Juste un collègue...

Regarde et apprends

C'est le matin, elle dort encore.

J'en profite pour m'éclipser et prendre une douche. Je vais ensuite aller chercher le petit-dej à la boulangerie du coin.

Ouais, je veux tout bien faire. Elle, c'est la reine, elle aura la totale.

Les croissants chauds, le café fumant, le jus d'orange pressé... Il faut que je la réveille parce qu'on va devoir partir pour aller bosser dans peu de temps.

« Bébé ?
- Mmmh...
- Caro, il faut que tu te réveilles si tu veux qu'on soit à l'heure au bureau.
- Oh... mais ce lit... Il m'a englouti... Ce lit est incroyable...
- Il ne tient qu'à toi d'y revenir quand tu veux. Allez, viens, ton latte est prêt.
- Ok, mot magique, j'arrive. Oh, mais attends... toi, tu es tout frais. Et moi, je suis en vrac.
- Tu es très belle, ne t'inquiète pas. Viens manger, tu verras ça plus tard. »

Cette inquiétude bête qu'ont les femmes au réveil... On s'en fout, de votre allure. Si vous êtes marquée par le sommeil, c'est qu'on a bien fait notre boulot.

Un peu plus tard, nous partons. N'ayant pas totalement fini de s'apprêter, Carolina se maquille dans la voiture à l'aide du petit miroir du pare-soleil, côté passager.

« Quand est-ce que tu récupères ton petit garçon ?
- Demain soir. Il change de maison tous les vendredis soirs, ce n'est pas idéal... mais on a trouvé notre équilibre de cette manière.
- D'accord. Je vais tâcher de m'en souvenir, pour ne pas te déranger quand tu seras avec lui. Je ne veux vraiment pas empiéter sur votre temps ensemble.
- Ne stresse pas inutilement pour ça. Si je ne suis pas disponible, je te le dirai, tout simplement. Ne te retiens pas de me contacter si besoin ou même si tu en as envie. Tu ne vas pas ne plus exister du tout pour moi pendant toute une semaine. Ce n'est pas comme ça que je vois les choses.
- D'accord... »

Je ne sais pas comment agir par rapport à ça. Est-ce qu'elle est inquiète de ne pas avoir assez de place dans ma vie ?

C'est encore un peu tôt, de toute façon, pour vraiment y réfléchir. Le temps la rassureras, je ferai en sorte qu'elle le soit.

Un peu plus tard, au milieu des embouteillages habituels de l'heure de pointe, il me vient un truc à l'esprit. J'ai tellement envie d'éclater de rire que je n'arrive pas à le retenir.

« Pourquoi tu ris comme ça d'un seul coup ? T'es fou ou quoi ?
- Pfff Hahaha... Caro, tu peux me dire ce que tu foutais avec une nuisette transparente dans ta valise ? C'était pour qui ?
T'avais un plan, avoue...
-... Non, pas du tout...
- Hahahaa, arrête tes conneries. Comme si tu avais prévu de dormir comme ça, toute seule ?! « Tiens j'vais porter le truc le moins confortable du monde pour être la plus sexy toute seule dans mon lit » Hahaha...
- Mais, arrête ! ...C'était au cas où !
- Au cas où quoi ? Tu aurais rencontré un beau surfeur, c'était ça, au fait ? Toi, Caro, aussi dévergondée avec un inconnu ? T'avais faim, oui, et j'étais à ta disposition.
Allez, dis-le... hahaha
- Arrête de te moquer ! Je... Il y avait une forte probabilité pour qu'on craque, c'est tout !
- Ah, voilà, je le savais ! Tu l'as mise dans ta valise avec un projet bien particulier... Hahaha, la maligne...
- Une femme est toujours parée à tout, c'est tout... J'aime bien anticiper toutes les situations...
- Tu m'en diras tant... En tout cas, beau projet, ma belle, c'était carrément machiavélique. Tu es toujours aussi surprenante...
- T'es pas au bout de tes peines, bé-bé...
- Rappelle-moi, tu veux vraiment qu'on soit discrets au bureau ?
- Oui. C'est un art... regarde et apprend. »

Provocante avec ça... Je crois qu'on va passer une bonne journée.

En arrivant au bureau, on nous apprend que la Clim est encore en panne... sans déconner. Il faut apparemment changer une pièce qui est en commande ou un truc comme ça. Forcément, vu cette canicule interminable, il semblerait que tout ce qui concerne la climatisation soit quasiment en rupture de stock dans une bonne partie du pays.