Accusation Troublante

Chapitre 3

De retour dans son appartement, Alicia faillit chanceler lorsqu'elle vit l'état dans lequel se trouvaient les lieux. Tous ses cartons avaient été défaits, ses affaires éparpillées sur le parquet, ce qui lui donna un haut-le-cœur. Les meubles étaient renversés, et l'ampleur du désordre la laissa abasourdie.

— Si je n'avais pas réussi à te localiser plus tôt, tu aurais pu t'échapper tout aussi aisément.

Alicia sursauta brusquement. Elle avait omis la présence de l'homme derrière elle, qui conservait toujours cette aura menaçante. La manière dont il la tenait si près de lui ne lui plaisait guère. Cette proximité éveillait en elle une sensation à la fois troublante et dangereuse. Elle se sentait captive d'un homme blessé et trahi, et aurait tout donné pour se libérer de cette emprise oppressante.

— Amara, où avais-tu l'intention de te rendre ? Lui demanda-t-il d'une voix sévère, tout en resserrant son étreinte sur son bras.

Il la poussa rudement contre le mur froid lorsqu'elle ne répondit pas, lui arrachant un gémissement plaintif. Ignorant sa douleur, il s'approcha d'elle avec une attitude menaçante. Alicia se sentit extrêmement vulnérable, à la merci totale de cet homme, cherchant désespérément un moyen de s'échapper de cette situation oppressante.

Face à l'envahissante haine qui aurait pu tout dominer, elle fut étonnamment frappée par l'attirance qu'elle ressentait pour la proximité de son visage au sien. Malgré les marques de rage qui déformaient ses traits, elle le trouvait incroyablement séduisant. La lueur menaçante dans ses yeux, le rictus dur de ses lèvres fines et les veines saillantes sur ses tempes éveillaient en elle une excitation sensuelle qu'elle n'avait jamais connue auparavant.

La voix de sa raison lui ordonna impérativement de stopper toutes ses sensations immédiatement. Son corps ne devait plus réagir de cette manière. Elle ne pouvait pas oublier qu'elle était piégée dans une situation humiliante et sinistre à cause de sa sœur. Se rappeler que sa sœur prenait du plaisir avec ses distractions tandis qu'elle subissait la colère de sa victime la remplissait de colère. Pourquoi avait-elle choisi de lui faire croire qu'elle était Amara ? Pourquoi avait-elle pris toutes ses responsabilités lorsqu'elle lui avait supplié de la libérer en échange de rendre l'argent qu'elle n'avait même pas ? Quelle idée !

— Que le jour où je t'ai permis de m'approcher soit maudit, s'écria-t-il avec une grande intensité sur son visage.

Cette déclaration lui serra le cœur, bien qu'elle fût principalement destinée à sa sœur.

— Tu as cru que tu pourrais échapper à cela si facilement, n'est-ce pas ? Même si tu avais réussi à quitter cette ville, j'aurais toujours pu te traquer et te retrouver. Ne pense pas que tu t'en sortiras indemne après m'avoir restitué ce que tu m'as dérobé, car je suis déterminé à te faire regretter d'avoir agi ainsi à mon encontre.

Il relâcha son emprise tandis qu'elle serrait les dents. Elle s'efforça de retenir les larmes qui menaçaient de couler. Elle n'avait nulle intention de montrer à cet homme qu'elle était à bout, car elle savait que sa sœur, connaissant sa nature, ne se laisserait pas intimider par ses menaces. Contrairement à elle, Amara était dotée d'une forte personnalité et elle ne plierait pas facilement sous la pression.

— Ne perds pas de temps, va me chercher cette somme d'argent, ordonna-t-il en la poussant sans ménagement.

Une onde de panique l'envahit soudainement. Elle ne disposait pas de cet argent, ni ici, ni sur elle. Comment pourrait-elle faire face à cette situation ? Regrettant profondément son imprudence, elle s'efforça de réprimer ses tremblements et de rechercher une solution avec calme.

— Je ne dispose vraiment pas de toute la matinée, s'impatienta Harlem.

Elle envisagea brièvement l'idée de crier, mais rapidement elle se rendit compte que ce serait une décision insensée. Cela pourrait se retourner contre elle, poussant cet homme à révéler le terrible acte de sa sœur aux personnes présentes.