Chapitre XII : Ambroise

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Résumé du chapitre précédent : 

Malgré ses préoccupations, la vie suit son cours et Adam doit rendre visite à Ariane pour lui prodiguer des soins infirmiers, là-bas, il découvre un tableau signé Ambroise, encore un, c'est à n'y rien comprendre. Mais la vielle dame ne semble pas d'une grande aide, incapable de lui donner la moindre information sur le peintre. Notre cher docteur est de plus en plus préoccupé, mais une bonne nouvelle le garde en forme, son meilleur ami prévoit de le rejoindre dans la petite ville, il aura enfin un peu de compagnie. Une vibration le sort de sa rêverie et c'est justement Arnaud qui vient prendre des nouvelles, il se montre bien moins enthousiaste que d'habitude quant au propos d'Adam sur le fantôme et paraît même inquiet, il promet de rendre visite à Adam le plus tôt possible afin d'y voir plus clair, mais ses propos alarmistes cassent le moral de notre docteur qui ne sait plus quoi croire, Ambroise existe-t-il vraiment ?  

Personnages : 

Adam - Docteur et protagoniste 

Ambroise - Fantôme et protagoniste

Arnaud - Meilleur ami d'Adam

David - Mari d'Arnaud

Ariane - Voisine d'Adam


Chapitre XII : Ambroise 


Mon regard vagabonde sur sa silhouette agitée, il jette un derrière coup d'œil dans la maison avant de claquer la porte bruyamment, pour s'enfuir en direction du travail, et je ne peux que constater cet air préoccupé qui ne le lâche plus d'une semelle, qui le ronge un peu plus chaque jour. Je m'en veux tellement.

Cinq jours, c'est le temps qui s'est écoulé depuis notre dernière interaction. Cinq interminables jours et mon fantôme refuse toujours de se manifester.

Adam s'est montré plus que patient, il a dans un premier temps éparpillé tout un tas de feuilles blanches dans la maison pour nous aider à communiquer, j'ai immédiatement pensé que ce serait une bonne idée, mais après maintes tentatives, j'ai compris qu'il n'y avait plus d'espoir. Mon fantôme semble avoir perdu la faculté d'interagir avec les objets. Je n'y comprends plus rien. C'est si frustrant, tout me transperce, ça m'obsède, j'ai peur, car pour la première fois, j'ai la sensation de disparaître, complètement, éternellement.

Ma vie en devient encore plus morose qu'elle ne l'était, tous mes loisirs me sont désormais refusés, adieu la lecture, adieu la télévision, je ne peux plus rien faire, je suis contraint d'assister à ma propre fin, impuissant.

J'ai vraiment pensé qu'Adam était la clef, il avait réussi le miracle de me voir, de m'entendre, de me toucher. Il avait déterré mon passé en découvrant cette hideuse statue et j'ai pensé, à tort, qu'il parviendrait à me sortir de là. Je ne suis plus sûr de rien désormais. Et s'il était ma fin ? Mon temps est-il définitivement écoulé ? Pourquoi lui ? Qu'a-t-il de spécial ?

Je me recroqueville sur le canapé alors qu'une larme solitaire roule le long de ma joue, je n'aurais jamais cru cela possible, j'ai espéré pendant tellement d'années avoir enfin accès à la paix, pouvoir enfin quitter ce monde, et aujourd'hui, alors que la voie semble s'ouvrir à moi, j'aimerais empêcher le processus, remonter le temps, rester éternel. J'aime passer du temps avec Adam, j'aimerais passer tout mon temps avec Adam. Sa compagnie m'est agréable, il est drôle, spontanée, rafraîchissant, doux, ma vie n'a jamais été aussi lumineuse que depuis qu'il a élu domicile à maison Candela.

Un rire m'échappe alors que je le revois rentrer du travail, les bras chargés de fournitures, je ne distinguais même plus ses yeux, seules ses mèches rebelles tressautaient au rythme de ses mouvements. Puis, il s'était débarrassé sur le canapé, éparpillant tous ses achats, le regard fier. Et mon sourire était immense alors que je comprenais qu'il m'avait acheté un chevalet, ainsi qu'un nécessaire de peinture. Il avait pris le temps de tout installer, juste à côté de la fenêtre du salon, là où les rayons du soleil sont les plus doux. Il m'avait ensuite rédigé une lettre, un petit mot qu'il avait positionné sur la table du salon pour m'indiquer que ce chevalet était mien, je pouvais m'en servir à ma guise, au gré de mes envies. Il me l'offrait. Son geste m'avait touché, il avait pris le temps de s'intéresser à mes passions, mes envies, je ne le remercierais jamais assez pour cela.

[TERMINEE] - SpectrumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant