu faire. Autrement, Connor aurait dû me ramener sur son épaule.

Mon sourire faiblit brutalement tandis que je remarque Aspen arriver... avec dans ses bras Éléonore, en larmes. Je me redresse aussitôt, et bondis sur mes pieds — tant pis pour mes ampoules. Connor fronce les sourcils, m'interrogeant du regard. Mes yeux sont fixés sur nos amis qui nous rejoignent, et je m'exclame :

— Aspen... Éléonore ? Que s'est-il passé ?

— Tyler l'a... touchée, sans son consentement, nous répond Aspen, le regard noir.

Silence. Connor est le premier à sortir de l'état de choc dans lequel nous sommes plongés. Il articule, d'une voix transpirant la haine, et qui me glace le sang :

— Où est-il ?

— Encore sur le toit, mais il n'y restera pas longtemps. Je lui ai dit de dégager.

— Il faut prévenir la police, déclaré-je, tentant de rassembler mes esprits. Utiliser les poings n'arrangera pas les choses, Connor, ajouté-je en posant ma main sur son bras, que je sentais s'agiter.

— Peut-être, mais ça fait un bien fou, rétorque Aspen, d'un ton sec. Bon, je la ramène à la maison, on va prendre un taxi.

— Non, l'interrompt Connor, en lui lançant ses clés. Prends ma voiture, vous serez plus vite arrivés.

Aspen l'observe une seconde, comme s'il peinait à croire que son ami lui ait prêté sa voiture adorée, puis hoche la tête. Le regard qu'il lui jette vaut mille mots : Merci.

— Nous prendrons le taxi, intervient Noah. De toute façon, personne n'aurait pu conduire la deuxième voiture maintenant que tu t'en vas.

Aspen hoche la tête et, Éléonore dans ses bras, fend la foule pour rejoindre la sortie. Un haut-le-cœur me prend tandis que je détaille l'expression d'Éléonore : blanche comme un linge, le regard vide, les joues recouvertes de larmes et de trainées noires. L'espace d'un instant, je m'imagine sa place, et je préfère fermer les yeux. Le mouvement brusque de Connor, qui bouscule un tabouret en voulant me dépasser, me réveille.

— Je vais le...

— Tu ne vas rien faire du tout, le retiens-je en lui attrapant le bras. On va appeler la police, rentrer à la maison, et Éléonore ira porter plainte demain. Il est hors de question que tu passes la nuit au commissariat pour le simple plaisir d'en coller une à cette brute.

— Phœbe a raison, me soutient Noah. Je crois qu'on a tous besoin de dormir. Je vais chercher les autres, ajoute-t-il en s'éloignant.

J'observe mon ami s'éloigner, et me tourne vers Connor. Ce dernier s'est rassis sur un tabouret du bar, presque affalé sur le comptoir. Ses épaules sont tendues à l'extrême, et je peux voir les veines de son cou gonfler. Je reste immobile, hésitante. Ma main flotte un instant dans le vide, au-dessus de son dos, hésitante.

Follow your fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant