Verdict

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« Damian, j'aurais dû être là pour t'aider... Si j'avais su.
- Tu n'aurais pas pu. Ça aurait été invivable pour toute personne qui aurait voulu me sortir de là.

Tant que je n'étais pas complètement conscient de mes difficultés, et pas totalement prêt à vraiment travailler pour les surmonter, c'était impossible de m'aider à quoi que ce soit.

Pendant longtemps, je n'ai fait que me sevrer à l'aide d'une prescription d'un psychiatre de ville, puis rechuter.
Je n'avais pas assez de volonté pour maintenir le cap.

Ma seule motivation, c'était de ne surtout pas devoir retourner vivre sous le même toit que mon père, et subir sa réjouissance de me voir tomber si bas.

Je ne sais pas par quel miracle j'ai réussi à garder ma chambre d'étudiant et les bourses qui vont avec, mais je continuais à me montrer présent en cours, même si j'étais souvent à côté de la plaque.

J'arrivais à « user de mon charme » comme tu dis, pour donner le change. J'ai continué sur cet équilibre fragile un long moment. Jusqu'à trouver du boulot, d'abord en alternance avec les études, puis ils ont fini par accepter de me prendre ensuite. J'ai débuté en tant que petite main dans un grand groupe, ça ne demandait pas trop de prouesses intellectuelles.

Pour ce qui est du sentimental... Je ne m'impliquais jamais vraiment. Jusqu'à Naomi, et l'annonce de sa grossesse.

Encore aujourd'hui, je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça. Je n'avais rien d'un type sérieux, on ne pouvait décemment pas miser sur moi.

Et je parlais de toi tout le temps... sans me préoccuper de ce que ça lui faisait.

Elle l'a quand même fait. Elle a pensé que le fait d'être père me changerait. Et... ça a fonctionné. Mais ça ne m'a pas rendu plus amoureux d'elle, malgré mes efforts et mon investissement dans cette union.
En tout cas, j'ai trouvé cette volonté d'agir dont j'avais besoin.

J'ai décidé de définitivement me soigner de l'alcool. J'ai même entamé une psychothérapie pour m'aider à comprendre pourquoi j'en étais arrivé là, et ça a été... vraiment bénéfique.

Ça a duré très longtemps, parce que je voulais être sûr d'avoir réellement réussi à mettre tout ça derrière moi. Je ne voulais plus traîner de poids qui m'empêchaient d'avancer.

J'ai bossé sur moi-même, et sur tout le reste. J'ai reussi à me retrousser les manches pour monter les échelons, jusqu'à me faire embaucher par la maison.
Je devais absolument trouver le moyen de vivre sainement et sereinement. Avec l'arrivée de Théo, et mon épanouissement de le voir si beau et en bonne santé... ça a consolidé tout ça.

Mais finalement, la proximité de Naomi, en tant qu'épouse, a fini par me gêner. Avec le temps, j'ai fini par comprendre que sa présence ne m'aidait pas à me sentir plus équilibré, malgré ce que je pensais au début.

C'est mon engagement auprès de mon fils qui était solide, pas mon mariage.

Notre couple n'était pas fondé sur de bonnes bases, mais sur une illusion. Alors, mois après mois, une mauvaise ambiance s'installait au quotidien, pour carrément devenir un climat d'hostilité, et je ne voulais pas ça pour mon enfant.

Elle a eu du mal à l'admettre, mais il fallait qu'on se sépare.
Tu connais la suite.
- Mais... Tu n'es pas encore officiellement divorcé, si j'ai bien compris ?
- Non, mais seulement parce que les démarches administratives prennent du temps, inutilement. Nous ne sommes plus un couple depuis un bail.

Carolina... Benjamin disait hier « la vie t'as offert une seconde chance » et c'est exactement ce que je pense.

Quand je t'ai vu au bureau ce jour-là, je me suis immédiatement dit que c'était comme une récompense de la vie, pour tout ce que j'avais entrepris en me sortant de ce merdier et en réussissant à devenir quelqu'un.

Juste un collègue...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant