Juste un collègue...

Tu tombes à pic

Quelques minutes plus tard, j'ai dû raconter aux clients que j'ai fait une sorte de malaise dû à la chaleur... C'est crédible, non ?

Je n'en sais rien, mais ils n'ont pas été trop insistants, sûrement après avoir constaté mon allure un peu moins soignée...

Je garde en tête qu'elle est décidément infernale, et que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Je la sens heureuse.

Je sais, je l'ai déjà dit. Mais elle est un soleil à elle toute seule. Elle ne sait pas à quel point je suis reconnaissant qu'elle ait accepté de me laisser à nouveau entrer dans sa vie. Et non seulement elle a accepté, mais elle me donne volontiers tout ce qu'elle est, et tout ce qu'elle a à offrir, sans passer par une étape de test ou de galère qui consiste à me mettre en quatre pour qu'elle veuille passer du temps avec moi.

Elle joue le jeu à fond, et c'est louable.

Elle n'a pas l'air de mal vivre les semaines pendant lesquelles je suis moins disponible. En tout cas, si elle le vit mal, elle ne me le fait pas sentir du tout. Ça m'encourage presque à lui donner encore plus.
J'ai envie de la présenter à tout le monde. À Théo, d'abord, parce qu'elle n'est pas n'importe qui, et j'ai hâte, j'avoue, qu'ils se rencontrent. Puis à ma mère, et à mon frère. Eux savent déjà qui elle est... et qu'elle est miraculeusement revenue, là où elle aurait dû rester...

Cette semaine-là, notre journée de télétravail se déroule chez elle. On essaye d'alterner de manière équitable.

C'est la fin de la matinée, et nous bossons ensemble sur un projet lorsque son téléphone sonne.
Elle replace correctement ses lunettes pour pouvoir déchiffrer qui est l'émetteur de l'appel.

« C'est l'équipe Morange qui veut des nouvelles. J'ai prévu de leur faire un bref topo avant la présentation de la semaine prochaine.
Ils sont super pointilleux, j'ai la pression...
- Faut pas. Tu es convaincue par ton idée, alors tu n'auras aucun problème à les convaincre. Respire, et décroche, simplement.»

Elle se lève et prend une grande inspiration. Elle dépose un bref baiser sur mes lèvres, recoiffe rapidement ses cheveux ébouriffés en un chignon simple et réajuste sa petite robe, puis elle décroche et part dans la pièce d'à côté.

Je ne sais pas pourquoi elle soigne son apparence alors que ce n'est pas un appel vidéo... certainement pour se donner de la contenance.

Pourquoi elle a besoin de changer de pièce ? Je travaille pourtant silencieusement...Elle veut pouvoir se concentrer, probablement.

Je serai donc une source de distraction ?

... Ah ! Ça me donne une petite idée... Ma chérie, c'est l'heure de ma revanche.

J'attends quelques minutes, histoire de lui donner tout de même l'occasion de faire une bonne première impression, puis je me lève pour la rejoindre discrètement.

Je la retrouve dans sa chambre. Sa jolie chambre vert pastel et beige, qu'elle a décoré soigneusement avec des images de la nature, pour créer un espace relaxant. Son grand lit est encore défait, les draps de satin, trop glissant, un vrai calvaire cette fantaisie... debordent de chaque côté, illustrant nos etreintes passionnées.

Elle se tient debout face à la fenêtre, dos a moi, focalisée sur son speech.

Elle porte cette petite robe légère, courte à bretelles pour supporter la chaleur, que je remercie en cet instant quand j'observe à nouveau avec délectation ce corps foutrement désirable.

Je me rapproche d'elle en posant mes yeux sur cette nuque exposée, fine et dorée par le soleil de cet été caniculaire.

C'est comme un appel...