Juste un collègue...

Effrontée

Carolina, toujours coincée dans mes bras et dans une position sans équivoque, ose :
« Euh, Rita... tu peux fermer la porte, maintenant... s'il te plaît ?
- Mes chéris, je vous laisse une minute pour ranger tout ça, et sortir d'ici. On n'est pas à l'hôtel, les enfants. Les galipettes devront attendre un lieu plus approprié !
... Ceci étant dit, bien joué, Damian. »

Elle me fait un clin d'œil et finit par obtempérer en fermant la porte. On explose de rire à ce moment-là.

« Ma petite allumeuse, on va devoir remettre ça à plus tard. Mais compte sur moi pour te faire payer ça... Madame l'experte en matière de « discrétion ».
Sérieusement, Caro, c'est de la torture, ne me fais plus un truc pareil... Et puis cette chaleur me rend dingue.
- Je ne te promets rien... C'était marrant !
Mais, comment ça, « bien joué Damian ?! »
- ... Elle sait bien que je te cours après depuis que tu es arrivée. C'est la maman de tout le monde ici, elle a l'œil partout, rien ne lui échappe. »

Alors voilà, forcément, une heure plus tard tout le monde était au courant.

Rita qui gère l'accueil et le standard est LA commère de la maison. Elle a dû prendre beaucoup de plaisir à raconter sa petite découverte scandaleuse. C'était évidemment inenvisageable pour elle de garder secrète cette information croustillante.

Durant tout le reste de la journée, nous avons été l'attraction du moment. Les collègues que je croisais me regardaient avec un rictus sur le visage, mais je répondais par le même. Je ne suis absolument pas gêné de quoi que ce soit, bien au contraire. Elle est à moi, c'est tout. Et maintenant, au moins, c'est clair pour tout le monde.

Ça me va très bien.

Caro, elle, longe les murs, et se fait discrète. C'est dommage... Mais je lui laisse un peu de temps pour apprendre à gérer cette situation. C'est toujours plus difficile pour une femme... Nous, on n'en a strictement rien à foutre, de ce que peuvent penser les autres. D'autant plus que c'est surtout de la fierté, que je ressens.

C'est donc sans discrétion aucune que je l'attends à la fin de la journée, pour qu'on parte ensemble.
Je me tiens derrière elle et la regarde classer ses petites fiches dans son sac, assise devant un des bureaux de l'open-space. Je remarque un peu de transpiration perler sur sa nuque exposée, depuis qu'elle a négligemment attaché ses cheveux avec une sorte de petit bâton en bois, pour supporter la chaleur ambiante.

Sans me poser de questions, je caresse affectueusement sa jolie nuque pour la débarrasser de cette humidité, et aussi, simplement parce que j'en ai envie.

Elle frissonne à mon contact, et soupire de satisfaction. Puis, elle se fige soudainement et regarde autour d'elle, inquiète à l'idée qu'on ait pu voir notre proximité ainsi affichée.

"Caro, détends-toi... Ce n'est plus un secret, de toute façon.
- Je sais, mais je préfère quand même éviter les regards curieux. On est des bêtes de foire depuis ce matin...
Je suis prête, on peut y aller. Tu viens chez moi, cette fois ?
- Je n'ai pas d'affaires avec moi. On passe la soirée ensemble, mais je rentrerai après.
Ça te va ?
- D'accord. Allons-y."

Sur le trajet du retour, je la sens soucieuse, alors je tente :
"Qu'est-ce qu'il y a ?
C'est le fait que tout le monde sache pour nous ? Je pense qu'ils n'étaient pas dupes, tu sais...
- ... Probablement.
Mais... Après coup, je me dis que je n'aime pas l'image que ça renvoie.
Je viens d'arriver et je me tape déjà le beau gosse de la boîte. C'est naze, non ?
Et puis, elles me font la gueule... Toutes.
- Quoi ?! Qui ça ?
- Oh, arrête, tu sais bien que tu as un grand fan club ici.
Ça fait des lustres qu'elles te font du gringue, et moi, je débarque pour te mettre le grappin dessus en quelques semaines...
Les meufs sont très jalouses entre elles, Damian. Je vais avoir du mal à retrouver une bonne ambiance autour de moi...
- Elles vont se calmer.
Et puis, elles avaient encore des posters de Britney Spears dans leur chambre, qu'on était déjà ensemble. Donc non, tu n'as pas débarqué de nulle part pour leur voler leur béguin. Je n'ai jamais donné d'espoir à aucune d'elles. Notre histoire ne date pas d'hier, et surpasse tout.