Rénover ma vie

Chapitre 5

2 mois plus tard

J'insère la clé dans la serrure du portail. Je suis enfin chez moi. L'achat de la maison a été très rapide, je suis soulagée. J'entre dans la maison, j'ai un petit pincement au cœur à l'idée que je vais être seule dans cette grande maison. Je fais le deuil de mon rêve de famille et ce n'est pas facile. D'un autre côté, je déborde d'enthousiasme de me lancer seule dans ce grand projet.

Je fais le tour du propriétaire, il va falloir me retrousser les manches. Le dernier occupant, monsieur Largentière, a amassé des tas de choses dans toutes les pièces de la maison et ses héritiers ont souhaité vendre en l'état. À gauche, dans la cuisine, les placards ne ferment plus et la lourde table en bois massif croule sous les journaux. À droite, dans le salon, se trouve une collection de statuettes rapportées selon toute vraisemblance des quatre coins du monde. La collection a aussi envahi la salle-à-manger. Je me demande quelle vie a pu avoir cet homme qui a fini seul dans cette grande maison. La collection de statuettes m'intrigue. Je suis satisfaite de voir que la maison n'est pas sale, hormis la poussière, elle est juste extrêmement encombrée. Visiblement, ce pauvre monsieur Largentière ne pouvait pas se résoudre à se débarrasser de quoi que ce soit.

Je monte visiter l'étage et ses trois chambres. La plus grande est tout aussi chargée que le reste de la maison, les placards débordent de vêtements et de nombreuses chaussures sont alignées dans les coins. La deuxième chambre servait apparemment de bureau, c'est la seule pièce bien rangée, les héritiers ont dû passer par là. La troisième chambre est une chambre d'enfant. J'entre dans la pièce, regarde la tapisserie bleu ciel ornée de petits avions. Je sens alors un étau dans ma poitrine. Je me voyais déjà élever mes enfants dans cette maison, ma maison de famille... Des larmes me brûlent les yeux. Je décide alors de me mettre au travail sans plus tarder pour ne pas me laisser aller. J'ai suffisamment pleuré ces dernières semaines. Même si je suis convaincue que notre séparation était inéluctable, faire une croix sur notre relation est difficile. Nous nous sommes vraiment aimés et une part de moi l'aime encore un peu. Je descends, attrape les sacs poubelles laissés dans l'entrée et commence à vider la cuisine.

J'ai déjà rempli deux énormes sacs lorsque mon téléphone sonne. C'est Mélanie. Il ne se passe pas un jour sans qu'elle ne m'appelle.

— Allô !

— Salut ! Comment ça va aujourd'hui ?

— Bien, j'ai enfin eu les clés de la maison, j'ai commencé à trier.

— Contente de voir que tu ne te laisses pas abattre. Je pourrais venir te filer un coup de main ce week-end si ça te dit.

— Avec plaisir ! Ça me fera du bien d'avoir de la compagnie. Et puis c'est mon dernier week-end avant de reprendre le boulot...

— Ah oui, pas facile...

Je contemple le bazar que j'ai mis en commençant mon tri, il y a encore beaucoup de travail. Je regarde ma montre, il est déjà 18h.

— On pourra en discuter samedi ? J'aimerais continuer encore un peu avant que la nuit ne tombe, je n'ai pas encore d'électricité.

— Ok ! Alors je te dis à samedi, 10h c'est bon ?

— Parfait, à samedi, bisous.

— Bisous.

Je me remets au travail. Aujourd'hui c'est mercredi, demain je ferai les démarches pour avoir électricité et eau. Si tout se passe bien, je pourrai m'éclairer ce week-end et préparer du café pour Mel.

Depuis notre rencontre au collège, Mel est à mes côtés et ces dernières semaines plus que jamais. Je lui en suis vraiment reconnaissante, sans elle, je ne sais pas si j'aurais eu le courage d'aller au bout de ma décision. Me reconstruire, seule, après cinq années de vie commune n'a pas été facile. Maintenant il faut penser à l'avenir et il va être bien rempli !