Accusation Troublante

Chapitre 22

Le cœur d'Alicia se serra douloureusement face au regard réprobateur d'Harlem. Trop de minutes s'étaient déjà écoulées depuis cette déclaration qui lui avait demandé tant d'efforts et de courage. Qu'espérait-elle au juste ? Qu'il exprime une totale joie qu'une femme qui l'avait trompé, manipulé et menti depuis le début soit amoureuse de lui ? Pourtant, elle avait lu dans son regard le même désir qu'elle éprouvait pour lui. C'était ce constat qui lui avait donné le courage nécessaire pour lui avouer ses sentiments. Mais est-ce qu'elle s'était trompée ?

— Je t'en prie, dis quelque chose, murmura-t-elle tandis que l'angoisse nouait sa voix.

Elle avança timidement vers lui, mais à sa grande peine, il recula d'un pas.

— Ne t'approche pas, lui défendit-il, ses mains se serrant en poings de frustration.

Alicia l'observait, désespérée d'entendre ne serait-ce qu'un mot de sa part concernant sa déclaration. Cette attitude qu'il adoptait devenait de plus en plus insupportable pour elle. Mais à quoi bon espérer ? Son choc était évident, et il ne lui accorderait probablement pas le plaisir de prononcer ne serait-ce qu'un mot. Alors, elle se retourna, incapable de retenir ses larmes, et quitta la pièce, sentant le regard sévère d'Harlem peser sur elle.

De retour dans son espace, Harlem laissa pleinement exprimé sa rage devant le miroir de sa salle de bain. Il retira furieusement ses vêtements, ressentant le besoin d'une douche froide pour calmer ses nerfs. La rage grondait en lui et il se laissa sous la cascade d'eau froide, espérant qu'elle pourrait l'apaiser. Mais les mots d'Alicia résonnaient encore dans son esprit et l'eau ne parvenait pas à calmer entièrement son esprit tourmenté.

Il se sentait pris au piège entre la haine qu'il ressentait envers elle pour ce qu'elle avait fait et le désir troublant qu'il éprouvait malgré lui. Ses poings se serraient avec une telle force et dans un geste de frustration, il frappa le mur de la douche, laissant échapper un grognement de colère. Mais même cette libération ne suffisait pas pour atténuer l'agitation de ses émotions…

***

Tard dans la nuit, Alicia ouvrit délicatement la porte de la chambre d'Harlem et entra après s'être assurée qu'il dormait profondément. Alors qu'elle agrippait la paroie de son sac sur son épaule, elle avança timidement vers lui et l'observait dormir avec admiration. Il était encore plus beau lorsqu'il était plongé dans son sommeil. Elle laissa échapper un soupir réalisant que c'était la dernière fois qu'elle verra ce visage. Peut-être pas. Ou si elle parvenait à lui échapper définitivement. Elle fut tenter de caresser son visage mais s'en ravisa. De peur de le réveiller.

Toute la journée, il avait soigneusement évité de croiser son chemin. Il avait même pris la décision de s'absenter, laissant un homme la surveiller en permanence. À un moment donné, elle avait même craint qu'il n'appelle la police et ne débarque à tout moment. Cependant, elle se souvint qu'ils devaient se rendre à Los Angeles demain pour retrouver Amara. Mais elle n'était pas prête à attendre passivement que Harlem prenne le contrôle de leur vie à toutes les deux. Ce soir-là, elle prendrait le risque de s'échapper et de retrouver Amara avant lui. C'était une décision audacieuse, mais elle était prête à tout pour protéger ce qui comptait le plus pour elle.

Alors, elle s'éloigna lentement après lui avoir jeté un dernier regard, quittant la propriété avec une sensation de liberté qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps. Pourtant, malgré cette liberté retrouvée, pourquoi ressentait-elle un pincement au cœur à l'idée de se séparer de lui ? La réponse lui semblait évidente.

Par chance, elle trouva un taxi et demanda au chauffeur de la conduire dans n'importe quel hôtel, pourvu qu'il soit loin du quartier d'Harlem. Elle comptait y passer la nuit et prendre le premier vol pour Los Angeles le lendemain. Heureusement, le détective privé n'avait pas hormis de révéler l'hôtel où Amara passait ses vacances. Il ne lui restait plus qu'à la retrouver, et ensemble, elles pourraient s'enfuir aussi loin que possible d'Harlem, s'assurant qu'il ne les retrouverait jamais.