Follow your fire

38 - El : Something just like this

Nous fixons le Ranking Board d'un air ahuri, une, deux, trois secondes.

Puis la foule hurle, et nous hurlons avec elle.

17,18.

Connor est deuxième au Championship Tour de la World Surf League. À 21 ans.

Et Aspen est troisième.

Les deux meilleurs amis sont sur le podium.

Mon coeur bat si vite qu'il va exploser, et je hurle, hurle, hurle encore, à m'époumoner. Ma gorge en est presque douloureuse, mais je m'en fiche. Les paparazzis, la foule, les caméras ; plus rien n'a d'importance.

Phoebe me secoue par les épaules, une joie immense dans ses yeux bruns. Elle tremble, le regard fou, et je suis son reflet. Nous sautons ensemble, main dans la main, envoyant valser le sable sur nos affaires. Cora et Fallen se joignent à nous, elles-mêmes prises d'hystérie. Gabriel surgit par-derrière, et fait voler sa copine autour de lui. Cora émet un bruit à la limite entre le rire et le hurlement. Noah a entremêlé ses doigts dans ses cheveux, les coudes au-dessous de sa tête, ses yeux gris encore fixés sur le tableau des scores — sur l'écran qui affichent les portraits du Français, de Connor et d'Aspen. Quand ils s'en détachent et dévient sur nous, ils sont ronds comme des soucoupes. Le choc est évident sur son visage.

— Il faut les retrouver, s'exclame alors Fallen, qui semble retrouver une certaine lucidité.

Nous opinons, à court de mots, et ramassons à la hâte nos affaires. La seconde d'après, nous fendons la foule comme un troupeau en cavale, fonçant droit sur les tentes des surfers. Les caméras et les journalistes s'y trouvent déjà. Un instinct primaire m'incite à rajuster mon chapeau et mes lunettes, et à me cacher du mieux possible derrière mes amis — même si, à cet instant, je n'en ai plus rien à faire. Je veux retrouver Aspen et Connor, et les féliciter. Impossible que cette deuxième place n'ait pas attiré l'attention des recruteurs et des marques — Connor passera pro, que son père le veuille ou non.

Un petit bruit s'échappe des lèvres de Phoebe, comme un gémissement, puis elle détale, ses longs cheveux bruns volant derrière elle. Droit devant, à seulement quelques mètres, Connor et Aspen s'enlacent, le visage plongé dans l'épaule de l'autre. Je n'ai jamais rien vu de si beau. Je m'élance derrière Phoebe, tandis qu'elle crie le prénom de Connor. Il relève la tête. Ses yeux ambres s'illuminent tandis qu'il la voit. Aspen se défait de leur étreinte, et me remarque, à son tour. Un immense sourire barre son visage, et il bondit, les bras grands ouverts. J'ouvre les miens, courant si vite que je crois voler. Phoebe rencontre les bras de Connor avec une seconde d'avance : il l'enlace comme si sa vie en dépendait, son visage dans son cou, et elle disparaît presque dans leur étreinte. Puis les mains d'Aspen enserre ma taille, mon dos, et les miennes se perdent dans son cou, ses cheveux, et je l'embrasse avec force — presque avec violence. Il y répond avec la même intensité, et je me sens prête à défaillir sous le poids de l'amour que je ressens à cet instant. Ses paumes enveloppent mes joues, caressent mes épaules, le creux de mes hanches. Je suis à bout de souffle lorsque ses lèvres quittent les miennes, et qu'il se recule légèrement, son regard chocolat plongé dans le mien. Nos poitrines se soulèvent en rythme, et nous ne pipons pas un mot. L'espace de cet instant, nous ne sommes plus de ce monde. Un large sourire étire ses lèvres pleines, et de peu, je l'embrasserai à nouveau. Il ferme les yeux, et son front se pose contre le mien, tandis que nous reprenons notre respiration. S'il ne me tenait pas par les hanches, je me serais écroulée contre lui.

Un cri s'élève derrière nous, et Kaia surgit depuis on-ne-sait-où. Je veux m'éloigner pour la laisser féliciter ses amis, mais Aspen me garde contre lui et l'étreint d'un seul bras, l'autre toujours enroulé autour de ma taille. Je suis encore trop sonnée pour saisir ce que lui dit la surfeuse — mais à son débit de parole, je sais qu'elle est très excitée.