Juste un collègue...

C'est le jeu

Dans le taxi, je me remémore en boucle ce qu'il vient d'arriver.

Il m'a embrassé. Je l'ai laissé m'embrasser... Je suis dans la merde.

(Vrrrr)
Mon téléphone vibre... Un message.
C'est Damian, évidemment.

« Merci, pour m'avoir donné le plus beau des cadeaux d'anniversaire. »

Ah... Il est content de sa montre, tant mieux.

(Vrrrr)
« ... Et pour la montre. »

...Oh. Il parlait du baiser !

J'ai dit ça à haute voix, encore.
Il ne faut surtout pas que je réponde. Je serais bien capable de dire de grosses conneries... parce que je suis BOURRÉE !

Donc hein, m'embrasser dans ces conditions, forcément, c'est plus facile.

Non, moi je dis que ça ne compte pas. C'est de la triche, monsieur l'arbitre. On annule ce but, retour à la case départ, ne recevez pas vingt-mille francs.

(Vrrrr)
«Est-ce que tu accepterais qu'on se voit ce week-end ? Ne serait-ce qu'une heure dans un café si tu veux. Je pense qu'on a beaucoup de choses à se dire. »

On n'a rien à se dire.

Et si je le vois en dehors du boulot... je suis foutue... je craquerai.

Même là, je suis à deux doigts de lui dire de venir chez moi tout d'suite.

Je suis FAIBLE... déjà parce que j'ai trop bu, aussi parce que c'est Damian... le mec le plus sexy de la terre, et parce que ça fait trop longtemps qu'j'ai pas niqué !!

Et évidemment, cet enfoiré est le coup du siècle... Je suis assez éméchée pour vous avouer que c'est aussi pour cette raison que j'ai eu du mal à le lâcher.

Non, je dois répondre non, tout de suite. Si j'attends, il va croire que j'hésite.

Voilà, non.

(Vrrrr) Oh la la !
« Pourquoi ? »

Parce que je t'AIME, espèce de CONNARD !

...J'espère que je n'ai pas non plus dit ça à haute voix...

Bon, le chauffeur de taxi n'a pas l'air de s'en soucier.
Je l'aime désespérément, c'est tout ! Je l'aimerais toute ma vie...

Bordel de merde...

« Parce que je te hais. »
Voilà, c'est tout. Et j'éteins mon téléphone. Je ne suis pas en état de discuter. J'ai besoin d'une aspirine... et de deux jours de sommeil.

On est bientôt arrivés, ça tombe bien.
Je rentre à la maison, tant bien que mal, et m'écroule sur mon lit.

****

Je sors doucement d'un long coma... c'est dur.

Mon cerveau s'agrippe à je ne sais quoi pour m'empêcher d'émerger... On dirait une sorte de poulpe avec toutes les tentacules collées aux limbes dont j'essaye de m'extraire...

Aïe... migraine.

Quelle heure il est ? ... téléphone ?

Où est-il ? « Dis Siri ! Où es-tu ?! »
Il ne répond pas.

Ah, mon sac... Il faut que je me lève.
Wow, le champagne, et la tequila... mauvaise idée.

Ils ont fait des margaritas... Et j'aime bien ça moi, mais je les bois trop vite, et je le regrette après.
Mon téléphone est éteint. Je vais le brancher.