27 appels manqués de : Emy.
Emy vous a laissé cinq messages sur votre boîte vocale.
6 messages de : François.
Je fais défiler distraitement les notifications sur l'écran d'accueil de mon téléphone. Mon cœur vibre comme les ailes d'un colibri. Mon doigt oscille au-dessus d'elles. Pourquoi est-ce que tout le monde s'excite, tout à coup ?
Je finis par toucher l'un des messages de mon père, la curiosité l'emportant sur ma nonchalance feinte :
François
Cette comédie a assez duré, Éléonore. Tu dois rentrer à Paris, ou je viens te chercher moi-même.
Ce message date d'hier soir. Les suivants ne sont pas meilleurs : « Ce n'est pas comme ça que je t'ai éduquée. Tu fais preuve d'un manque de professionnalisme qui coûte actuellement très cher à notre image. » ; « Si tu continues comme ça, tu n'auras plus de clients vers qui revenir du tout. »
Je ne prends pas la peine de lire le reste. J'éteins mon téléphone tandis que la fureur me pince le nez, et que je sens les larmes monter. Et moi qui croyais que ces quelques semaines de silence de sa part étaient la preuve qu'il avait fini par comprendre... mais il faut croire que mon père n'a jamais pensé à autre chose qu'à son entreprise. Maman, qu'est-ce que tu as vu en lui ?
Et s'il espère me faire rentrer en France avec de tels messages, il marque contre son camp, parce que l'envie de rester ici n'aura jamais été aussi forte. C'est vrai, après tout ? Pourquoi ne pas faire ma vie en Australie, et travailler d'ici ? Cette pensée suffit à calmer les émotions négatives qui se réveillaient dangereusement. J'arrive même à esquisser un sourire lorsque je m'imagine grandir et vieillir avec cette bande que j'ai appris à aimer comme des frères. Et Aspen. Oh, Aspen, bien sûr. Mes joues rosissent, rien qu'à l'idée d'explorer ce feu d'artifice que je sens crépiter entre nous.
Comme convoqué par mes pensées, la voix de mon petit-ami résonne dans mon dos.
— Ah, tu es là, murmure-t-il. Déjà réveillée, à ce que je vois.
Et il se penche, pour planter un baiser sur mon front. Assise sur le canapé du pont du bateau, je penche la tête en arrière pour demander un vrai baiser. Il s'exécute sans attendre, une lueur de malice dans ses yeux chocolat.
— Il est neuf heures, répondis-je simplement.
— Dis ça à Cora et Gab.
Je ris.
— On ne va pas tarder à partir, m'annonce-t-il alors, en désignant Connor et Kaia, derrière lui. On fait les cent pas depuis sept heures du matin, de toute façon.
J'opine. La semaine qui séparait les World Qualifying Series de la World Surf League s'est écoulée, et le grand jour est arrivé. Inutile de dire que tout le monde est à cran, certains plus que d'autres. Aspen est bien le plus calme des trois champions ; Connor, le plus nerveux. Il n'a jamais voulu nous dire pourquoi, soudainement, il était descendu du nuage rose sur lequel il flottait depuis plusieurs jours. Mais personne ici n'est dupe. On n'a eu qu'à additionner deux et deux, surtout en constatant que Phœbe se terre dans sa cabine ou dans des cafés, les yeux souvent confis et rouges — ils se sont disputés, et depuis, font mine que l'autre n'existe pas ; ou, plus précisément, Connor fait comme si Phœbe n'existait pas. Le jeune surfer ne lui adresse pas un regard, pas un mot depuis trois jours. Et le fait que Phœbe ne riposte pas en dit long sur sa part de responsabilité dans le conflit. « Ça leur passera », avait murmuré Aspen, mais l'inquiétude que j'ai lue dans ses yeux m'a retourné l'estomac.
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Follow your fire
Romance"Il faut suivre son coeur, suivre sa flamme, faire de notre feu intérieur le phare de notre vie. Quitte à se brûler un peu au passage, parce que ça en vaut la peine." Eléonore est une mannequin française de renommée internationale. Elle devrait êtr...