18 - Phoebe : Good person, good time

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— Ça va être une soirée de folie, s'extasie Fallen en tapant dans ses mains, tandis que nous grimpons dans le cabriolet bleu que Gabriel a gentiment accepté de nous prêter.

— Je rêve d'un énorme hot dog avec plein de sauce BBQ, renchérit Kaia, la salive au bord de la lèvre.

Elle secoue ses cheveux, encore pleins de sable malgré la rapide douche qu'elle vient de prendre.

— Le contraire m'aurait étonné, rit Cora. Surtout après deux jours de surf intensif.

Elle me lance les clés, et je l'interroge du regard.

— Conduis, je fais DJ, me répond-elle, comme si c'était une évidence.

Je lève les yeux au ciel, mais j'ai le cœur léger. Après trois jours aussi étranges, je suis moi aussi bien heureuse de me faire une soirée uniquement entre filles.

— El ! Tu viens ?

Kaia fait de grands gestes, presque debout sur le rebord de la fenêtre. Éléonore se trouve sur le trottoir en face de la maison de Kaia et Fallen. Les garçons s'y tiennent encore, discutant gaiement. Ils rentrent tout juste de leur session surf, et vu les étoiles dans leurs yeux, ils ont eu de supers vagues. Éléonore étreint Aspen une longue seconde, avant de se détacher et de se tourner vers nous, un sourire timide aux lèvres. Le jeune homme laisse traîner sa main sur son bras tandis qu'elle s'éloigne. Il la retient par le poignet une seconde de trop, et lui murmure quelque chose que je ne peux pas entendre. Je remarque que la lueur triste qui ternissait le regard de la belle Française depuis quelques jours s'est envolée. Aspen a cet effet-là sur les gens, certes — mais avec Éléonore, c'est différent. Il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer qu'il se passe quelque chose entre ces deux-là. Je suis contente pour mon ami. Ces deux derniers jours, j'ai appris à mieux connaître Éléonore. Elle n'avait pas trop la tête à sortir, alors nous étions souvent au Shelter ensemble, tandis que Cora faisait son service. Je lisais, j'étudiais, et El' donnait un coup de main pour servir ou nettoyer — quand nous n'étions pas simplement autour d'un smoothie à papoter. En définitive, sous ses airs de jeune fille invincible, elle protège ses propres failles et cache ses propres cicatrices.

— Désolée, s'excuse la Française en se hissant dans la voiture, d'un mouvement souple et agile malgré ses talons.

— Tout le monde est là ? demandé-je, tandis que les premières notes de Hymn for the Weekend de Coldplay résonnent dans l'habitacle.

Les filles me répondent par un « oui » enthousiaste, et je démarre le moteur. À ce moment-là, Connor pose la main sur le rebord de ma fenêtre ouverte.

— Soyez prudentes.

Puis, avant d'ajouter d'un ton plus léger, plus désinvolte, malgré la gravité dans ses yeux :

— Le chargement de ce véhicule m'est très précieux.

Il ponctue sa réplique d'un clin d'œil, et je sens mes joues s'échauffer. Je souris, et lui assure que tout ira bien. Il opine, et retire sa main. Je démarre, et une sensation amère se glisse dans ma poitrine tandis que je le regarde devenir de plus en plus petit, dans le rétroviseur. Je n'ai pas eu plus d'une demi-heure avec lui depuis cette nuit où nous nous sommes endormis sur le canapé. À mon réveil, ce matin-là, il était déjà parti s'entraîner... je le soupçonne d'avoir trouvé une échappatoire dans cette séance du matin.

Je balaie ces pensées, et me concentre sur la route. « Le chargement de ce véhicule m'est très précieux ». Je secoue la tête, un sourire fleurissant à la commissure de ma lèvre.

*

— Tu es vraiment mauvaise perdante, soupiré-je, ma voix se confondant avec le vacarme de la salle d'arcade.

Follow your fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant