Le chasseur de démon [Xiaother]

Chapitre 38

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Le regard vide, Dottore se délecte de cette situation. Je suis tout aussi perdu qu'Aether.

-Connard !

Je cherche à me relever, mais il me remet à terre avec un coup dans le dos. Je grommelle, ce n'est pas plaisant !

-Alors Aether ?...

Mon partenaire semble revenir à lui. Je le vois commencer à approcher, accentuant le rire de Dottore.

-Non Aether ! Va t'en ! Je reviendrais je te le promets, mais enfuis-toi !

Il s'arrête encore plus perdu. Les larmes roulent silencieusement sur ses joues. Il regarde ses mains, le désespoir de faire ce choix le détruit.

-Aether... Je ne me pardonnerais jamais si je te perdais. Je vais mourir dans tous les cas. Alors sauve-toi.

Mes mots le déstabilise encore plus. Mais ils ont l'effet inverse ce que j'aurais imaginé. Il fait apparaître son arme. Il n'a pas assez d'énergie pour combattre et il le sait.

-Oh oh ! Tu veux vraiment te battre ?

-Il n'aura pas besoin de le faire.

Tous les regards se tournent vers l'entrée de la forêt. Lumine apparaît, visiblement furieuse. Son arme est déjà dressé en direction de Dottore.

-Je te cherchais partout sale pourriture.

L'air fière de Dottore s'estompe. Il a peur d'elle. Je le vois sortir un autre de ses tubes à essais, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il m'explose la tête contre la terre. Je perds presque conscience avec ce geste. Je divague complètement. Tout me paraît flou, superficiel.

Je peux les entendre discuter, je peux entendre les bruits des lames qui s'entrechoque et les pleurs de Aether. Mais tout est au ralenti.
Quand je reprends mes esprits, c'est trop tard. Lumine est évanouie à quelques centimètres de moi. Elle s'est faite avoir par la brume, la brume qui reprend au passage ma propre énergie.

-Aller Aether... Maintenant c'est ta vie, contre les leurs. Tu choisis quoi ?

Je tourne mon regard vers lui. Il est figé sur place. Il ne bouge plus. Ses larmes ne roulent même plus sur ses joues humides.

-Non... Je n'en peux plus.

J'ai l'impression de voir un autre Aether. Dottore commence a s'impatienter, je sens son pied s'enfoncer dans mon dos, craquant et cassant plusieurs de mes os.
J'essaie de retenir mes cris de douleur, mais certains m'échappe.

Cette pourriture...

-C'est moi que tu veux ?... Tu les laisseras quand je ne serais plus là ?

-Evidement. Tu es le seul qui ait de la valeur ici. Il y a bien ta sœur, mais elle serait trop facilement retrouvable. Et trop dangereuse. Toi tu ne contrôles rien, tu n'es rien. Tu es la pièce parfaite.

L'épée à la main, Aether sourit étrangement. Dottore et moi le fixons, un air surpris de découvrir cette expression sur son visage. Cela ne colle pas du tout.

-Je ne suis pas parfait.

-Tu l'es ! Tu le seras peu importe ce que tu fais, peu importe combien tu es blessé ! Si tu ne viens pas, je me débarrasserais d'eux et de tout ceux qui voudront te protéger.

Son regard s'éteint encore plus. Mon coeur palpite dans ma poitrine.

-Dans ce cas... Tu peux dire adieu à ta pièce parfaite.

Ni une, ni deux, sa lame se dresse devant lui. Elle vient se planter au niveau de sa poitrine.

-Aether !!

Je le vois s'effondrer à genoux, son sourire paraît idéal. Il semble reposé, aller bien. Comme délivré.
Sous le choc et l'adrénaline, je parviens à propulser Dottore qui est dans le même état. Je me libère et trouve la force nécessaire à rejoindre Aether sans être retenu. Je m'effondre à genoux devant lui.

-Aether non...

Son souffle est très faible.

-Tu n'auras... plus de quoi... avoir peur.

Je viens poser mes mains sur ses joues, l'allongeant.

-Aether...

Je ne sais quoi dire. Mon être entier est partagé encore la réalité de la mort et l'espoir. Mais il s'est transpercé les poumons... Le sang remonte par sa bouche, il ne peut rapidement plus parler.

Encore, je reste spectateur face à sa perte. Je ne bouge pas, incapable de le faire. Et encore moins de dire quoi que ce soit. Je ne peux que tenir sa main dans la mienne, sa main tremblante qui cesse de trembler à la seconde d'après. Son dernier souffle, puis plus rien.

Pourquoi cela est-il si rapide ?

Qu'est-ce qui ce passe en faite ?

-Non !! C'était mon trésor ! La pièce de mon puzzle ! Pourquoi il a fait ça !

Dottore devient frénétique, s'arrachant les cheveux. Sa frustration n'est rien. Mais la colère qui gronde en moi, elle est tout.

Comme hypnotisé, je redevient spectateur des mouvements de mon corps caché derrière mon masque. Je peux sentir la colère en moi, mais je ne la vie pas. Je ne fais que regarder mon corps combattre, défouler sa haine et sa tristesse contre le responsable de tout ça. Le transperçant de part en part, ne lui laissant d'autre choix que la fuite ou la mort.
Il préfère la fuite. Dottore s'enfuit, me laisse planté la, avec cette colère sourde.

-Je vais le traquer et le tuer.

Ces mots ne sont pas les miens. Je redeviens moi-même, le masque disparaît. En me retournant pour faire face au corps inerte d'Aether. Je réalise enfin.

-Non... non, non non !

Je franchis la distance qui me sépare de lui, venant le secouer comme une poupée, mais rien n'y fait. Les larmes s'échappent, perlent et roulent. Elles humidifient tout mon visage, venant brûler mes yeux. Tout autant que ma gorge se brûle en hurlant son prénom.
Je finis par me recroqueviller, lui demandant juste pourquoi, pourquoi avoir fait ce choix ? Une réponse que je n'aurais plus.

Je viens serrer son corps près du mien, hurlant toute ma peine. Je sens mon énergie me quitter et me revenir éternellement. Une douleur sans fin, une perte de contrôle significative.
Je viens à me calmer après plusieurs minutes. Le silence revient dans la forêt. Je fixe juste son corps, le mien étant tout aussi inerte.

Je l'aime tellement. Je n'y comprends rien. Pourquoi juste d'un coup ? Des tonnes de questions circulent en boucle, mais je finis par m'arrêter sur une seule.

Vaut-il seulement la peine de continuer à vivre comme ça ?
Aucunement.