[TERMINEE] - Spectrum

Chapitre I : Adam

Chapitre premier : Adam

Une nouvelle maison pour une nouvelle vie. Mes derniers gros bagages s'échouent lourdement sur le sol en marbre ancien du salon et je m'autorise enfin un regard dans mon nouveau chez-moi. Cette maison au charme d'antan m'a tout de suite plu, je me suis retrouvé comme envouté par le jardin et la ville environnante et en l'espace de quelques mois, je lâchais mon poste à la capitale pour poser mes valises dans ce petit hameau de verdure. En cette belle après-midi de printemps, les rayons de soleil filtrés par le vitrail de la porte d'entrée dépose sur le sol une multitude de taches de couleur amenant vie et fraicheur dans cette ancienne bâtisse.

Je m'approche de l'entrée et touche du bout des doigts la rose majestueuse qui se dessine au travers des petits carreaux de couleur. C'est une fleur solitaire, dont quelques pétales semblent s'être échouées sur le sol, n'enlevant rien à la beauté et la majestuosité de la fleur. Je continue mon observation en retournant dans le salon, mes yeux voyagent, détaillant la bâtisse sous toutes ses coutures, s'attardant sur le moindre détail, les moulures au plafond, les meubles en chêne taillés à la main et bordés de rainures couleur or, les tuyauteries en cuivre qui ressortant des murs et témoigne du grand âge de cette maison, ce sont tous ces petits détails qui m'ont séduit. Cette demeure en pierre datant de la renaissance a traversée les époques, si bien que les divers occupants ont chacun pris le loisir de la remettre au gout du jour, y ajoutant leur touche personnelle, ne conservant que la façade originelle. Divers styles architecturaux se rencontrent ici pour donner un mélange tout à fait passionnant. Chaque recoin offre une nouvelle surprise. Un nouveau cadeau.

Un claquement de porte me fait sursauter et je m'autorise un regard curieux par les grandes fenêtres du salon pour constater qu'une berline noire s'est garé devant ma maison. Un homme bourru, la soixantaine, s'en extirpe et je reconnais monsieur le maire. Je sors immédiatement pour l'accueillir. Après tout, il est l'homme qui m'a offert cette bâtisse.

— Bonjour, je m'exclame depuis le perron, il m'offre un grand signe de main et je me permets de rajouter, je vous en prie, entrez.

Il se dandine d'un pied à l'autre, semblant un peu gauche et m'offre une mine étrange avant de m'avouer.

— Si cela ne vous dérange pas, je préfère discuter à l'extérieur, après tout, nous avons un temps magnifique, autant en profiter.

— Bien sûr, je vous comprends, promenons-nous dans le jardin.

Nouvelle grimace de sa part et je fronce les sourcils lorsqu'il rajoute.

— Vous ne préférez pas vous balader dans le quartier, histoire de faire la connaissance de vos voisins ?

Je tique un instant avant d'accepter sa proposition, après tout, j'aurais largement le temps d'explorer cette maison plus tard, puisque c'est mon chez-moi désormais. Il m'entraîne donc à sa suite, je le suis en silence, appréciant le clame des lieux, ça me change de la ville.

— Vous serez bien ici. Il m'annonce.

— Oh, oui, je n'en doute pas, je lui réponds le sourire aux lèvres. J'étais comme asphyxié en ville, la pression, le travail, les gens, j'avais besoin de changement, j'avais besoin de me reconcentrer sur l'essentiel. Je lui avoue.

Il hoche la tête alors que nous continuons notre exploration du quartier assez lentement, monsieur le maire ayant du mal à se déplacer.

— Vous n'auriez pas préféré que nous nous asseyions dans le jardin, je propose, me sentant tout de même coupable en voyant l'homme à mes côtés, presque essoufflé à chacun de ses pas.