Chapitre 2: Une vie qui bascule

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**Il y a près de 20 ans**

D'aussi loin que remonte la mémoire de ce manoir, la vie y était que bonheur et joie. Les rires d'un enfant qui rayonne et transmet sa joie à autrui, deux paires d'yeux admirent ce petit avec amour. Le regard protecteur et doux d'un père et le regard tendre et aimant d'une mère. Cet enfant lumineux et joviale aimait faire des petits tours comme chiper en cuisine quelques tartelettes à la fraise faite par la cuisinière. Mais cette dernière faisait toujours mine de ne rien voir, bien trop attendri par la bouille aux joues joufflu de l'enfant et son rire cristallin lorsqu'il se sauve avec son butin. Sa mère l'appela du jardin, de son petit surnom affectueux et l'enfant accours tout sourire se jeter sur les jambes de sa mère.

- Mon petit ange, papa et moi devons te parler de quelque chose.

- Écoute bien surtout, papa va devoir partir en voyage comme l'an passé tu te souviens ? Je vais devoir partir pour ce pays aux milles et unes couleurs ! Sauf que je partirais un tout petit peu plus longtemps d'accord mon ange ? Alors tu devras être sage et veiller sur maman et la maison tu peux faire ça pour moi ?

Le petit garçon admira son père le regard pétillant, son imagination partant déjà loin. Mais hoche la tête vivement et viens alors près de son père et tends ses petits bras vers lui.

- M'apporteras-tu un cadeau papa ? Une jolie fleur comme la rose rouge du mois dernier !

- Tout ce que tu veux mon ange ! Papa reviendra les bras remplis de cadeau pour toi et ta mère.

- Voyons chéri, rentre juste très vite et en bonne santé ce sera notre plus beau cadeau.

- Oui ! Très vite !

Toujours aussi souriant, le père pose un regard emplis d'amour sur son fils unique, le porte dans ses bras et admire ses yeux d'un bleu ciel aquarelle. Dépose un doux baiser sur ses cheveux blond et doux comme un champs de blé en plein soleil.

- Je rentrerais vite mes amours, je vous le promets.

Après des embrassades le lendemain au petit matin, le père du jeune garçon s'en alla à bord d'une de ses calèches marchandes. Le petit garçon compta chaque jour, s'amusant comme toujours dans l'immense jardin fleuri et aida sa mère qui semblait plus faible depuis quelques temps. Les jours passèrent et bientôt ce fut trois mois qui s'écoulèrent. Aujourd'hui c'était l'anniversaire du petit garçon qui vient à fêter ses 7 hivers. Il avait souhaité revoir son papa comme cadeau, faisant rayonner de bonheur sa mère qui l'enlaça et lui offrit alors un livre d'aventure comme cadeau. Ravi il sautilla et oubli bien vite sa peine de ne pas voir son père pour cet instant. Maintenant plusieurs jours que sa mère n'avait plus de lettre de son époux, anxieuse elle ne dit rien et garde en elle cette crainte et ce mauvais présentiment. Son fils ne devait pas savoir, il risquerait de s'inquiéter pour rien, n'est-ce pas ?

Ce fut pendant un jour de pluie que tout bascula. Un homme vint tambouriner à la porte du manoir, la femme du domaine se leva de son fauteuil, dépose le livre de conte et laisse son fils assis lui demandant de l'y attendre. Elle part alors ouvrir la porte elle-même, puis fut surprise d'y voir un homme qui ne lui est pas étranger trempé jusqu'aux os son couvre-chef serrer dans sa main contre sa poitrine le visage tiré. Mais son inquiétude lui remonta jusqu'à sa gorge en le découvrant seul à son seuil. Car en effet, cet homme rapporta de bien tristes nouvelles à peine eut-t-il ouvert la bouche pour présenter ses condoléances à la femme sur le seuil de la maison familiale. Cet homme, la dame le connaissait bien, le meilleur ami et collaborateur de son mari. Son époux ne reviendra jamais, cela faisait trois mois qu'il était parti du foyer, pour partir découvrir sur ces terres riches et faire commerce avec eux. Seulement sur le retour un terrible accident arriva et tua son époux sur le coup sans laisser la moindre chance à l'homme. L'homme expliqua alors que lors d'un transfert de cargaison, son époux s'était attelé à un stand marchand du village pour y acheter une rose des sables. La cargaison avait été mal attachée, et passant derrière l'étalage tout était tombé et avait roulé puis tout écrasé sur son chemin. L'homme avait été sévèrement touché par une poutre de bois et finalement est mort de ses blessures quelques heures plus tard. La femme s'effondra de chagrin, pleurant toutes les larmes de son corps et supplia que l'on cesse cette mauvaise blague. Ses cris, ses suppliques restèrent veines, priant pour se réveiller de ce cauchemar, malheureusement il n'en fut rien. Son époux d'habitude si prudent, mort à cause d'un accident ? Elle se refuse à y croire en premier temps, mais les larmes de l'ami de la famille la convainquirent et elle ne retient plus son corps déjà faible tombant à genoux sur le seuil de la porte. Le petit garçon, alerté par les pleures de sa mère arriva, tenant contre lui une peluche en forme de chat contre son cœur. Les petites jambes du garçon s'avancent jusqu'à sa maman pleurant à chaude larme au sol, il vient doucement lui faire un câlin espérant qu'elle cesse de pleurer. Il ne comprit pas grand-chose, mais l'ami de son papa aussi pleurait. Et le cœur serré, il comprit au fond de lui que son papa ne reviendra plus jamais. C'était pourquoi l'ami de son papa était revenu seul, la calèche remplis de milles objets et cadeaux, mais le plus précieux de tous manquait.

Le Beau et Le MonstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant