Chapitre 30

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Accablée par les souvenirs douloureux de sa séparation avec Alaric, Alicia sentit un poids écrasant sur ses épaules. Les mots d'Harlem résonnaient dans sa tête, ravivant les cicatrices émotionnelles qu'elle avait tant essayé de dissimuler. Elle se remémora les nuits sans sommeil, les larmes versées quotidiennement, les soirées où elle rentrait ivre dans son appartement et les pensées sombres qui l'assaillaient cruellement. Elle prenait conscience de sa lente autodestruction à cause de la trahison d'Alaric. Elle avait estimé que sa vie avait perdu tout son sens maintenant qu'elle avait perdu l'homme avec qui elle avait prévu de partager sa vie. Jusqu'au moment où elle avait eut un déclic en tombant un jour sur Alaric et Olivia, riant tous les deux de bonheur.

La vision de leur complicité lui avait déchiré le cœur. Elle les avait observés avec une amertume grandissante, se demandant comment cet homme pouvait gâcher sa vie de cette manière. Elle avait éprouvé un profond ressentiment en constatant qu'Alaric menait une existence heureuse aux côtés de cette femme, tandis qu'elle-même sombrait dans la dépression.

- Ma décision de venir à New York n'était pas seulement motivée par le désir de fuir une ville chargée de souvenirs avec Alaric, mais aussi par celui de prendre un nouveau départ. Alors tu peux être tranquile. Je ne retomberai pas dans mes vieux schémas destructeurs, déclara sèchement Alicia.

Lorsqu'elle aperçut Amara s'éloigner vers ce qui semblait être les toilettes, elle se leva, mais Harlem l'obligea à se rasseoir.

- Que fais-tu ? demanda-t-elle, le foudroyant du regard.

- Je préférerais que tu affrontes ta sœur sous mes yeux plutôt que derrière cette porte, affirma-t-il durement.

- Pourquoi ne peux-tu pas, pour une fois, me faire confiance ? s'emporta Alicia, rougissant de colère.

- Tu as cette facheuse tendance à me le faire à l'envers que j'ai du mal à t'accorder ma confiance, fit-il d'une voix grave.

Alicia se leva sous le regard sombre d'Harlem.

- Je t'ai donné ma parole, Harlem,dit-elle sincèrement.

Un long silence s'installa entre eux. Harlem la fixait avec intensité, scrutant chaque facette de son visage. Puis lentement, il soupira.

- J'ai envie de te faire confiance mais c'est difficile pour moi Alicia, dit-il doucement sans la quitter des yeux.

- Je n'irai nulle part ce soir. Harlem, crois-moi.

Sans attendre son autorisation, elle se retourna et emprunta le chemin vers les toilettes. Harlem l'observa disparaitre de son champs de vision alors qu'il redoutait qu'elle profite de l'occasion pour lui echapper. Il fixa son regard sur la porte des toilettes, comme s'il pouvait voir à travers et surveiller chacun des mouvements d'Alicia. Son esprit était en proie à une lutte intérieure, entre l'envie de lui faire confiance et la peur de la voir s'éloigner pour de bon.

Alicia se retrouva bientôt devant la porte des toilettes pour dame, hésitant un instant avant de pousser doucement la porte et d'y pénétrer. À l'intérieur, elle trouva un court couloir sombre, ponctué par la lumière vacillante d'une ampoule défectueuse. Une légère odeur de désinfectant flottait dans l'air, mêlée à une pointe d'anxiété qui tiraillait son estomac.

Elle avança avec prudence, se frayant un chemin entre les cabines vides, le bruit de ses pas résonnant faiblement sur le sol carrelé. Elle apperçut Amara devant les lavabos, occupée à se repomponner le visage. D'un pas lent, elle s'avança vers elle alors que plusieurs questions qui lui brulaient les lèvres dansaient dans son esprit.

Amara se retourna lentement, laissant échapper un sourire qui, bien que teinté de satisfaction, semblait également imprégné d'une pointe d'ironie alors qu'elle replaçait sa trousse de maquillage dans son sac.

Accusation Troublante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant