Juste un collègue...

Le départ

Deux semaines plus tard

Nous prenons l'avion ce matin, la présentation a lieu demain après midi.

Nous faisons un Paris-Nice d'une heure trente, puis, nous roulerons dans une voiture de location jusqu'à Cannes, où nous attend un bel hôtel en bord de mer, avec plage privée.

Aux frais de la princesse ! En l'occurrence, l'entreprise.

J'ai un peu la trouille en avion, donc j'ai pris un petit calmant... D'autant plus que je serais à côté de Damian, évidemment. Donc, autant dormir plutôt que de parler en tête à tête avec lui.

Il vient me chercher, pour qu'on se rende à l'aéroport ensemble. J'ai préparé ma petite valise en tenant compte de ses conseils... J'ai pris des tenues qui me mettent en valeur. Et de quoi passer beaucoup de temps sur la plage !

À Paris, on étouffe. Alors là, je veux profiter au maximum.

Lors de ces deux dernières semaines, je n'ai pas beaucoup vu Damian, qui a passé une dizaine de jours de congé avec son petit garçon. Puis, les quelques jours de travail où il était là, étaient surtout pour rattraper ce qu'il avait manqué pendant ses vacances.

Bien sûr, le peu de fois où nous nous sommes croisés, il avait toujours ce regard intense, celui qui en dit long, celui qui me rend fébrile...

Il ne tentait rien, mais je sais que ce regard me mettait en garde quant à son impatience de se retrouver seul avec moi durant cette virée au soleil...

Et il m'a manqué pendant son absence, j'avoue. Alors, j'ai apprécié nos quelques échanges de
messages qu'on avait parfois le soir, pour prendre des nouvelles ou pour se taquiner un peu. Il n'a pas été trop lourd ou insistant... c'était juste agréable.
Inévitablement, j'avais hâte de passer ces trois jours avec lui seul à seul... Alors ce matin, je suis excitée comme une puce.

Ah, je viens de recevoir un message de Damian qui m'attend en bas, alors, je descends.

J'ai mis une petite robe d'été rouge à fleurs, et lâché mes cheveux pour les boucler un peu. Lunettes de soleil sur le nez, Cannes, j'arrive.

Mes petits talons claquent sur le pavé du hall de l'immeuble.

À travers la façade vitrée de l'entrée, j'aperçois Damian, debout, adossé à sa voiture... un genre de batmobile beaucoup trop chère.

Mais à vrai dire... ce n'est pas la voiture qui attire mon regard, là...

Merde, alors. Mais qu'est-ce qu'il est beau, ce salaud.
Chemisette blanche en lin, pantalon souple beige, petites baskets blanches...

Ses cheveux sont plus courts et parfaitement placés... Sa barbe est toujours bien taillée mais beaucoup moins fournie.

Il fait chaud, c'est vrai. Moins facile à porter.
Je vois mieux son visage... son visage parfait de Don Juan qui me tue...

Je le hais.

Oh... Je me rends compte que je m'étais arrêté de marcher et que je restais bloquée à l'admirer comme s'il était une œuvre d'art, pendant qu'il attendait sagement que j'ai fini de baver. 
Je sors finalement, gênée.

Il prend ma valise en gardant un petit sourire amusé. Puis, me dit :
« Merci, toi aussi.»
Je ne peux que sourire aussi, en pinçant les lèvres, avouant mon embarras.

«Prête ? »
Il ouvre la portière côté passager pour que je m'installe.
« Euh, oui ! Je stresse un peu.
- Tu as toujours peur de l'avion ?
- Ben... ouais. Le décollage, et l'atterrissage, surtout. Entre-temps, ça va.
Mais j'ai pris un petit décontractant. »