Accusation Troublante

Chapitre 23

— Pourquoi pensez-vous que je fuis Harlem ?demanda-t-elle, le regard empreint de suspicion.

— Je peux voir à quel point vous êtes effrayée, et je suis certain que c'est à cause de Harlem Kennedy. J'aurais aimé que vous vous confiiez à moi, Alicia, expliqua-t-il, son ton empreint de compassion.

— Mais je ne vous connais à peine.

— Je croyais vous avoir donné suffisamment de raisons de me faire confiance, répondit-il, cherchant à la rassurer.

— Je ne suis pas du genre à accorder facilement ma confiance aux gens que je viens de rencontrer, Armando.

— D'accord, mais je ne vous laisserai pas chercher un hôtel à cette heure tardive. Je vous laisse la clé de ma suite. J'espérais que vous m'en parleriez un peu plus avant que je ne me rende à un rendez-vous, mais je n'ai plus le temps d'insister. En attendant mon retour, vous allez vous installer dans ma suite et vous reposer. Je ne serai là qu'à l'aube, expliqua-t-il, lui tendant la clé magnétique.

Altérée, Alicia fixa la clé magnétique. Était-il fou ? Pourquoi lui importait-il autant ? Pourquoi s'intéressait-il autant à ce qu'elle traversait ?

— Vous me faites assez confiance au point de me laisser votre suite ? s'étonna-t-elle en cherchant à comprendre sa motivation.

— Vous n'avez pas l'air d'une personne qui  serait capable de profiter de la gentillesse des autres, répondit-il en esquissant un sourire. Et j'ai une intuition que vous en avez besoin plus que vous ne voulez bien l'admettre.

Alicia sentit une étrange chaleur lui envahir le cœur. Elle n'avait pas l'habitude qu'on prenne soin d'elle de cette manière.

— Je ne peux pas accepter. Je peux me débrouiller pour trouver un endroit où m'installer pour cette nuit, insista-t-elle.

Sans qu'elle ne s'y attende, il glissa sa main sur son dos et la guida vers l'ascenseur.

— J'insiste, Alicia, murmura-t-il avec une détermination douce.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et il l'entraîna à l'intérieur. Avec assurance, il déposa sa carte magnétique dans la paume de sa main et l'encouragea d'un regard à l'accepter.

— Ma suite est au dernier étage. J'occupe la 832, expliqua-t-il en appuyant sur le bouton pour le dernier étage.

Les portes de l'ascenseur se refermèrent avant qu'elle n'ait le temps de le remercier. Seule dans cet espace confiné, des milliers de questions trottaient dans sa tête. Était-ce une chance pour elle d'être tombée sur Armando ? Elle se laissa aller contre la paroi de l'ascenseur, sentant le poids de la fatigue et de l'incertitude peser sur ses épaules. La clé magnétique dans sa paume lui rappelait qu'elle avait maintenant un endroit où se reposer pour la nuit. Mais pourquoi Armando était-il si prévenant envers elle ? Etait-ce par pure gentillesse ou y avait-il autre chose derrière ses gestes ?

Elle se tenait maintenant devant la porte de la suite, hésitant quelques instants avant d'insérer la carte dans la fente. L'idée de dormir dans la suite de quelqu'un qu'elle connaissait à peine lui semblait étrange. Cependant, elle se rappela que ce ne serait que pour une nuit et qu'elle devait s'en accommoder.

Elle poussa doucement la porte et pénétra dans la suite, observant attentivement son l'espace. La pièce était spacieuse, décorée avec élégance, et une sensation de confort l'envahit. Elle posa son sac près de la porte et se dirigea vers la fenêtre pour contempler la vue nocturne de la ville.

Une pensée la saisit, et une vive appréhension l'envahit. Elle envisagea la colère d'Harlem lorsqu'il découvrirait son absence, son évasion. C'était un acte risqué, elle en était consciente. Mais tant qu'elle resterait hors de sa portée, elle ne risquerait rien. Elle lâcha un soupir et s'éloigna de la fenêtre. Il fallait qu'elle dorme car demain la journée serait chargée. Elle s'installa sur le lit moelleux, mais l'angoisse la maintenait éveillée. Malgré la fatigue, son esprit était en ébullition, élaborant des plans pour assurer sa sécurité et celle d'Amara. Après avoir fait le tour de la chambre pour s'assurer qu'elle était verrouillée en sécurité, elle s'abandonna finalement au sommeil, le cœur lourd d'appréhension…