Chapitre 4

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Le lendemain, je passe ma journée à ruminer : j'ai besoin d'une soirée sans Paul, je sors donc avec Mélanie. Elle a la délicatesse de passer me prendre pour m'éviter de prendre le bus. Nous nous installons dans un bar pour prendre l'apéritif.

— Alors ma belle, tu n'as pas décroché trois mots depuis tout à l'heure. Tu veux me raconter ou pas ?

— Nous avons visité une maison hier...

— Ça ne s'est pas bien passé ?

— Oui et non. La maison est magnifique ! Pour reprendre ce que je t'avais dit la dernière fois : je suis tombé amoureuse moi aussi ! Maintenant je comprends son coup de foudre pour l'autre maison. Quand je l'ai vue ça a été une évidence. J'ai senti dans mes tripes que ce devrait être ma maison. Malheureusement, ce n'est pas du tout le cas de Paul. Le problème c'est que nous avons des envies complètement différentes et je ne sais pas comment nous allons faire pour trouver un compromis. J'y ai réfléchi toute la journée et je me demande s'il n'a pas raison.

— A propos de quoi ?

— Il veut acheter celle qu'on a vue lundi. L'avantage c'est qu'il n'y a rien à faire, juste à poser nos valises.

— Le blockhaus ?!

— Oui, c'est ça...

— Mais tu la détestes ! Je conçois qu'il faut faire des concessions mais peut-être pas à ce point-là.

— Paul m'a dit que si nous n'avons pas de travaux à faire, nous pourrons aller de l'avant.

— Je suppose que tu parles bébé là !

— Oui, c'est un argument super important pour moi. Après tout, rien ne m'empêchera de repeindre l'intérieur au fur et à mesure. Avec quelques meubles bien choisis, je pourrai en faire un endroit chaleureux. Enfin, dis-je dans un soupir, si je t'ai appelée pour sortir, c'est dans l'espoir de me changer les idées.

— Je vois, laisse-moi te raconter ma journée. J'ai eu une super cliente du vendredi aujourd'hui !

Les fameuses clientes du vendredi, c'est toute une histoire ! Le vendredi, selon Mel, c'est le jour que choisissent les clientes les plus originales pour ne pas dire barrées pour venir à la boutique.

— Celle d'aujourd'hui, je l'ai vue arriver de loin ! Et ce n'est pas qu'une façon de parler ! Elle était habillée en rose des pieds à la tête, avec une longue chevelure blonde et maquillée comme une Barbie. Évidemment, quand on a ce look-là, la seule chose qu'on attend, c'est que les autres s'y intéressent. En bonne conseillère, j'ai donc joué le jeu. Je l'ai flattée un peu sur son look et lui ai demandé ce qu'elle cherchait. Et là elle m'a déballé toute sa vie !

— Vas-y raconte.

— J'avais l'impression d'être dans une télé-réalité ! Elle m'a raconté sa passion pour les poupées Barbie. Ça j'aurais pu m'en douter ! Elle écume les boutiques à la recherche des vêtements équivalents à ceux des poupées qu'elle possède. Elle en a une collection énorme car son défunt mari lui en offrait régulièrement.

— Oh c'est triste...

— Non pas du tout en fait. Il est décédé il y a longtemps maintenant et elle a décidé de se lancer dans un projet en son hommage ! Elle reproduit les tenues de chacune de ses Barbie et se fait prendre en photo par leur fille qui est photographe. Elles comptent en faire un livre ! Le seul problème c'est qu'elle n'a pas un gros budget et doit se contenter de trouver ses vêtements dans le prêt-à-porter. C'est dommage. En tout cas, j'ai réussi à lui trouver quelques vêtements intéressants, avec un peu de couture elle pourra s'en sortir.

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