Chapitre 1: Le sortillège

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**Un soir il y a près de 100ans**

Encore un soir semblable comme tant d'autres au château. La lune bien que pleine et ronde, haute dans le ciel, est loin d'être la seule lumière dans cette nuit étoilé. Depuis l'extérieur dans chaque recoin on entend s'écouler une musique entrainante jouée par un orchestre de talent, de nombreux rires et bruits provenant des bavasseries firent échos jusque loin dans la nuit silencieuse bordée par la forêt qui l'entoure. Des torches étaient allumées ici et là dans les jardins, guidant les très nombreux carrosses et carrioles qui arrivent en masse pour se joindre à cette soirée tant convoitée. Car après tout, pour le commun des mortels, ce n'est pas n'importe quelle soirée, pas n'importe quel bal dans n'importe quel château et surtout pas avec un hôte quelconque. Ce château est habité par un jeune roi d'une beauté époustouflante possédant toutes les merveilles désirées, toutes les richesses inimaginables. Pourtant particulièrement extravagant et outrageusement prétentieux, cet apollon auquel nul ne résiste à ses charmes. Ni les hommes ou les femmes, ni même les créatures féériques qu'il a pu approcher de très près. Cet imposant monarque sait comment délier les langues et faire parler un corps. Mais pour cela, il faut paraître absolument parfait aux yeux de ce roi exigent lors de l'une de ces nombreuses soirées et bals organisées qui regroupe toutes les plus belles jeunes femmes de la contrée ainsi que les plus beaux jeunes hommes à regarder. Chacun se doit d'être attrayant pour son regard, d'autant plus délicieux ceux qui aura l'inestimable chance d'être choisit par sa grâce lui-même afin qu'il puisse étancher sa soif à jamais insatiable. Le roi de ce domaine est bien connu de tous pour trois raisons. Faire perdre la tête à toute personne à qui il a pu s'intéresser - ou non d'ailleurs -. Accepter dans sa couche homme ou femme pour partager un plaisir charnelle jusqu'à se perdre dans méandre de l'extase, tant que cette personne lui plaît et possède une assez grande beauté pour faire partie de sa longue liste de conquête. Puis en dernier se lasser tout aussi vite de ces compagnies et passer aux suivantes, sans vergogne ni considération pour l'autre qui aurait eu l'espoir d'avoir été l'élu qui aurait fait changer ce roi dont on chante les louanges de sa beauté qui masque parfaitement son cœur de pierre.

Comme chaque soir, ce Don Juan prend un temps interminable pour se préparer. L'assistance précieuse de ses serviteurs lui est d'ailleurs indispensable. Il n'a aucun effort à faire si ce n'est un tant soit peu de lever les bras afin d'enfiler sa chemise blanche avec par-dessus son veston brodé de fil d'or et d'un magnifique vert semblable à celui de son regard perçant. Son pantalon blanc parfaitement ajusté à la taille épousant les muscles de ses cuisses et de ses fessiers, met très clairement son corps athlétique en valeur. Car le roi aime entretenir son corps et effectuer régulièrement des exercices physiques. Sa chevelure brune et légèrement ondulée est tirée en arrière pour être retenue par un ruban blanc aux bords vert et or de la même teinte que celle de son veston et ses broderies sur le bas de sa nuque. Un maquillage aussi extravaguant que sa personne est réalisé pour tout grands bals comme approprié à cette l'époque. Un trait de couleur souligne son regard bestial et son excentricité, de la poudre déposée sur son visage pour le rendre presque blanc comme neige. Après un dernier coup d'œil approbateur sur sa personne, il rejoint ses nombreux convives qui patientaient en bas. Arrivés déjà en masse pour assister au bal, car cet événement est l'événement du mois. La soirée la plus attendu de tous, chacun espérant pouvoir valser l'espace d'un instant avec ce roi merveilleusement inatteignable.

À l'abri des regards, là au dehors du château, une personne se contente d'observer perchée sur une haute branche d'un chêne dans la forêt attenante au domaine. Elle observe ce château bruyant par cette fête qui s'y passe et qui ne semble n'être qu'une vaste mascarade à ses yeux où le paraître est roi. Le regard plissé, analysant chaque recoin qu'elle peut observer depuis son perchoir, l'ombre écoute et regarde sans se faire remarquer, tout de même intrigué par toutes ces lumières. On peut penser ce que l'on veut de celui à la tête de ce château, la réception reste grandiose et richement décorer. Le roi quant à lui fait son apparition en haut des marches menant à la pièce inférieur avec un retard parfait pour se faire remarquer. Un léger rictus passe sur ses lèvres, avant qu'il ne se décide d'arrêter d'observer en hauteur la foule qui s'agglutine à ses pieds. Enfin il se décide à bouger et entreprend de descendre ce qu'il reste des marches couvertes d'un tapis d'un rouge carmin vers le grand hall qui pour l'occasions s'est transformé en une immense salle de bal. À l'extérieur, à l'abris des regards, l'ombre se contente de regarder la scène se dérouler sous ses yeux. Un léger soupir franchit la barrière de ses lèvres avant qu'elle ne se décide elle aussi à bouger de son perchoir. Elle traverse le sentier jusqu'au portail avant de s'avancer à travers la cours. Les pas de cet être ne laissèrent aucune trace ni firent aucun bruit sur son passage. Ce n'est qu'une fois arrivée devant les deux immenses portes qu'elle leva la main, puis assène trois coups contre celles-ci avant d'entrer lorsqu'elles s'ouvrent enfin.

Le Beau et Le MonstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant