Chapitre 26

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Lorsque Mel sonne, je suis une boule de nerfs. J'ai passé la fin d'après-midi à tourner le problème dans tous les sens mais je n'ai toujours pas trouvé comment aborder le sujet. C'est trop dur. J'ai décidé de commencer par lui parler du travail, comme ça on commence en douceur.

— Entre, je suis dans la cuisine.

— Salut, l'apéro est prêt ? me taquine-t-elle

— Mais bien sûr, il faut savoir se donner des priorités dans la vie.

— Oui comme appeler ses copines régulièrement par exemple.

Et voilà, elle ne traîne pas ! Après tout, depuis les années que je la pratique, je devais m'y attendre. Il ne me reste plus qu'à sortir les rames.

— Je suis désolée Mel...

Elle ne me laisse pas continuer et vient m'enlacer. C'est bon de se retrouver. Malheureusement, ça fait tellement de bien que toutes mes barrières tombent et que je me mets à pleurer. Mel attend que je me calme en me frottant le dos. C'est tellement réconfortant mais je ne peux m'empêcher de ressentir de la culpabilité, j'ai quand même coupé les ponts avec elle sans aucune explication. Je me reprends donc assez rapidement.

— Ça va mieux ? me demande-t-elle.

— Oui merci.

— Ça sert à ça les amies. Je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé et j'espère qu'un jour tu me le raconteras. En attendant, profitons de la soirée. Je ne sais pas toi mais moi je m'installerais bien devant une bonne télé-réalité pour rigoler un peu. Je suis certaine que ça nous fera du bien.


Nous nous installons donc avec notre plateau apéritif devant la télé. Le programme léger a le don de nous détendre et de nous rapprocher. Nous enchaînons sur nos sushis et la soirée passe vite. Nous n'avons même pas vraiment parlé, juste profité de la présence l'une de l'autre. J'essaie de lancer la conversation sur un sujet plus personnel.

— Au fait, aujourd'hui est un grand jour !

— Ah bon, pourquoi ?

— C'était mon dernier jour au Cochon !

Mélanie avale sa gorgée de vin de travers et manque de s'étouffer. Elle me regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes.

— Mais comment ? Pourquoi ? Et ça va ?

— Oh la la, calme-toi. Tout va bien. C'est un choix que j'ai fait, je n'ai pas été virée.

Je lui raconte alors tout ce qu'il s'est passé depuis la prise de poste de Lebrun : les objectifs, les menaces et surtout l'interdiction de voir mes clients. C'est ce qui m'a convaincue que ma place était ailleurs. Je la rassure aussi sur le fait que j'ai négocié une rupture conventionnelle, ce qui me permettra de toucher des indemnités chômage le temps de me retourner.

— Tu es sûre de ta décision ? Ça m'a l'air un peu rapide non ?

— Non, au contraire c'est bien réfléchi. Je leur ai même prévu une petite surprise !

Je lui raconte alors ce que j'ai manigancé pendant mes derniers jours. Mélanie éclate de rire et m'annonce :

— Tu as bien changé ces derniers temps, tu sembles plus en accord avec toi-même. Quand tu étais avec Paul, tu avais renié cette partie de toi et je suis heureuse de voir que tu te laisses un peu aller.

A l'évocation de Paul mes yeux s'embuent à nouveau. Le fait de parler de Paul me fait penser à Gabriel et à tout ce que j'espérais avec lui.

— Emma, tu pleures encore pour ce con ?

Rénover ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant