Millionnaire

66 5 0
                                    

Toujours assise sur ses genoux face à lui, mes yeux plongés dans son regard plein d'espoir, j'ai envie de croire que tout ira bien.

Son étreinte me rassure, sa voix, son odeur, son affection...

C'est si bon... J'ai eu si peur de perdre tout ça.

« Merci, Damian... Je n'ai pas ressenti un tel soulagement depuis...
Eh bien, depuis que je sais. »

Il me serre, et dépose un baiser sur mes lèvres, que je savoure en fermant les yeux.
Mes mains sur son visage, je l'encourage à m'en donner encore un peu, parce qu'il m'a cruellement manqué.

Il m'incite ensuite à me blottir à nouveau contre lui, pendant qu'il se réinstalle pour qu'on soit tous deux aussi confortables que possible, dans les bras l'un de l'autre.

« Tu savais déjà, quand tu es venue chez moi et que tu as rencontré Théo ?
- Oui...

Ça faisait déjà quelque jours que j'avais fait le test, mais je n'avais pas encore vu de médecin.

Mais quand tu as commencé à voir que j'étais différente, et que tu me l'as fait remarquer, je ne le savais pas encore.

J'avais simplement des doutes, je commençais à comprendre que quelque chose m'échappait, sans savoir quoi. Le jour où on a appris qu'on signait avec Morange, j'étais incapable de me réjouir, tellement ça me rendais anxieuse. Lorsque je suis allé chez ma sœur le soir, je lui en ai parlé et elle m'a soumis l'idée du test.

Tu disais... Que Théo l'a senti ?
- Oui.
Il n'en a pas tout à fait conscience, mais oui.
Les enfants sont surprenants, ils perçoivent les choses, même s'ils ne savent pas tout à fait comment les comprendre ou les exprimer. Ils sont très sensibles à leur environnement, à l'atmosphère, l'ambiance.

C'est pour ça que j'ai toujours préféré tout lui expliquer.
- Tu veux... qu'on lui dise ?
- Je ne sais pas... c'est sûrement un peu tôt. Mais, étant donné qu'il se doute de quelque chose... Caro, je ne te forcerai pas à en parler maintenant, à qui que ce soit. Tu le feras, quand tu seras prête.
-... Tu me laisserais lui dire, moi-même ?
- Bien sûr. C'est une très bonne idée.
- D'accord. Quand je serais... un peu plus confiante, on organisera un petit moment spécial avec lui. »

Il me serre encore, et m'embrasse dans le cou, pour approuver mon idée. Je profite pleinement de ce réconfort salvateur... après avoir vécu des jours et des jours dans l'angoisse.
Damian reprend :

« Est-ce qu'il faut attendre ou faire vite, pour le retirer ?
- Il vaudrait mieux ne pas attendre. Je vais tenter de prendre un rendez-vous rapidement en passant un coup de fil. »

À nouveau, le stress revient, en sachant que je ne maîtriserai pas la suite des événements. Je ne peux qu'attendre et espérer.

Espérer que la vie ne me punisse pas d'avoir préféré refuser cette situation dans un premier temps, plutôt que de m'en réjouir.

« Je vais te laisser appeler pour prendre ce rendez-vous, et après ça, je t'emmène faire un tour pour nous changer les idées.
J'ai pris ma journée, et je prendrais la suivante pour qu'on ait le temps de discuter de tout ça.
- D'accord. »

Le rendez-vous pris pour le surlendemain, nous partons à pied pour une balade comme on les aime.

On est allé chercher des crêpes copieusement garnies rue Mouffetard pour déjeuner, puis nous sommes allés les manger dans les arènes de Lutèce qui ne sont pas très loin.

Nous faisions souvent ça quand nous étions plus jeunes, alors, c'est devenu un petit rituel précieux.
Il m'a fait rire, il m'a embrassé, câliné, et nous avons marché dans les rues de Paris sous un doux soleil, main dans la main où dans les bras l'un de l'autre.
Je crois qu'il ne m'en veut plus... plus trop.

Juste un collègue...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant